Il n'y a aucune raison de céder à la manie commémorative : après la crise des banlieues, ces « délaissés de notre société » selon le mot de Jean-Marie Delarue (1), un an ne donne pas le recul suffisant pour juger ce qui a été fait ou ne l'a pas été. Même si on peut penser qu'un début de prise de conscience s'est opéré, c'est dans le temps long qu'il faut se placer pour apprécier les évolutions sociétales et l'efficacité des politiques.
Si l'on s'en tient aux déclarations du premier ministre, le bilan de l'action gouvernementale depuis un an est quand même assez mince : quinze zones franches créées, 15 800 jeunes reçus à l'ANPE (mais combien ont été réellement reclassés ?), 249 collèges labellisés « ambition réussite » (les autres sont-ils voués à l'échec ?), et quelques centres « défense deuxième chance » qui tardent à se mettre en place. Je ne vois guère que deux chantiers qui aient, tant soit peu, progressé : les projets de rénovation urbaine et surtout la sensibilisation des milieux patronaux et syndicaux à la nécessité de tenir compte, dans les politiques d'embauche, de la réelle « diversité » des Français d'aujourd'hui. Il est dommage qu'on n'ait pas cru bon de mettre en place parallèlement des « observatoires de la diversité » sur la base de critères non pas ethniques, mais purement géographiques (domiciles en ZUS, nationalité des parents et des grands-parents). Aucune politique ne peut réussir sans un instrument de mesure, même grossier et purement indicatif.