Un essai de Jean-Pierre Chevènement, Fayard, 2004, 648 pages
Défis républicains, Jean-Pierre Chevènement, Fayard, 2004
Présentation de l'éditeur
"J'ai conçu ce livre de témoignage comme un filet marin : des nœuds, autant d'événements auxquels j'ai participé ou de grands dossiers que j'ai portés, mais aussi des fils courant de l'un à l'autre, restituant les problématiques d'ensemble dans lesquelles, pendant plus de trente ans, j'ai cru devoir inscrire mon action. Un récit sans langue de bois autant qu'une interprétation de l'histoire. J'ai choisi de m'exprimer à découvert, avec le souci d'être juste, autant que possible, en tout cas sincère, et dans le seul but de servir la France selon l'idée que je m'en fais... Pour une nouvelle donne mondiale, sa voix reste indispensable afin de faire émerger d'Europe une volonté politique par rapport aux États-Unis, non pas contre eux, mais indépendamment d'eux. Ce projet, aujourd'hui presque indicible, est le seul qui vaille, le seul qui mérite qu'on se batte, le seul qui nous redonne une perspective historique. " Jean-Pierre Chevènement. Ce livre est celui d'un esprit libre, engagé dans l'action. Fourmillant de révélations, de portraits, d'anecdotes, riche d'analyses percutantes, il est aussi l'histoire de la France et du monde de ces dernières décennies. Un livre incontournable : nul essayiste ou historien de ces trente dernières années ne pourra l'ignorer. II éclaire le passé d'un jour sans concession et nous aide à lire beaucoup de notre avenir. Dans un monde politique où la droite et la gauche paraissent également dépourvues de vision, il dessine un projet enthousiasmant pour la France et l'Europe au XXI siècle. Biographie de l'auteur Né à Belfort de parents instituteurs, ancien élève de l'ENA, membre du Parti socialiste de 1964 à 1993. Animateur du CERES, député de Belfort, Jean-Pierre Chevènement fut, sous la présidence de François Mitterrand, successivement ministre d'Etat chargé de la Recherche et de la Technologie, puis de l'Industrie, ministre de l'Education nationale, ministre de la Défense. Il crée, en 1992, le Mouvement des Citoyens. Maire de Belfort depuis 1983, il fut ministre de l'Intérieur sous le gouvernement Jospin de juin 1997 à août 2000. Il a été candidat à la présidence de la République en 2002. Voir les bonnes feuilles publiées par Marianne Cet ouvrage est disponible à l'achat dans la boutique en ligne de ce site ------------------------------------ Table des matières Avant propos - 12 Introduction : Années soixante : à l’Ouest, du nouveau - 13 De Gaulle, l’incompris, 14 -Un retournement de perspectives, 17 – Mai 68 : la civilisation au carrefour, 20 Chapitre 1 : Epinay - 23 La SFIO vaut le détour : création du C.E.R.E.S., 23 – Grandes manœuvres, 28 – Trois journées révolutionnaires, 34 – Dans la poche !, 41 Chapitre 2 : François Mitterrand : il était - 47 Mitterrand intime, 47 – D’Epinay à Metz, Mitterrand et le CERES, 50 – « Le projet socialiste », 55 – 1981 : la prise du pouvoir, 58 – L’éloignement, 61 – Le courage, 62 – Une autre idée de la France, 64 – Maastricht et l’Allemagne, 67 – Vous avez choisi un chemin difficile, 72 Chapitre 3 : A la recherche, pas de temps perdu - 74 Une coquille vide, 75 – Le colloque national sur la Recherche et le développement technologique, 77 – La loi d’orientation et de programmation de la Recherche, 86 – L’application : les programmes mobilisateurs, 89 – Le défi international, 94 – Vingt ans après, 97 Chapitre 4 : Fissures dans le socle du changement - 101 Les nationalisations et l’échec du projet « industrialiste », 102 – La parenthèse libérale, 110 – Le naufrage du G.S.P.U.L.E.N. (grand service public unifié et laïque de l’Education Nationale), 113 – « Les mesures