Grands textes

Rupture !


Éléments pour l’intervention de clôture de Jean-Pierre Chevènement, Université d’été du Mouvement Républicain et Citoyen, Toulouse, le 6 septembre 2009.


Rupture !
Je veux tout d’abord remercier Thierry Cotelle, maire adjoint de Toulouse, Patrick Quinqueton, secrétaire national du MRC, ainsi que Jean-Luc Laurent, Secrétaire national à la Coordination, et son équipe. Sur eux a reposé l’organisation de cette université d’été. Merci également à tous nos intervenants, et notamment à nos invités extérieurs : Paul Quilès, ancien ministre, Arnaud Montebourg, député, Jean-François Kahn qui aurait pu être député européen s’il avait voulu, Paul Thibaud, philosophe, Jean-François Knepper, syndicaliste, Président du Comité européen Airbus, Liem Hoang Ngnoc, économiste et député européen. Merci aussi à notre ami Pierre Cohen, maire de Toulouse et Martin Malvy, Président de la région Midi-Pyrénées qui ont bien voulu intervenir à l’ouverture de nos travaux. Merci à vous tous qui êtes venus nombreux de toute la France.

Face à la crise d’un système, celui du capitalisme financier mondialisé, nous avons besoin d’une réponse républicaine pour la France mais aussi pour le monde.


I – Une crise de la mondialisation

A) Il ne faut pas se tromper sur l’analyse. Le problème n’est pas celui de la moralisation du capitalisme, celui des bonus, tout cela est, bien entendu, scandaleux mais le problème est plus profond. La déflation salariale, qui est à l’origine du surendettement des ménages américains, a des causes : La principale, est dans un libre-échangisme effréné, dans la liberté donnée aux multinationales de mettre en concurrence les territoires et les mains d’œuvre. Le rapprochement Chine/Etats-Unis intervenu à la fin des années soixante-dix du précédent siècle, a joué un rôle essentiel dans cette fuite en avant du capitalisme vers l’exploitation du travail à bas coût. Certains évoquent aujourd’hui la Chinamérique ou encore le G2 : cette expression est inadéquate pour traduire la réalité d’un monde multipolaire beaucoup plus complexe. Mais il est vrai que ce soi-disant G2 a une réalité : c’est la parité fixe entre le yuan et le dollar. L’Administration Obama a renoncé à demander une réévaluation du yuan. Ce renoncement exprime un rapport de forces. La Chine tient le dollar à sa merci. Cette réalité géopolitique aussi est au cœur de la crise.

La mondialisation financière a fonctionné dans l’intérêt des multinationales et du capital spéculatif avec une monnaie mondiale, le dollar, qui a été gérée par les Etats-Unis comme si c’était seulement leur monnaie. Un secrétaire d’Etat au Trésor américain, M. Conally, disait à ses collègues : « le dollar est notre monnaie et c’est votre problème ». Les Etats-Unis se sont permis des déficits abyssaux. Ils vivent aujourd’hui très au-dessus de leurs moyens. Parce qu’ils étaient la puissance dominante, ils ont cru trouver une porte de sortie à leurs difficultés économiques dans la guerre en mettant la main sur les hydrocarbures du Moyen-Orient. Le résultat : ce sont deux guerres dans lesquelles les forces américaines sont aujourd’hui enlisées. Nous vivons le début de la fin de l’hégémonie américaine. La tache du Président Obama est difficile. Son but affiché est de restaurer le leadership américain. Mais dans la réalité, il faudra bien que les Etats-Unis adoptent une politique conforme à ce qu’ils sont : une grande nation certes, mais qui doit réapprendre à épargner, à dialoguer, bref à faire avec le reste du monde. Cette transition sera grosse de conflits.

À cet égard, l’Europe risque d’être prise en étau entre la Chine et les Etats-Unis. L’affaiblissement de la parité du dollar rendra les produits américains plus compétitifs et accroîtra encore l’hypercompétitivité du yuan et des produits fabriqués en Chine.

Les énormes déficits américains vont accroître les déséquilibres macro-économiques à l’échelle mondiale. De nouvelles bulles se créeront. De nouvelles crises sont en perspective. C’est une nouvelle donne – un nouveau New Deal - à l’échelle mondiale qui est nécessaire. Si nous voulons sortir durablement de la crise, il faudra mettre un terme à la domination des marchés financiers.

Remettre la politique aux postes de commande, bref refaire des peuples et des nations les acteurs de l’Histoire et non les marchés financiers afin de mettre sur pied un nouveau modèle de développement.


B) Désuétude de la social-démocratie. Le modèle social-démocrate correspondait à un équilibre entre le travail et le capital. C’était vrai il y a un demi-siècle. Le capitalisme, à l’époque, fonctionnait sur un modèle fordiste. Il obéissait à une régulation keynésienne dans le cadre national. Ce capitalisme-là n’est plus ; il a été remplacé par le capitalisme financier. C’est la dictature de l’actionnariat, le triomphe de la théorie dite de « l’acquisition de la valeur pour l’actionnaire » dans un cadre entièrement dérégulé à l’échelle mondiale. Le communisme, qui faisait peur aux bourgeoisies occidentales qui se croyaient obligées de faire des concessions à leurs classes ouvrières, n’est plus. Les taux de syndicalisation ont fléchi. Les sociaux-démocrates sont devenus des sociaux-libéraux. Partout en Europe ils ont cru trouver une « troisième voie » (Anthony Giddens) : Jouer le jeu du libéralisme censé produire des richesses et ensuite opérer des corrections à la marge : RMI, CMU, investissement éducatif, etc. Cette politique, introduite en France en 1983, consacrée par l’Acte Unique en Europe, a été théorisée en Grande-Bretagne par Anthony Giddens et Tony Blair. Elle a été mise en œuvre aussi en Allemagne par Gerhard Schröder, à travers le plan Agenda 2010, à partir de l’année 2000. Ses orientations ont été généralisées à l’échelle européenne par les sommets de Lisbonne (2000) et Barcelone (2002). Ces politiques ont fait faillite. Les gouvernements sociaux-démocrates, qui étaient onze en 1999 dans l’Europe à quinze, ont tous perdu le pouvoir ou sont en voie de le perdre. Le cycle du social-libéralisme est clos. C’est ce dont beaucoup de nos camarades socialistes ne se sont pas encore avisés. Notre rôle est de leur ouvrir l’esprit.


