Tribune pour l'hebdomadaire "Le Point", parue le 2 mars 2021


"Être libre en politique, c'est avoir l'intelligence de son temps"
Être libre en politique, c'est d'abord savoir « où on habite. » Tel se vit comme « citoyen du monde. » Je me vois, quant à moi, comme citoyen français. Partout chez lui, le premier n'habite nulle part. Je m'inscris pour ma part dans une Histoire, celle de la nation française. Cette appartenance à la France ne m'empêche pas d'appartenir à l'humanité. Au contraire, elle me le permet : c'est à travers la France que je peux prendre mes responsabilités vis-à-vis du monde. Aussitôt entends-je s'élever un cri : « Et l'Europe ? Que faites-vous, là-dedans, de l'Europe ? »

Certes, la France fait partie de la grande famille des nations européennes. Mais bien que la construction européenne ait été proposée - par la France justement - comme le moyen de surmonter l'antagonisme franco-allemand, au lendemain des deux guerres mondiales, je sais que le sentiment d'appartenance à l'Europe est encore loin d'atteindre chez les différents peuples européens, la force du sentiment d'appartenance nationale. Or c'est celui-ci qui permet l'exercice de la démocratie, c'est-à-dire l'acceptation provisoire par une minorité du fait majoritaire. À l'ignorer, l'Union européenne s'exposerait à de graves mécomptes. La construction de l'Europe est utile et même nécessaire dans un monde que domine de plus en plus la rivalité des États-Unis et de la Chine, mais la construction de ce « tiers acteur » ne peut se faire que d'une manière très pragmatique. Elle s'effectue dans la réalité de façon quelque peu désordonnée, selon une règle assez éloignée de la démocratie, proche du « consensus implicite ».

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 8 Mars 2021 à 10:02 | Permalien | Commentaires (4)

Tribune pour le quotidien "L'opinion", parue le 3 mars 2021


«L’expression “islamo-gauchisme” brouille les idées.»
L’expression « islamo-gauchisme » juxtapose deux concepts d’ordres différents : l’un religieux (« islamo »), l’autre politique (« gauchisme »). Cette expression est faite pour la polémique mais brouille les idées. Reprenons les choses par ordre : l’histoire d’abord.

Dès avant la prise du pouvoir en Iran par l’ayatollah Khomeiny, le sociologue et militant iranien Ali Shariati, mort en 1977, écrivait : « L’Islam a pris les devants en Afrique et en Asie, dans la lutte contre le colonialisme et l’Occident. Pourquoi ? Parce qu’il a été leur cible… L’Islam est dans le tiers-monde l’aliment social et idéologique le plus puissant pour faire face à l’Occident. C’est une arme formidable, une réserve immense de richesses morales et culturelles qui gît dans les profondeurs des sociétés musulmanes. » L’attachement à l’Islam est nécessaire, concluait Shariati, « pour mener cette bataille défensive et pour instaurer les bases de la société nouvelle ».

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 3 Mars 2021 à 10:46 | Permalien | Commentaires (4)

Une tribune de l'association "Nation citoyenne" publiée dans Marianne, le 20 février 2021. Signée notamment par Jean-Pierre Chevènement.


Tribune de Nation citoyenne: "Refondons la République au-dessus de la droite et de la gauche"
Ni un parti, ni une écurie, l’association "Nation citoyenne" entend, dans le cadre de la présidentielle de 2022, contribuer à un projet de refondation républicaine au-delà des différences de sensibilités. Autour de colloques et d’ateliers, elle compte réunir des politiques de tous bords pour les faire dialoguer.

La « question républicaine » a été posée dès que la droite aussi bien que la gauche se sont détournées, l’une de l’héritage du général de Gaulle, l’autre de sa vocation sociale, pour se rallier, l’une comme l’autre, au néolibéralisme triomphant.

Il nous faut à nouveau penser le « bien commun », à travers un projet de citoyenneté, face à l’importation de modèles communautaristes. Et cela dans un monde désagrégé et déboussolé, où la rivalité sino-américaine ne débouche sur un aucun projet de civilisation désirable et où la montée de l’obscurantisme dessine d’inquiétants « trous noirs ».

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 26 Février 2021 à 16:02 | Permalien | Commentaires (3)

Une note de Marie-Françoise Bechtel, conseiller d'État (h), ancienne vice-présidente de la Commission des lois de l’Assemblée nationale et vice-présidente de République moderne, sur les mémoires de Jean-Pierre Chevènement. Publiée sur le site de République moderne.