simples et pratiques » et le retour aux choses sérieuses, 115 – Le peuple quitte la scène, 119 Chapitre 5 : L’Ecole ou le détour républicain - 122 L’objectif des 80 %, 126 – L’élitisme républicain, 130 – Repenser le collège unique, 135 – Refonder la formation des maîtres, 138 – Et maintenant l’enseignement supérieur…, 142 – Education civique, laïcité, accès à la citoyenneté, 145 Chapitre 6 : L’enjeu du bicentenaire - 147 La République contre le libéralisme, 148 – La différence contre l’égalité, 153 – Un siècle pour rien ?, 157 Chapitre 7 : L’Europe, pari pascalien de François Mitterrand - 168 Un grand dessein de substitution, 168 – A la racine des choses, la perte de confiance en la nation, 171 – L’Europe libérale, réponse inadaptée au défi de la « globalisation », 172 – L’Europe, réponse à l’unité allemande ?, 176 – L’Europe cheval de Troie de la mondialisation libérale, 181 – Faut-il croire parce que c’est absurde ?, 183 Chapitre 8 : La mère de toutes les batailles (1990-91) - 189 « Irak is only oil », 190 – De la stratégie de contrôle indirect à l’occupation militaire permanente du Moyen-Orient, 195 – Une guerre programmée, 199 – L’instrumentation de l’ONU, 202 Chapitre 9 : L’Union Soviétique et le destin du siècle - 210 Un autre monde, 210 – La perestroïka vue de près, 213 – Du putsch à l’effondrement de l’URSS, 216 – Pourquoi l’URSS ?, 218 – Comment expliquer cette implosion de l’Union Soviétique ?, 220 Chapitre 10 : L’Amérique, destination manifeste ? - 223 Le syndrome du Vietnam et le retour du balancier, 224 – Quand l’histoire de l’Europe et celle de l’Amérique s’écrivent à rebours l’une de l’autre, 229 – L’âne et l’éléphant, 235 – L’Amérique a besoin d’un ennemi, 238 – Les néo-cons’, une pensée de l’Empire en guerre, 239 Chapitre 11 : L’impasse du second septennat - 245 Le congrès de Rennes, 245 – Avènement de la gauche morale, 247 – Le dilemme de Socialisme et République, 249 – Au ministère de la Défense, 250 – Le Congrès de l’Arche : un « bad-godesberg » à la française, 254 – Maastricht, 257 – Création du Mouvement des Citoyens, 263 Chapitre 12 : Le pari de la gauche plurielle (1997-1999) - 267 Une victoire imprévue, 270 – L’élan, 273 – Une révolution culturelle : le retour à la République, 278 Chapitre 13 : Le défi migratoire : métissage accepté, citoyenneté maintenue - 287 Un défi majeur, 287 – La philosophie de la loi « Reseda », 291 – La contestation « sans-papiériste », 295 – Une politique européenne de l’immigration ?, 299 Chapitre 14 : Le défi de la « sûreté » - 308 Réalités de l’insécurité, 308 – Le colloque de Villepinte, 311 – Que peut faire la police ?, 315 – La police de proximité, 319 – La délinquance des mineurs, 324 Chapitre 15 : L’unité de la République au défi - 329 L’unité de l’Etat Ma conception de la décentralisation, 333 – L’Outre-Mer banc d’essai de la déconstruction républicaine, 336 La Corse L’application ferme et sereine de la loi, 340 – Radiographie de la crise corse, 342 – L’assassinat du Préfet Erignac et la nomination de Bernard Bonnet, 353 – L’enquête Erignac, « cause sacrée », 356 – La politique d’établissement de l’Etat de droit, 361 – L’affaire de la paillote et ses effets délétères, 366 – La confiance entre Matignon et Beauvau est définitivement compromise, 375 – Fallait-il quatre ans pour reconnaître l’impasse du processus de Matignon ?, 384 L’Islam et la République Un Islam des caves et des garages, 388 – Un clair rappel des principes républicains, 392 – Un grand et beau défi, 397 – De nouvelles Andalousies, 400 La montée des communautarismes Nuées d’orage à l’horizon, 403 – Dialogues des religions et laïcisation, 407 – Politique d’abord !, 408 – Fonction médiatrice de la France, 410 – De lourds malentendus, 411 – La