II – Pour faire face à la crise, la gauche doit faire sa mutation républicaine

A) La classe des producteurs ne s’identifie plus à un bloc de classes homogène. Le retour aux sources de la République, l’appel à la raison du citoyen, la croyance en l’égalité humaine, voilà ce qui pourrait permettre à la gauche de se définir comme « parti républicain du peuple ». Il nous faut réhabiliter l’idée d’un intérêt général qui serait à la fois l’intérêt national et correspondrait aussi à l’intérêt général de l’humanité.

Comment substituer à la logique des marchés financiers une autre logique politique ? Chacun comprend qu’un nouveau modèle de développement soutenable peut seul permettre de concilier l’aspiration légitime de pays comme la Chine ou l’Inde au développement, la volonté des Etats-Unis et de l’Europe de préserver leur tissu industriel, leur emploi et leur bien-être, et en même temps l’intérêt général de l’Humanité qui est d’économiser ses ressources rares (énergies fossiles, eau, air, sol) et lutter contre l’effet de serre.

Pour cela, nous devons planifier une révolution énergétique sans tomber dans le catastrophisme écologique mais en promouvant les énergies nouvelles, y compris nucléaire, les économies d’énergie, les techniques de charbon propre et en préservant les forêts équatoriales. J’ai lu que Martine Aubry, à La Rochelle, a déclaré : « Nous vivons l’ombre des Lumières. C’est l’idée même de progrès qui est épuisée. »

À mon sens c’est une erreur. Malthus déjà, au début du dix-neuvième siècle, considérait que la terre était trop petite pour nourrir les hommes. Cette prophétie s’est révélée une erreur historique car elle méconnaît les ressources de l’humanité en inventivité, créativité, progrès des connaissances et de la technologie. Il faut faire confiance en l’homme. La gauche est inséparable de la volonté de raison. Elle ne doit pas renier l’héritage des Lumières. Elle doit affirmer le primat des valeurs de la connaissance, ne pas sombrer dans la technophobie.


B) Un projet républicain en forme de nouveau new-deal

J’énoncerai sept propositions :

1. Relance concertée des économies. Un effort supplémentaire sera demandé à chacun (davantage d’épargne aux Etats-Unis, relance du marché intérieur et sécurité sociale en Chine, relance allemande et japonaise, financement du développement de l’Afrique et des PMA).
2. Réforme du système monétaire international : création d’une nouvelle monnaie internationale de réserve reflétant la place des différents pays dans l’économie mondiale et ayant vocation à se substituer au dollar. L’émission de 250 Milliards de DTS par le FMI est un premier pas. Il faut aller beaucoup plus loin pour aider au développement des pays pauvres. Nouveaux « accords du Louvre », fixant des fourchettes aux parités monétaires (dollar, euro, yen, yuan) afin de parvenir à une concurrence équitable.
3. Redéfinition du mandat de l’OMC (en fonction des principes comme la « concurrence équitable » et la « souveraineté alimentaire »). Changeons les règles du jeu en matière commerciale.
4. Plan mondial d’aide à l’Afrique et aux PMA.
5. Contrôle du crédit par la voie de nationalisations bancaires.
6. Réglementation des marchés financiers visant à éliminer les fonds purement spéculatifs. Chasse aux paradis fiscaux et traçabilité obligatoire des mouvements de capitaux, les banques devant être tenues de communiquer à la police et à la justice leurs archives informatiques.
7. Réintroduction d’éléments de planification au niveau régional et mondial par exemple :
- en matière de politique énergétique ;
- `d’autosuffisance alimentaire (suspension des négociations agricoles de l’OMC et redéfinition du mandat de l’OMC sur cette base) ;
- de planification industrielle ;
- d’eau potable et de grandes infrastructure (assainissement, routes, chemins de fer, hôpitaux, écoles, université et recherche).


III – La France 2009-2012

A) La France souffre

Elle récolte les fruits amers d’un choix libéral effectué dans les années quatre-vingt et aujourd’hui renouvelé par Nicolas Sarkozy. Je n’évoquerai que quelques têtes de chapitre : le bouclier fiscal, la cure d’austérité infligée aux services publics à travers la RGPP, la réforme des collectivités territoriales qui serait un coup terrible pour la solidarité et pour les investissements collectifs, le tour de vis donné à l’Hôpital public, la réintégration de l’OTAN qui est un contresens politique.

Certes toutes les initiatives de Nicolas Sarkozy ne sont pas mauvaises, l’idée d’un grand emprunt national, s’il permet de financer les investissements économiquement rentables, est judicieuse dans un pays comme le nôtre où le taux de l’épargne avoisine 15%. Quand Nicolas Sarkozy propose des Assises de l’Industrie, je ne vais pas être contre puisque je les avais moi-même proposées en 1982-83. Jean Riboud ayant accepté l’époque de les présider. Ce n’est pas ma faute si elles ont été annulées par mon successeur. Qu’elles soient reprises vingt-cinq ans après, sur une suggestion de la CGT paraît-il, ne me fera pas changer d’avis. Évitons l’antisarkozysme primaire et systématique. Celui-ci est la marque d’un vide conceptuel, d’une absence de projet alternatif réel, bref d’un opportunisme politique que nous avons toujours combattu.