Marie-Françoise Bechtel : "Jean-Pierre Chevènement au vent de l’histoire"
On ne présente plus JP Chevènement dont la présence dans la vie politique française se mesure non seulement à la durée mais à l’originalité. Pour preuve de cette présence, on pourrait citer non sans quelque malice les hommages qui lui sont rendus ici et là par tel ou tel homme politique parfois des plus inattendus. On pourrait aussi remarquer que le Président de la République le consulte, comme d’ailleurs le faisaient ses prédécesseurs, sur des questions sensibles : ainsi le veto français à la seconde guerre d’Irak l’avait-il rapproché de Jacques Chirac, l’affaire Alsthom avait-elle conduit Nicolas Sarkozy à l’écouter, et même François Hollande l’avait-il partiellement entendu sur la nécessité de reconstruire une relation avec la Russie. L’actuel Président semble se référer à sa vision plutôt en termes de principes que d’actions concrètes mais le discours du premier responsable de l’Etat fondé sur les valeurs républicaines n’est pas chose mineure. Comme la référence au Général de Gaulle, et toutes proportions gardées, la référence à la pensée et à l’action de JPC s’est ainsi installée dans notre paysage politique pour une raison analogue : l’attachement au dépassement des clivages en vue de l’unité de la nation républicaine. Or cette référence, même si elle n’est pas dominante, crée une petite musique dont le son croît au fur et à mesure que s’installe dans le pays le sentiment d’une coupure des élites avec la nation, l’idée que la classe politique n’a plus grand-chose à proposer faute de convictions fortes, et que le déclassement de la France tient largement à l’abandon d’une politique industrielle qui était précisément l’un des tout premiers combats menés par « JPC ».

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 23 Février 2021 à 15:01 | Permalien | Commentaires (3)

Les actes du colloque du 17 novembre 2020 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.



Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 15 Février 2021 à 10:22 | Permalien | Commentaires (3)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Hommage de Jean-Pierre Chevènement


René-Victor Pilhes était un écrivain doté d’un talent, d’une puissance de création, d’une verve remarquables.

La Rhubarbe (Prix Médicis, 1965) l’avait rendu immédiatement célèbre. Le succès impressionnant de L’Imprécateur (Prix Fémina, 1974) témoignait de la prescience d’un auteur qui avait su deviner dès le mitan des années 1970 la montée d’un capitalisme sans frontières ni scrupules, essentiellement mû par l’avidité.

René-Victor Pilhes était mon ami. C’était aussi un homme pour qui l’engagement avait un sens. C’était un créateur, un homme profondément sensible, hanté de visions hélas souvent prémonitoires.

René-Victor Pilhes laisse derrière lui une œuvre romanesque considérable. Il était doté pour la souffrance mais s’est éteint doucement, il y a quelques jours, dans le calme refuge de sa famille.

J’assure sa femme et ses enfants de ma tendre sollicitude.
Mots-clés : René-Victor Pilhes

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 12 Février 2021 à 15:30 | Permalien | Commentaires (3)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au journal "Ouest France", propos retranscrits par Thierry Richard, édition du 30-31 janvier 2021 (version longue).


Entretien à Ouest France : "Jean-Pierre Chevènement livre sa part de vérité"
  • Ouest France : Comment vous est venu le goût de la politique ?

    Jean-Pierre Chevènement : Je suis né en 1939, à la veille de l’effondrement de la France en juin 1940. Je pense que le goût de la politique m’est venu du sentiment de la profonde déchéance de la France pendant les années d’occupation que j’ai ressentie jusque tard dans mon adolescence. Et l’idée de relever la France m’était presque naturelle. À 15 ans, je me sentais mendésiste et j’ai failli adhérer au Parti radical. Je croyais que Mendès France nous sortirait du guêpier des guerres coloniales. Finalement de Gaulle s’est imposé. Ses idées sur les institutions et la politique étrangère allaient dans le bon sens, même si ma sensibilité sociale n’était pas à l’unisson. J’ai été appelé en Algérie en janvier 1961. Après la dissolution des SAS où je servais comme sous-lieutenant, je me suis engagé pour aider la France et l’Algérie à franchir ensemble le cap de l’indépendance et instaurer entre elles des relations de coopération.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 8 Février 2021 à 11:56 | Permalien | Commentaires (2)

Jean-Pierre Chevènement débattait, ce jeudi 28 janvier 2021, avec le ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports Jean-Michel Blanquer. Un débat animé par la journaliste Natacha Polony et co-organisé par Marianne TV, les conférences Condorcet et la Fondation Res Publica.


  • NATACHA POLONY : Bonjour à tous et bienvenue pour ce débat organisé par les Conférences Condorcet et la Fondation Res Publica, en partenariat avec Marianne TV. Ce débat sera le premier d’une longue série, entre le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, et Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l’Education nationale, de la Défense, de l’Industrie et de l’Intérieur. Le thème qui aujourd’hui vous rassemble et que vous avez choisi pour commencer cette série est un thème que, évidemment, l’actualité nous dicte : « La République peut-elle survivre à l’épreuve de la peur ? »

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 3 Février 2021 à 15:08 | Permalien | Commentaires (1)
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