République est un bloc, 413 Chapitre 16 : L’échec de la gauche plurielle (1999-2002) - 415 Une lente désagrégation, 415 – Le retour du colonel Chabert, 417 – Insécurité, accès à la citoyenneté : le piétinement, 420 – « Chassons le Chevènement qui est dans notre tête », 423 – L’affaire Alsthom et le triomphe du laisser-faire, 426 – Les apories de la gauche plurielle, 434 – Le retournement de la politique gouvernementale en Corse, 436 – Une crise du sens, 445 Chapitre 17 : La campagne présidentielle - 452 Candidat contre le vide, 452 – « L’homme de la nation », 455 – Les dix propositions du discours de Vincennes, 461 – Le Pôle républicain, 463 – La campagne dans les médias, 468 – Le choc Le Pen, 472 – Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt, 475 Chapitre 18 : La crise de la « globalisation impériale » - 482 Au cœur de la deuxième mondialisation, deux asymétries fondamentales, 482 – Cécité de la gauche européenne devant la globalisation, 489 – La première crise systémique de la globalisation, 495 – Le nécessaire rééquilibrage du monde, 500 – Utiliser en grand les droits de tirage spéciaux (D.T.S.), 503 Chapitre 19 : Une quatrième Guerre mondiale contre le terrorisme ? - 508 Deux intégrismes complices, 509 – Le rôle de la France, 511 – Le droit et la force, 516 – L’enlisement américain, 522 – Deux vainqueurs : le terrorisme et l’islamo-nationalisme, 525 – Retour à l’Iran ?, 528 - L’Irak, nouveau Vietnam ?, 530 – L’Islam et la démocratie, 532 Chapitre 20 : Europe européenne ou Europe américaine ? - 535 Un peu d’histoire …, 535 – L’Europe et la crise de la démocratie, 543 – L’Europe ou l’Empire ?, 550 – Dangers de la « Constitution européenne », 552 – Un axe stratégique : des coopérations renforcées, à partir du couple franco-allemand, 556 – Penser mondial, 559 – Le projet avant le mécano !, 562 Chapitre 21 : Destin de la gauche - 564 La gauche et la République, 564 – Première contradiction : la lutte des classes, 565 – Le fossé de la guerre, 567 – La sape de l’hyperindividualisme libéral, 567 – Avènement de la gauche différentialiste et postmoderne, 568 – Le mythe de l’autorégulation, 569 – Reconquérir l’électorat populaire ?, 570 – Triomphe de la pensée conforme, 572 – Le pari des classes moyennes, 573 – La démocratie prise en otage, 574 – Le sursaut républicain, 577 Chapitre 22 : Destin de la France - 579 La France hors de l’histoire ?, 579 – La « gauche américaine », concept prémonitoire ?, 582 – Retour de la France, 585 – Dialectique de l’indépendance, 588 – Entre les Etats-Unis et la Chine : l’Europe, 592 – Le débat transatlantique, 593 Conclusion - 597 Annexes - 603 Index - 637 par Jean-Pierre Chevènement, Libération, 25 mai 2004.
A moins de sacrifier le volet social, il est temps d’imaginer un grand plan de relance économique à l’échelle européenne, au contraire de ce que prévoit la pseudo-« Constitution » . Les premiers sondages concernant les élections européennes du 13 juin prochain montrent qu’avec le nouveau mode de scrutin régionalisé, où il faut réunir environ 7 % des voix pour obtenir un élu au Parlement de Strasbourg, les forces émergentes ou les petits partis sont impitoyablement laminés, comme ils le sont déjà, à travers la répartition des financements publics et des temps d’antenne à la télévision. C’est ainsi que crédité de 5 % des voix par un sondage récent, le MRC ne pourrait avoir un seul élu. La France sera donc essentiellement représentée par des députés UMP, PS et UDF, tous ardents soutiens du projet dit de « Constitution européenne ». Un brelan de députés lepénistes incarnera l’opposition-repoussoir à l’Europe maastrichtienne, dont 49 % des Français, il y a douze ans, ne voulaient pas. Plus que jamais, le système sera ainsi verrouillé.