Nous devons nous opposer sur des bases solides. En France par exemple, il y a place pour un M.I.T.I. à la française, un contrôle public du système bancaire, une priorité accordée à la ressource humaine, un exercice calme et réfléchi des prérogatives régaliennes de l’Etat à l’opposé des effets de manche dont nous sommes las sur des questions comme la sécurité ou la justice. Ainsi, la suppression du juge d’instruction n’a rien de républicain. Le risque est grand de voir l’Etat instrumenter la justice à travers les parquets. Nous ne devons pas prendre des vessies pour des lanternes, accepter que la communication se substitue à la politique. Nous ne voulons pas que l’endettement de l’Etat permette seulement de renflouer les banques tandis que ceux qui sont aux commandes, après avoir failli, les conserveraient. « On prend les mêmes et on recommence » : de cela nous ne voulons pas.


B) Que faire ?

1. L’état de la gauche.

La gauche aujourd’hui ressemble à une flotte démâtée. Il est vrai que la gauche plurielle était au départ une idée essentiellement tactique, une alliance dominée par le parti socialiste avec les Verts en éclaireurs et le parti communiste en arrière-garde. Aujourd’hui, trois épaves surnagent : la proue supposée, je veux dire les Verts, prétend naviguer toute seule ; à la poupe, c’est-à-dire les communistes et leurs alliés, il manque une hélice : elle n’a pas connu de véritable dynamique aux dernières élections européennes et elle doit faire face à la concurrence du NPA ; quant au corps du bâtiment, je veux dire le PS, il a un sérieux problème de direction.

Il n’y a pas de solution à cette situation désespérante en dehors d’un projet qui soit à la hauteur des défis du temps. C’est le rôle que le MRC revendique non pas pour lui mais pour toute la gauche et pour la France. La Maison commune de la gauche proposée par Martine Aubry ne saurait être que le replâtrage de la gauche plurielle.

2. La gauche a un problème d’identité et ce problème surdétermine la question des alliances. Il faut donner la priorité au projet. L’Europe, telle qu’elle s’est construite sur une base libérale et technocratique, n’est pas la solution, elle est le problème. Il faut la réorienter. Sur la base de la démocratie qui vit dans les nations. À cet égard l’arrêt de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe de juin dernier dit tout. Il y a un déficit de démocratie structurel dans l’Union européenne. La légitimité est dans les Etats nationaux et dans les Parlements nationaux. Il n’y a pas de peuple européen. C’est pourquoi le Parlement de Strasbourg ne peut être qu’un ersatz de Parlement. Tout cela nous pouvons d’autant mieux le reprendre à notre compte que c’est ce que nous disons depuis toujours.

Il faut reprendre la construction européenne sur la base de la démocratie qui vit dans les nations et aller vers une Confédération européenne qui nous permette d’exister, d’être un pôle, comme on dit, dans le monde multipolaire de demain.

C’est de cela dont nous devons discuter, sans exclusive, avec toute la gauche, y compris le NPA s’il le souhaite. Il y a là un rôle politique essentiel pour la France. Faut-il parler de tout cela avec M. Bayrou ? M. Bayrou – nous le savons - est un homme politique qui vient de la droite mais il s’est dit « prêt à tendre la main à la gauche ». Si nous sommes sûrs de nous-mêmes, si nous avons des idées claires, il n’y a pas lieu de montrer un quelconque sectarisme.

Le problème pour la gauche, c’est d’abord d’avoir les idées claires. Nous avons proposé, il y a plus d’un an, des Assises de toute la gauche. Nous sommes prêts à examiner un projet de primaires dès lors qu’elles concerneraient plusieurs partis de gauche qui en seraient ensemble les co-organisateurs, bien entendu sur la base d’une charte d’orientation politique. La gauche doit rompre avec une orientation qui l’a coupée des couches populaires depuis les années quatre-vingt. Je n’idéalise pas les primaires, mais elles peuvent être l’occasion d’une rupture salutaire. En tout état de cause, le MRC ne restera pas silencieux en 2012. Il pèsera, quoi qu’il arrive, directement ou indirectement. Nous sommes les gardiens de l’avenir républicain de la France. La priorité c’est le projet !

Y a-t-il un autre choix ? Sincèrement je ne le crois pas sauf à laisser le champ libre à M. Sarkozy qui s’emploie déjà activement à rassembler la droite autour de lui, en profitant des divisions et du désordre de la gauche.


Conclusion

Nous avions jadis, au début des années soixante-dix, fait lever un immense espoir. La gauche ensuite a tourné le dos à ses engagements. Elle a rendu les armes sans avoir combattu. Le néolibéralisme a triomphé. Les couches populaires se sont détournées de la gauche. Mais ce cycle est désormais derrière nous. Les triomphateurs d’hier sont les faillis d’aujourd’hui. Sachons trouver en nous-mêmes l’énergie de nous redresser. Sachons renouer avec les idées, c’est-à-dire avec le réel, mais aussi avec l’ambition collective, c’est-à-dire avec l’idéal. Il n’y a pas d’autre chemin pour une victoire qui, demain, ne décevra pas.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Dimanche 6 Septembre 2009 à 18:07 | Lu 8413 fois



1.Posté par Jacques KOTOUJANSKY le 06/09/2009 20:46
Bravo pour ces propositions, Jean-Pierre Chevènement : Vous montrez là que vous avez l'étoffe aussi d'un rassembleur. Un espoir d'alternance se lèverait-il de votre côté ?
Venu de la droite, je me sens aujourd'hui très républicain et prêt, comme notre ami Paul-Marie Coûteaux, à soutenir qui soutient un projet national au centre du projet global.
Continuez ainsi !
Cordialement
J. Kotoujansky

2.Posté par jpp le 07/09/2009 15:27
Je suis au PS depuis 27 ans et je trouve que ce parti nous fait avaler beaucoup de couleuvres ces derniers temps :
-départ au gouvernement d'un certain nombre des nôtres,
-participation à plusieurs commissions gouvernementales d'anciens ténors du PS,
-guerre des chefs,
-virage vers le social-libéralisme et tentative à mon avis de reproduire ce qui se passe en Allemagne avec l'entente gouvernementale CDU-CSU-SPD.
J'espère que le PS avant de penser aux primaires de 2012, rédigera avec les autres partis un programme réellement socialiste.
En tout cas bravo pour votre discours de La Rochelle qui a été d'une haute tenue.
Cordialement

