"Tout se passe comme si l'Allemagne, prisonnière de ses dogmes, avait dans sa tête déjà pris congé de l'euro"
Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l’émission "Expliquez-vous" sur I-télé avec Henri Guaino. Ils répondaient aux question d'Arlette Chabot et Michaël Darmon.
- Henri Guaino et moi nous connaissons depuis assez longtemps. Il était comme moi un adversaire de Maastricht.
- Nous avons eu des analyses communes sur l'erreur qui consistait à transférer la souveraineté monétaire de 17 pays très différents à un aréopage de banquiers centraux irresponsables.
- Nous avions diagnostiqué l'erreur qui était derrière la conception de la monnaie unique. Vouloir faire l’Europe sans les Nations, c'est une erreur.
- Le temps a coulé. La monnaie unique existe. Il faut donc comprendre sa crise. Si on reprend l'erreur de vice initial on est mieux armé pour le corriger.
- Il n'est possible de rester dans l'Euro qui si on met au centre un puissant moteur : la Banque centrale européenne. Elle seule a les moyens nécessaires pour casser la spéculation, soutenir la croissance et nous sortir de cette politique récessionniste qui nous mène à l’abîme.
- Je suis d'accord pour dire avec Henri Guaino que l'euro est surévalué et qu'il est à l'origine de la désindustrialisation de la France : nous avons perdu la moitié de notre base industrielle. C'est gravissime!
- Aujourd'hui M. Sarkozy ne dit plus rien car sa proposition, qui était juste, d'adosser le Fond européen de stabilité financière à la BCE a été rejetée par l'Allemagne.
- Tout se passe comme si l'Allemagne, prisonnière de ses dogmes, avait dans sa tête déjà pris congé de l'euro. Le fédéralisme disciplinaire qu'elle nous propose n'est pas la solution.
- Il faut se préparer à une mutation aussi harmonieuse que possible de l'euro monnaie unique en monnaie commune.
- Je reproche à Nicolas Sarkozy de ne pas voir au delà de l'horizon borné du triple A.
- Les disponibilités du FESF dans les faits, cela représente 250 milliards euros. La dette cumulée des pays de la zone euro est de 3 400 milliards d'euros.
- Je voudrais que, dans le débat, ceux qui s'exprimeront d'ici mai 2012 expliquent quoi faire dans cette situation qui est devenue critique. Nous allons de crise en crise.
- Le rôle des agences de notation est très politique. Ce ne sont pas des experts en macro-économie. Ce sont des observateurs politiques qui à un moment donné tendent le pouce vers le bas comme les empereurs romains. Nous sommes dans l'ère de la sanction.
- Je rappelle que l'Italie emprunte à 7% . C'est intenable. Si la démission de M. Berlusconi ne suffit pas, et elle ne suffira pas, que fait-on ?
Il n'y a pas eu d'effet de levier à la suite du G20. Il n'a pas été un succès et n'a rien produit.
- Le « grand saut fédéral », on entend ça à droite mais également à gauche. En même temps, le fédéralisme que l'on propose est purement coercitif. La règle d'or est une règle d'airain.
- Je crois que l'euro n'est pas mure pour une fédération. Elle est mure pour une confédération.
- Nous n'allons pas réellement vers une fédération. Nicolas Sarkozy serait mieux inspiré de reconnaître que l'Europe doit être une confédération, cela éviterait d'avoir à confronter 2 Europe avec Allemagne.
- Nous ne pouvons pas rester dans le peloton de tête des économies mondiales avec une économie profondément récessionniste.
- Je voudrais dans cette période expliquer à mes concitoyens qu'il y a 4 repères à garder : il faut un euro moins cher, une Europe de croissance, préserver la souveraineté des Nations et une Europe forte, confédérale.
- Je pense qu'on peut être un républicain, un homme de gauche, ce que je suis et resterai, et être patriote, aimer la France.
Rédigé par Chevenement.fr le Jeudi 10 Novembre 2011 à 00:07 | Lu 3667 fois