De la pseudo-« Constitution européenne » qui, conclue entre vingt-cinq peuples, ne pourra avoir d’autre valeur que celle d’un traité, il sera peu question dans la campagne . Et pour cause ! Elle n’a pas encore été adoptée. Par un subterfuge qui en dit long sur la sorte de « démocratie » qui prévaut en Europe, la date de la conférence intergouvernementale préposée à son adoption a été repoussée au lendemain de l’élection européenne elle-même, les 17 et 18 juin prochains. Or, si ce projet dit de Constitution peut comporter certaines dispositions utiles comme l’institution d’une présidence stable pour l’Union, il constitue, pour l’essentiel, non pas un simple « contenant », qui permettrait ensuite de faire évoluer son « contenu », en pesant de l’intérieur pour une Europe plus sociale, plus autonome, etc., mais une véritable « Constitution libérale » qui prédétermine le contenu des politiques, en les soumettant au « principe d’une économie ouverte où la concurrence est libre », formule déjà employée par le traité de Maastricht et répétée à satiété (articles III 69 et III 70 notamment). C’est sur cette disposition que s’appuient ainsi la Commission européenne et particulièrement M. Monti pour empêcher l’Etat d’assurer le sauvetage d’Alstom. Bruxelles préfère livrer cette entreprise à Siemens et ériger ainsi ú ô paradoxe ! ú un monopole, au nom de « la concurrence » ! Le projet dit de « Constitution européenne » perpétue, par ailleurs, les critères de Maastricht et le pacte de stabilité budgétaire, asphyxiants pour la croissance. Il institutionnalise le pouvoir exorbitant d’une banque centrale indépendante dont la politique monétaire frileuse a contribué à l’immobilité, depuis trois ans, de l’économie européenne. C’est pourquoi il est tout à fait hypocrite de prétendre faire approuver cette Constitution, en brandissant le drapeau de « l’Europe sociale », comme le fait le PS. Michel Rocard sait bien qu’il ne dit pas la vérité quand il écrit : « Il y a des gens qui croient que l’Europe est libérale, parce qu’elle l’a choisi. Mais pas du tout, ce sont nos électeurs dans chaque pays, qui se sont ralliés à cette philosophie folle, selon laquelle on n’a pas besoin d’Etat, de services publics, de Sécurité sociale. » Michel Rocard a-t-il oublié qu’en 1999, douze gouvernements sur quinze au sein de l’Union européenne étaient des gouvernements sociaux-démocrates ? On peut être sûr que le projet de fixation d’un salaire minimum commun, évoqué par François Hollande, se heurtera à de fortes réticences des dix pays nouveaux adhérents (les PECO), qui n’entendent pas perdre leur avantage comparatif principal, qui réside dans le bas niveau de leurs salaires. On n’en finirait plus de compter, hélas, depuis vingt ans, les « chartes sociales » qui ont accompagné la construction d’une Europe fondée sur la concurrence : ces documents n’ont permis aucune avancée sociale. Ils ont même autorisé quelques reculs : ainsi pour le travail de nuit des femmes, au nom du principe d’égalité. On peut être sûr, de la même manière, que l’intégration au traité de la « Charte des droits fondamentaux » conduira à une judiciarisation qui se fera au détriment des Parlements : la jurisprudence européenne se substituera à la volonté des peuples. Sur tous ces points ú sauf peut-être le dernier ú, le MRC et le PCF partageaient le même point de vue critique. Il est clair cependant que les divergences sur la citoyenneté, comme équilibre de droits et de devoirs, sur la République et sur la nation, et par conséquent sur la construction de l’Europe comme union de nations, le cas échéant à géométrie variable, sur un projet d’indépendance partagée, n’ont pas permis la conclusion d’un accord. La direction du PCF a préféré un mini-arrangement avec la gauche dite « mouvementiste », notamment en Ile-de-France, sur le modèle de la liste « Bouge l’Europe ! » de 1999. La « Charte citoyenne pour une autre Europe » proposée par le PCF juxtapose les voeux pieux mais ne porte aucun projet conséquent de redressement de la construction européenne. Elle s’inscrit dans une logique fédéraliste. Dans le même temps, le PS qui, de concert avec