3.Posté par exabrupto le 07/09/2009 21:24
Quelle pitié de voir M. Chevènement contraint de cotoyer au nom d'une appartenance de gauche nos socio-démocrates du PS et l'équipe des verts sur les estrades.Quand cesseront ces pantalonades ? Rien à faire avec ces gens-là , pas plus qu'avec la droite. M. Chevènement entend changer les baudets en chevaux de courses. Et s'il croyait en sa propre étoile ? Du plus Gaullien des politiques d'exception , nous attendons mieux. A quand l'ère des ruptures ? Un discours radicalement à gauche sur le plan économique et social , un respect des classes moyennes laborieuses , une fidélité sans faille à une géostratégie alternative. Allons-nous attendre encore longtemps ?Beaucoup nous ont quitté au bord du Rubicon jamais franchi. Le moment est venu de dépasser le statuit "pépère de sénateur" sauf à générer la désillusion de ce que le Peuple Français compte de mieux dans ses rangs.

4.Posté par Den85 le 08/09/2009 03:15
Militant à DLR, je félicite également M. Chevènement pour ses analyses toujours forts judicieuses, précises et analytiques. Nous sommes beaucoup à penser de même mais il est important que les républicains des deux rives travaillent de concert pour relever la France et la République! Car nos adversaires sont légions et nous avons tout à gagner à collaborer ensemble pour faire gagner les principes républicains auxquels nous tenons réciproquement autant. J'ai un respect infini pour M. Chevènement qui représente toujours la résistance à la mondialisation/clochardisation de notre pays, à l'idée que la nation est devenue désuète, pourtant il c'est elle qui est notre premier rempart, notre première protection face à tous les dangers qui nous guettent. M. Dupont-Aignan et M. Chevènement, partageant tant de points de vue, ont tout à gagner à se rapprocher et ainsi pourquoi pas, à créer une vraie dynamique républicaine.

Encore un grand bravo à M. Chevènement pour ses positions!

Vive la République! Vive la France!

5.Posté par ffi le 08/09/2009 03:16
Indéniablement, il y a du bon sens dans ces propositions. Mais quelques critiques cependant :
- L'héritage des Lumières : En tant que républicain, il faut se souvenir que le fer de lance de la république c'était le grand penseur Leibniz et que Voltaire, par exemple, c'est amuser à ridiculiser Leibniz par son ouvrage Candide. Il faut faire le tri dans les lumières. Si certains penseurs étaient profonds, d'autres étaient de véritables sophistes. Je pense en particulier aux penseurs libéraux (Locke, Smith, ...), dont la pensée visait à légitimer l'impérialisme Anglo-saxon contre les idées républicaines.
- C'est justement contre cet impérialisme colonisateur que l'Amérique est a fait sa révolution, en particulier car les expérimentations monétaires (de Pittsburg, par ex, les "scripts coloniaux"), qui avaient montré une efficacité redoutable en matière d'amélioration des conditions de vie, avaient été interdites par la couronne Britannique. Benjamin Francklin avait eu beau aller négocier à Londres, rien n'y fit. Les colonies américaines furent obligées d'emprunter à la banque d'Angleterre - cartel de banques privées. Ce faisant, les colonies américaines devaient payer des intérêts sur toute monnaie, ce qui étouffait leur développement. A l'indépendance, les colonies américaines ont inscrit un article très précieux dans leur constitution : Toute monnaie de l'état doit être émise sous le contrôle des institutions politiques.
C'est à ce jour un des derniers pays à avoir cette spécificité. Cependant, en 1913, la FED fut créée, sur le modèle de la Banque d'Angleterre. Et là est l'approximation des propositions : La Fed est contrôlée par un cartel de Banques privées, la Fed n'est pas contrôlée par l'état américain, elle est contrôlée par les intérêts privés qui se sont vautrés dans les "rentes glorieuses", les grandes banques.
Au vu de la politique en Afrique du FMI, il est totalement illusoire de croire que faire appel au FMI puisse résoudre quoi que ce soit. Le FMI est totalement impliqué dans la catastrophe économique actuelle.

Au contraire, la solution est de retrouver la souveraineté monétaire (annulation de la loi 73-7, art 104 Maastricht, art 123 de Lisbonne), de démanteler la Fed, la BCE et toutes ces banques indépendantes (du politique et du peuple). En effet, que je sâche, le droit des peuples à disposer d'eux-même justifie qu'ils puissent accéder à l'indépendance, mais une banque n'est pas un peuple. Le droit des banques à disposer des peuples ne correspond pas au droit international. C'est le contraire en fait : le droit des peuples à disposer d'une banque nationale et de la souveraineté monétaire.
Il faut en finir avec l'impérialisme. La BCEAO et la CEMAC (les banques centrales africaines), cela doit finir. Les peuples africain ont droit à leur monnaie, ils ont droit à leur développement. La BCE, la Fed, la Banque d'Angleterre, cela doit finir. N'est-il pas injuste que l'Angleterre puisse imprimer tant de billet qu'elle le désir grâce à sa Banque et que la France soit pris dans le carcan de la BCE ?

La vérité la plus probable, c'est que la BCE soit utilisée pour détruire le dollar. Et avec la fin du dollar, c'est la fin de la constitution américaine, donc c'est la fin d'une des dernières constitutions du monde qui permette (en théorie) au politique de contrôler la monnaie dans l'intérêt général, selon la modèle républicain.

Kennedy avait essayé de revenir à ce fonctionnement (acte exécutif 111 110), il avait fait émettre de l'argent par le congrès. 6 mois plus tard, Kennedy était mort...

Il faut en finir définitivement avec l'impérialisme. Et cela suppose que tous les peuples aient tous les attributs de leur souveraineté. Et la souveraineté monétaire en est un. Une institution internationale n'étant là que pour arrondir les angles au niveau des taux de change ...

Ce serait une folie de laisser entre les mains d'une instance non élue, comme le FMI, l'arme monétaire.

6.Posté par Den85 le 11/09/2009 02:25
Oui FFI, nous sommes en accord également.

C'est une des propositions de DLR: la suppression de la Commission européenne de Bruxelles mais aussi le retour clair et net de la Banque centrale européenne (BCE) au contrôle des Etats et donc de la politique. Il faut que l'économie soit subordonnée à la politique et non l'inverse et par conséquent oui la question de la souveraineté monétaire (mais la souveraineté tout court est un principe essentiel à défendre pour tous Républicains qui se respectent) est de première importance: c'est là une évidence. Il faut également s'opposer vigoureusement au libre-échangisme intégral qui pille les ressources de pays plus pauvres et qui accentue les inégalités sociales entre riches et pauvres du Nord et encore davantage dans les pays du Sud. Il faut une mondialisation juste et équitable, un vrai dialogue respectueux entre les nations, et donc entre les peuples. Et cela, je pense, passe par la reconnaissance que le monde est multipolaire et non unipolaire.

7.Posté par ffi le 13/09/2009 00:30
Personnellement, j'ai une carte au PS, pour des raisons historiques, mais là, malgré l'engagement républicain de Jaurès, le PS se fourvoie dans cette folle croyance que des institutions supranationales sont un recours. Je n'y crois pas.
En Grec, il y a deux mots jumaux, ethos et ethnos, l'un a donné éthique et l'autre ethnie. En latin ethos a donné sue (soi), puis consuetudo, littéralement "les règles que l'on se donne entre soi", qui a donné, par le français parlé, la coutume (au sens loi coutumière).
Toute ethnie a une éthique.
Notre ethnie, c'est la nation (du latin natio, "ensemble des gens nés dans un même lieu ou en même temps").
Notre éthique est républicaine.
Celui qui vit en groupe est régit par cette dualité :
L'identification au groupe (ethnos) / Les règles de ce groupe (ethos)
Pour changer de règles, il y a deux moyens :
- soit l'on s'entend au sein de notre groupe, pour les faire évoluer.
- soit l'on va dans un groupe qui a d'autres règles.
Le processus européen est un changement de règle par changement de groupe.
Il ne me semble pas que le peuple de la nation ait vraiment été consulté sur ce changement des règles, qu'il ait donné un accord à ceci. Ceci s'est fait de manière voilée.

La nation Française étant une république, ce qui me va tout-à-fait, la restauration du groupe de la nation est un recours tout-à-fait indiqué.

Je suis pour une alliance des républicains (de droite ou de gauche, mais non raciste car je suis pour la république). Je pense que l'intérêt national le commande (les intérêts de 99% des gens). Ce serait un véritable bouleversement de la scène politique. Cela aurait beaucoup plus de sens qu'un rapprochement libéraux de gauche pro-européen (PS) et libéraux de droites pro-européen (MODEM).

Républicain de droite et Républicains de gauche, ensemble, ce qui nous unis, c'est la république ! (et avec Cheminade)
La situation est tellement catastrophique que les républicains doivent s'allier maintenant.
C'est ce qui se passera, s'il n'y a pas d'évolution au PS et je n'en vois guère venir

8.Posté par Lolotte_88 le 19/09/2009 08:21
On ne veut plus des hommes politiques de gauche depuis le PS jusqu'au parti de Besancenot. Car, comme vous le dites parfaitement ces gens se sont éloignés des français à tel point qu'on a l'impression qu'ils vivent tous sur Mars. Au PS, on prône une politique de droite sur tous les grands thèmes (Europe, Mondialisation, Euro, Libre échange (ils ont dû lire libre-échangisme, ça leur rappelait les années 68 sans doute) - politique agricole, écologie, ... et à l'extrême gauche qui confond patriotisme, civisme, respect, travail, mérite avec chauvinisme, xénophobie, racisme. Et pour qui il y a deux catégories de populations les français de souche = les méchants, les immigrés qu'il faut faire venir en masse (parce que c'est vrai il y a plein de boulot pour tout le monde) = les gentils à sauver, quitte en les faisant venir ou les laissant s'installer à laisser bafouer nos lois, nos valeurs, et que des quartiers entiers deviennent des no man's land plus proches des ghettos de Soweto que de Neuilly... Et ça, même en étant pas Lepeniste, on n'en veut plus. Alors aidez-nous

9.Posté par Lolotte_88 le 19/09/2009 09:34
Au fait, j'avais oublié de dire... on ne veut pas du Modem non plus.

Et à fifi qui est "non raciste" je dis que cette politique d'immigration est devenu un crime contre l'humanité pour les français "de souche". Car ce n'est pas avec des bons sentiments que vous empêcherez la montée du raz-le-bol ambiant des classes moyennes qui subissent au quotidien l'africanisation galopante depuis quelques années - Maghreb et Afrique noire (entre autres) qui devient difficilement supportable d'autant que ce n'est pas le chômage, les affaires d'islamisation montante, de crimes qui va arranger les choses. On peut ne pas être "raciste" mais trouver insupportable que quand dans Paris par exemple où il est quasi impossible pour quelqu'un qui a un revenu moyen de se loger - même si il y travaille - il y a des quartiers entiers habités uniquement par des africains arrivés très récemment, des chinois, et j'en passe. Et on peut ne pas être raciste mais en avoir marre de voir son immeuble, son quartier, sa ville à devenir rien d'autre qu'un bidonville, et s'y sentir autant en sûreté que dans les favelas de Rio. Etre républicain, ça veut dire appartenir à une République dont les lois sont les mêmes pour tout le monde. Et cette République là, à laquelle a renoncé la gauche et que la droite met en pièces consciencieusement, elle a pour devoir de défendre en premier ses concitoyens.
Si on est pas certain d'accueillir des populations dans des conditions de vie tenables pour tous et si on veut faire des bonnes oeuvres, on monte des associations, on fait des partenariats, on aide ces pays à se développer, et j'en passe.

Moi aussi je me sens Républicaine .