les Verts, soutient le projet dit de « Constitution européenne », appelle à « voter utile », c’est-à-dire contre le gouvernement, renouvelant la manoeuvre réussie des élections régionales, et contribuant à vider encore un peu plus le débat politique de tout contenu. Dans ce théâtre d’ombres, on ne s’étonnera pas de voir l’UMP prendre le contre-pied des positions affirmées par le président de la République, pour réclamer un référendum sur la pseudo-« Constitution européenne » et pour refuser l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Pour compléter le tableau, on voit s’affronter, en un combat fratricide, deux listes souverainistes dont les leaders, MM. de Villiers et Pasqua, se sont abstenus de concourir à l’élection directive, la présidentielle. Dans ces conditions le Mouvement républicain et citoyen refuse de participer à un simulacre, sans nullement renoncer au combat. Il se mobilisera pour obtenir un référendum sur le projet dit de « Constitution européenne ». L’Elysée a fait savoir que le moment n’était pas encore venu de trancher entre la voie parlementaire et la voie référendaire. Mais le chef de l’Etat s’était engagé à recourir au référendum. Il aurait mauvaise grâce à le refuser, alors que pratiquement toutes les formations représentées au Parlement ou non le lui réclament. Un non au référendum n’aurait pas d’autre conséquence que de nous ramener au traité de Nice. Celui-ci rend plus difficile, paraît-il, la formation de majorités au sein du Conseil. Mais est-ce réellement un inconvénient ? Le système dit de la « pondération démographique », proposé par M. Giscard d’Estaing, crée un déséquilibre bien supérieur au poids relatif de chacun au sein de l’Union, par la combinaison des majorités possibles au sein du Conseil. Cette « idée de polytechnicien » crée un tel déséquilibre entre l’Allemagne et la France (encore une fois bien supérieur au rapport des populations) qu’on peut se demander si le couple franco-allemand, pourtant indispensable, pourrait, à la longue, y résister. Quant à l’adhésion de la Turquie, souhaitable si l’Europe reste une « union de nations », elle ferait, avec ses soixante-quinze millions d’habitants, exploser le système des votes à la majorité qualifiée. Le retour au traité de Nice ú pour lequel je n’ai pourtant pas voté ú obligerait la construction européenne à se développer à géométrie variable, sur la base de coopérations renforcées dans les domaines essentiels pour l’affirmation d’un acteur stratégique en Europe (monnaie, défense, politique industrielle, recherche, fiscalité). Seule une coopération intergouvernementale « à la carte » peut permettre le contournement d’institutions européennes à la fois pléthoriques et opaques. Dès maintenant s’impose, au sein de la zone euro, une complète réforme de l’architecture mise en place par le traité de Maastricht. L’assouplissement du pacte de stabilité budgétaire, par la non-prise en compte des dépenses d’investissement (grands travaux d’infrastructure, recherche notamment) doit permettre une relance urgente. Les coupes budgétaires opérées par M. Sarkozy se font à contre-emploi. Il est temps d’imaginer un grand plan de relance à l’échelle européenne, bref de faire le contraire de ce que prévoit la pseudo-« Constitution européenne ». Il n’y aura pas d’« Europe sociale » sans cela. Les prochaines élections européennes ne permettront en rien le redressement d’un processus qui revêt désormais les apparences de la fatalité. Seuls les enjeux intérieurs compteront, aux yeux du PS, de l’UMP et de l’UDF qui sur le fond, c’est-à-dire la pseudo-« Constitution », sont, pour l’essentiel, d’accord. C’est pourquoi le « non » au référendum sur le traité dit « constitutionnel » permettra seul d’ouvrir à nouveau l’horizon et de refonder la construction de l’Europe dans la démocratie des nations, à l’aune des défis de la globalisation. Je remercie les électrices et les électeurs qui se sont portés sur mon nom pour affirmer la nécessité d’une refondation républicaine pour le renouveau de la France.
Par Jean-Pierre Chevènement, Marianne, 13 octobre 2003
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