10.Posté par Albert le 19/09/2009 12:08
M.Chevènement est souvent lucide (intellectuellement).
Insuffisamment toutefois et en voici deux illustrations:
1.En restant collé au binaire droite-gauche, pertinent il y a 50ans, dépassé à l'heure de la mondialisation.
2.En acceptant (fût-ce sous réserve)l'idée d'une entente avec M.Bayrou, européiste-fédéraliste indécrottable.
M.Chevènement est en fait incapable de couper le cordon ombilical.

11.Posté par Münch le 20/09/2009 12:38
La lucidité de JP Chevènement s’accroît au fur et à mesure qu’il s’éloigne du Pouvoir. La première partie (Une crise de la mondialisation) comporte une analyse froide et impeccable de la situation du Monde en général et de la France en particulier. Il a raison de dire que les sociaux-démocrates sont devenus des sociaux-libéraux. Pourtant, le libéralisme montre ses limites alors que John Maynard Keynes est depuis longtemps oublié. Oui, cette crise serait une occasion unique pour la Gauche française de refonder une Pensée, une Philosophie, de faire des Propositions, de faire naître un Espoir. Il faut lutter au niveau français mais aussi européen contre le néolibéralisme qui propose la liberté du renard dans le poulailler. Les peuples européens sont aujourd’hui témoin de la déconfiture du libéralisme, de ses pompes et de ses oeuvres. Mais que répond le PS : « Nous vivons l’ombre des Lumières. C’est l’idée même de progrès qui est épuisée. » D’autres réponses sont possibles. Un Front unique de la Gauche française est possible pour combattre la pensée unique, proposer un Pacte Social Européen, conquérir le Pouvoir en France. Oui, il faut défendre le Monde Ouvrier, le tissu industriel de notre pays, notre Agriculture. Oui il faut défendre les Exclus, les Pauvres, les Précarisés.

12.Posté par ffi le 20/09/2009 23:09
Münch,

Keynes n'est pas oublié. Et il faudrait l'oublier définitivement.
La théorie de Keynes (ancien de la société eugéniste de Londres), consiste à argumenter que les nations pourraient se passer de souveraineté monétaire en empruntant aux acteurs privés sur les marchés financier pour leurs investissements concernant l'intérêt général.

1. C'est le fonctionnement actuel.
2. C'est ce qui est responsable de la dette.
3. C'est en principe faire payer une taxe à ce qui représente l'intérêt général (la république) en faveur de ceux qui sont porteurs d'intérêts privés (par le biais des taux d'intérêts monétaires).

La seule alternative, si les citoyens désirent vivre en république, c'est le crédit productif public, c'est à dire que la nation, de par sa souveraineté monétaire puisse s'emprunter à elle-même sans avoir à payer d'intérêt à quiconque. Cela revient au fonctionnement économique des trentes glorieuses, lequel a montré sa supériorité absolue par rapport au fonctionnement actuel.

13.Posté par BA le 21/09/2009 23:55
Lundi 21 septembre, Jacques Attali écrit une chronique remarquable :

« Le G vain. »

Comme à Londres, on prendra mille et une photos, on se congratulera, on se quittera. Puis les dettes publiques continueront d’augmenter, les institutions financières seront de plus en plus instables, le chômage augmentera. Et un jour, sans doute, devant un nouveau désastre, il faudra agir. On se retournera alors vers les gouvernements : exsangues, ils ne répondront plus. Il n’y aura plus, alors, de G 20.

http://blogs.lexpress.fr/attali/2009/09/le-g-vain.php

14.Posté par D. Servantie le 11/10/2009 03:39
Militant depuis peu au MRC que je soutiens à 100%,

j'applaudis vigoureusement ce texte de Jean-Pierre Chevènement. Il faut une refondation réellement républicaine de la gauche pour pouvoir battre la droite en 2012. C'est une évidence. Je pense que le MRC est le réel représentant de la gauche républicaine et il doit aider à la reconversion de toute la gauche à ce logiciel républicain qui peut nous faire gagner en 2012. La République indivisible, laïque, démocratique et sociale est toujours à construire et à défendre! Bâtissons-là tous ensemble pour une France plus juste et plus solidaire. N'oublions pas non plus de proposer un vrai projet alternatif sur l'Europe, une Europe des citoyens, respectueuse de nos souverainetés nationales, confédérale, et indépendante de l'OTAN, qui peut accepter la Turquie et la Russie dans son ensemble.

Vive le Mouvement Républicain et Citoyen,
Vive la République,
Vive la France!

15.Posté par Pascal Olivier le 11/10/2009 15:32
"une Europe des citoyens, respectueuse de nos souverainetés nationales, confédérale, et indépendante de l'OTAN, qui peut accepter la Turquie et la Russie dans son ensemble. " D.Servantie.

Les Etats Unis pèsent de tout leur poids pour que la carte de l'Europe corresponde à celle de l'OTAN. Comment avoir une Europe indépendante en y intégrant la Turquie bras séculier de l'OTAN ?

Comment avoir une Europe respectueuse des souverainetés en y intégrant une Turquie qui refuse de reconnaître Chypre, qui l'occupe militairement qui la peuple de colons anatoliens, une Turquie qui vient d'éditer un manuel scolaire dans lequel la carte de la Turquie englobe la totalité de Chypre, le Nakitchevan, la totalité de l'Arménie, la partie de la Géorgie peuplée d'arméniens et tout le nord de l'Irak, une Turquie qui viole en permanence la souveraineté de la Grèce et qui la harcèle militairement, une Turquie dont le premier ministre Recep Erdogan a affirmé le 5 octobre dernier que son ambition est de «restaurer la grandeur de l’Empire ottoman» ?

16.Posté par D. Servantie le 12/10/2009 21:26
Je pense qu'il convient de modérer ses propos. Certes la Turquie est loin d'être une démocratie parfaite, mais c'est tout de même un des seuls États réellement laïc du monde arabo-musulman. Je pense de toute façon que la question de sa candidature ne viendra que tard et donc il convient de se calmer et de ne pas s'acharner sur cette question, à moins de vouloir succomber aux sirènes populistes voire d'extrême-droite. Mustafa Kemal Ataturk, fondateur de la République turque, était un défenseur de la laïcité et un héritier des principes républicains de notre nation française que nous soutenons. Mais bien évidemment qu'il faudra demander à la Turquie de faire des efforts dans ce que vous venez d'énumérer mais je trouve que rejeter instinctivement la Turquie comme le font Nicolas Dupont-Aignan et les leaders de droite me paraît être de l'ordre de la malhonnêteté intellectuelle sinon aussi de l'ignorance voire du racisme. Je pense que pour combattre l'islamisme et ses dérives, avoir comme ami et allié un pays laïc (qui a besoin de faire des efforts, sans nul doute) est une nécessité. A défaut de vouloir se concrétiser le choc des civilisations qui est une théorie ne tenant pas debout.

Parole de républicain de gauche et défenseur acharné de la laïcité, mais aussi opposant à tous les extrémismes, religieux comme politiques!

17.Posté par henri34 le 13/10/2009 14:41
Aux intervenants 15 et 16.
A des faits signalés dans l'intervention 15,la réponse 16 souligne la malhonnêteté intellectuelle,l'ignorance,voire le racisme et les tendances populistes.
Mais il y a réellement de l'ignorance en qualifiant la Turquie de pays arabo-musulman.Pas plus que les Iraniens les Turcs ne sont des Arabes.Pour preuve Ankara n'est pas membre de la Ligue Arabe et pas même observateur.A quand des Ligues celte,bantoue tutsi ou amérindienne?
En revanche Ankara est un membre important de l'Organisation de la Conférence Islamique.A quand des organisations de conférence chrétienne,animiste,bouddhiste etc...?.L'OCI a un statut d'observateur à l'ONU
En tant que républicain et laïque l'existence de telles organisations ethnique et religieuse me pose probléme et ne me pousse pas au déni angélique sinon de guerre de civilisations mais au moins de rivalités de civilisations clairement assumés par la LA et l'OCI.
L'UE doit avoir des frontiéres et la résurgence du panturquisme bien symbolisé par les tensions entre Ankara et Pékin sur la question des Ouighours musulmans mais surtout turcophones démontre que l'intégration de la Turquie dans l'UE ouvrirait la possibilité de se retrouver dans des conflits où nous n'avons rien à faire.
Celà ne condamne pas le partenariat avec Ankara......comme c'était le cas au plan militaire avant notre intégration totale à l'OTAN.Depuis Sarkosy est passé par là sans se rendre compte qu'il était complice d'Obama qui veut une Europe otanienne.

18.Posté par D. Servantie le 14/10/2009 13:20
Je suis en accord avec votre approche Henri qui me paraît logique et judicieuse. Je parlais d'ailleurs d'Europe confédérale je me répète, respectueuse des nations. Il est clair que dans le schéma de l'Europe institutionnelle actuelle, la Turquie rendra ce système encore plus difficile à gérer, déjà qu'à 27 États membres il est très complexe. Cela je ne le conteste pas. Je pense de toute façon que l'Union européenne telle qu'elle est est extrêmement complexe et lointaine des préoccupations des Français et des Européens. Il faudrait la rendre plus sociale, plus proche des citoyens, plus laïque aussi à mon sens. Il faudrait aussi penser réellement à la question de l'élargissement je n'en doute pas. Ce sont là des priorités importantes à mon sens. Sur la Russie par contre, je maintiens que ce serait tout à l'avantage de la France et de l'Europe que de renforcer les liens bilatéraux dans moult domaines car ce pays est d'importance capitale pour l'avenir de notre continent. Et que sur les questions notamment énergétiques, le dialogue avec la Russie mais aussi avec la Turquie est incontournable. Pour ma part, je trouve que nous ne devrions pas favoriser l'un contre l'autre mais penser à défendre habilement nos intérêts. Quant à la résurgence du panturquisme ou du nationalisme que ce soit en Turquie, en Asie centrale ou en Russie, je pense qu'il faut analyser ça avec circonspection et bien évidemment s'opposer à toute vision ethnique de la nation. Nous, républicains de gauche qui avons à l'esprit une vision de la nation qui est éminemment républicaine, une communauté de citoyens devons combattre avec force toute ethnicisation des États-nation. Je pense d'ailleurs que notre modèle de nation républicaine peut aider sans doute la Russie et la Turquie à trouver des solutions à leurs problèmes inter-ethniques (je pense notamment à la question kurde).

Cordialement

19.Posté par Pascal Olivier le 14/10/2009 16:25
@ Henri 34

Merci pour votre commentaire. J'avais décidé d'ignorer les malheureuses et insultantes allégations, et de ne pas répondre. Votre commentaire qui a fait des miracles me permet de préciser et de compléter. Je souhaite par la même occasion la bienvenue à D.Servantie au MRC.

Il ne peut y avoir d'Europe indépendante de l'OTAN avec une Turquie pièce maîtresse des Etats Unis dans les Balkans, dans le Caucase, en Asie centrale, au Proche et Moyen Orient et en Europe. Où est donc le choc des civilisations dans cette alliance ? Au contraire les Etats Unis ont utilisé l'islam contre le christianisme en Orient pour contrer les progressistes et ils font feu de tout bois pour empêcher la naturelle jonction de la Russie avec le reste de l'Europe.

Le choc des civilisations n'est pas pour autant une "théorie ne tenant pas debout" à moins de croire en la fin de l'histoire.

"On s'est beaucoup offusqué de la théorie du clash des civilisations, on a fait un faux procès à Huntington, puisque Huntington ne l'a jamais recommandé, il a écrit que c'était un risque réel qui est devant nous. Je pense que nous sommes déjà dans ce clash, dans un choc en particulier Islam-Occident, qui dure, avec des hauts et des bas, depuis des siècles, et que cette question n'a jamais été surmontée. L'affaire Est-Ouest a été surmontée en moins d'un siècle, c'est un battement de paupière à l'échelle de l'histoire longue. L'autre affaire est toujours là, et je pense que là aussi la politique de l'autruche n'est pas bonne. Au lieu de s'offusquer de cette théorie et de la combattre à coups de colloques sur le dialogue des cultures qui sont des moulins à prières, il faut reconnaître cette réalité."
Hubert Védrine in actes du colloque “Les Etats-Unis et le reste du monde” organisé au Sénat le 1er mars 2003 par Jean-Pierre Chevènement.

Pour ce qui concerne la laïcité à la turque, vous avez bien fait de pointer que la Turquie se définit comme islamique et est un membre influent de l'OCI. Sa laïcité n'a pas grand chose en commun avec la nôtre à l'exception du nom. Il s'agit plutôt d'une religion officielle inféodée à l'Etat, l'islam sunnite, la seule autorisée en dehors des rares exceptions conséquences des traités internationaux. Les imams sont des fonctionnaires rétribués par L'Etat. Nous en avons 121 détachés en France par la Turquie qui aimerait nous en envoyer 100 autres. Il faut donc bien faire la différence entre un Etat libre des religions, la France, et une religion obligatoire inféodée à l'Etat comme en Turquie. "Dieu merci nous sommes tous musulmans donc nous pouvons être laïcs" est une tragique déclaration d'Atatürk en 1929. Il a fallu en effet liquider deux millénaires de christianisme en Asie mineur pour en arriver là, génocide des arméniens, massacre et éviction des grecs, des syriaques et des nestoriens. Cette phrase est effrayante parce qu'elle contient un fond de vérité. Il ne peut y avoir laïcité qu'avec une religion dominante éventuellement en cohabitation avec des religions très minoritaires. Si on veut passer la laïcité par dessus bord en France, c'est bien parce qu'on veut faire une place importante à l' islam.

Pour l'islam la souveraineté appartient à Dieu pas au peuple. Le cas turc est donc une anomalie, une hérésie. "On ne peut pas être musulman et laïque en même temps. Le milliard et demi de musulmans attend que le peuple turc se soulève. Nous allons nous soulever. Avec la permission d'Allah, la rébellion va commencer" est une déclaration de Recep Erdogan ancien président de la république et actuel premier ministre de la Turquie.


20.Posté par D. Servantie le 14/10/2009 18:27
Merci pour toutes ces précisions Pascal Olivier et permettez-moi de m'excuser car je ne voulais pas vous attaquer. Je ne connais pas très bien le dossier donc je ne peux me permettre un jugement intégral et c'est bien de parler de ces questions.

Ma position était juste de dire qu'il serait bon de ne pas voir dans l'Occident un bloc monolithique unifié et idem pour le monde dit arabo-musulman. Il y a des nations avant toute chose, et cela notre président Jean-Pierre Chevènement nous l'a toujours appris. Ce sont les nations qui mènent des politiques en premier lieu. Mais pour l'OCI, je trouve en effet cette organisation contraire à la laïcité et inquiétante. Je pense qu'elle ne devrait pas avoir lieu d'exister comme vous dites. Je pense par ailleurs que la défense des agnostiques, des athées, des libre-penseurs et laïcs de Turquie et d'autres pays de la région (monde arabe, Iran, etc) est dans notre intérêt. Mais je pense qu'"imposer" nos valeurs du haut comme les États-Unis ont essayé de le faire en Irak serait une énorme erreur. On exporte pas comme ça la démocratie, la liberté etc. Mais que l'on aide ces peuples à combattre l'islamisme, le terrorisme, et tous les intégrismes, je pense que c'est en effet une nécessité.

Cordialement,

Amitiés républicaines

21.Posté par Naradatta le 15/10/2009 11:11
La Turquie ne reconnaît toujours pas l'existence des Alévis, qui composent pourtant au bas mot 20% de la population, et sont les soutiens classiques de la "gauche" républicaine turque.
Par contre, l'islam sunnite est très bien reconnu lui.... donc la laïcité, c'est pas tout à fait comme chez nous.

22.Posté par Pascal Olivier le 15/10/2009 14:47
L'alévisme, branche éloignée du chiisme, persécuté et représentant près du quart de la population turque n'a en effet pas d'existence légale en Turquie. La laïcité telle que la Turquie l'entend,( les mots n'ont pas de sens ils n'ont que des emplois), ne s'applique qu'à la religion officielle, le sunnisme. Elle ne s'applique pas non plus aux trois résiduelles et lilliputiennes communautés, l'arménienne, la grecque et la juive puisque leur statut est régi par le traité de Lausanne de 1923, traité que la Turquie a violé et continue de violer allègrement. La laïcité turque est à ce point exemplaire que la fiscalité sur le patrimoine instaurée pour l'année 1942 était fonction de l'appartenance confessionnelle. Déjà élevée pour les musulmans, 4,5%, elle tournait autour de 150% pour les arméniens et les grecs ! Ceux qui ne voulaient pas être en dette vis à vis de l'Etat n'avaient plus qu'à s'exiler en laissant tout derrière eux.

23.Posté par Tythan le 23/10/2009 22:17
Quelles sont les intentions du MRC pour les régionales?

Est-il envisagé qu'ils s'allient avec Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan ayant annoncé sa candidature en Ile de France au moins?

24.Posté par schmitt alain le 28/10/2009 18:10
Je suis d'accord sur bien des points, je suis un républicain convaincu qui trouve dans les propositions de Jean-Pierre Chevenement beaucoup de bonnes idées. Néanmoins je suis en désaccord sur un point. La république je suis désolé, même si aujourd'hui on ne veut surtout pas en parler, c'est aussi Rousseau. Or n'oublions jamais qu'à l'époque où les philosophes des lumières défendaient surtout les riches, Rousseau a défendu les pauvres. Il a critiqué sévèrement la raison, lorsqu'elle s'écartait de la sagesse. La république c'est avant tout les droits de l'homme avant la raison. C'est cela la république. " Tous les hommes naissent libres et égaux en droits"

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