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"Réconcilier l'Ukraine et la Russie"


Jean-Pierre Chevènement était l'invité du zoom de France Info lundi 3 mars 2014. Il répondait aux questions de Agnès Soubiran.


"Réconcilier l'Ukraine et la Russie"
11765_03_03_2014_itema_20596065_0.mp3 France Info  (7.72 Mo)

Verbatim express :

Comprendre la situation en Ukraine
  • La situation en Ukraine est gravissime. L'Europe est peut-être à l'orée d'une nouvelle période de tension, d'une nouvelle période de Guerre Froide, avec des risques de conflagrations inévitables. Il faut donc être très prudent et bien comprendre ce que les uns et les autres ont dans la tête.
  • Je pense que l'UE, en voulant diffuser ses valeurs libérales, ses normes, ses standards, a mené une politique légère vis-à-vis des pays du Partenariat oriental, dont principalement l'Ukraine, tandis que le Partenariat stratégique avec la Russie, conclut en 2003, est en panne.
  • Les Russes se sentent dans une situation qui est celle d'un nationalisme obsidional. Ils se voient repoussés dans leurs frontières du XVIe siècle. Ils se souviennent que Gorbatchev et Kohl avaient admis en 1990 dans le Caucase que l'OTAN ne progresserait pas au-delà des frontières orientales de l'Allemagne occidentale, et en fait elle a englobé les pays d'Europe centrale, les pays baltes, la Roumanie... Et en 2008 il y avait un projet de pré-adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN.

Perspectives pour sortir de la crise
  • Ma première observation, c'est que naturellement, il faudra des élections libres en Ukraine parce que aujourd'hui il y a un gouvernement de fait, de même qu'il y a des autorités de fait en Crimée, mais nous sommes dans une situation où la légitimité n'est pas évidente.
  • En même temps, il y a place pour la diplomatie préventive. Je propose une idée : renverser les données du problème. On dit souvent que quand un problème est insoluble, il faut en changer les données.
  • Comment se pose ce problème ? L'UE a une dynamique d'extension à l'est. Il y a un projet russe de zone de libre-échange eurasiatique. Mais depuis très longtemps, on avait dit qu'il fallait créer une zone de libre-échange de Brest à Vladivostok. Essayons de travailler dans cette perspective. Cela prendra beaucoup de temps. Si on avait ce projet, on pourrait réconcilier l'Ukraine et la Russie, ne pas les opposer, chercher la voie des compromis, comme le fait d'ailleurs l'Allemagne de Merkel.
  • Je souhaiterais que la France joigne ses efforts à ceux de l'Allemagne afin de trouver un compromis, qui est de l'intérêt de l'Europe toute entière.

    La Crimée, un territoire spécifique
  • M. Obama a dit que cette occupation de la Crimée par la Russie aurait un coût. D'ailleurs, je constate que cette occupation est en résonance avec la majorité de la population. Vous savez, c'est Khrouchtchev qui par un oukaze en 1954 avait rattaché la Crimée à l'Ukraine.
  • On peut trouver un statut à la Crimée qui mériterait l'approbation de la population. Engager des négociations pour essayer de préserver la paix et trouver la voie d'un compromis honorable pour tous.

    Conduire les négociations
  • Plutôt que par la voie de l'OSCE, organisation comportant des dizaines de pays, très peu maniable, il faut négocier sur la base des 5 membres du Conseil de Sécurité, plus l'Allemagne, et l'UE pour que tous se sentent représentés, mais en tout cas une formule restreinte et opératoire.
  • La complémentarité énergétique, économique, industrielle, humaine – il y a chaque année 400 000 touristes russes qui viennent en France – est certaine. De nombreuses entreprises françaises sont installées en Russie. Il y a 9 milliards d'exportation, 450 implantations. Pratiquement la moitié des voitures fabriquées en Russie le sont par des marques françaises. La Russie est un grand pays européen.
  • La Russie, l'Ukraine, je pense que ce sont des peuples frères. Il ne faut pas les dresser les uns contre les autres, il faut trouver une solution qui aille dans le bon sens, qui réconcilie sur le long terme les intérêts des uns et des autres.

    Une Ukraine fédérale ?
  • La question de l'unité de l'Ukraine est posée. Faut-il une Ukraine fédérale ? Encore une fois, c'est un pays très composite. Ce sont des réalités, il faut en tenir compte. Sinon il ne faut pas faire de politique.


le Lundi 3 Mars 2014 à 12:16 | Lu 4823 fois



1.Posté par Carl GOMES le 04/03/2014 18:14
La constance qu'a Mr Hollande à assimiler les intérêts de la France et de l'Europe avec ceux des dirigeants de l'OTAN devient lassante !
Mr Hollande s'est empressé de prendre fait et cause pour le nouveau gouvernement ukrainien dès l'apparition des premiers signes de révolte, et on apprend maintenant que l'Europe - sous impulsion française et allemande - va aider l'Ukraine à régler ses 2 milliards de dette de gaz.
Paradoxalement, Hollande disait il y a un an vouloir diminuer les déficits, faire des coupes dans le budget, et augmente imperceptiblement tous les impôts (TVA, impôts locaux, impôts sur le revenu...). Flottant sur un petit nuage fait d'idéaux, sans aucun lien avec la réalité du moment, sa chute n'en sera que plus dure!

2.Posté par Olivier D'AREXY le 04/03/2014 22:02
Au milieu des cacophonies et des positions partisanes de nos médias et des révolutionnaires de salon, des faiblesses de nos dirigeants politiques actuels, comment ne pas souligner cette grandeur, sagesse, recherche insatiable de la paix, et cohérence de la pensée politique, qui est la vôtre surtout sur ces sujets graves qui touchent à l'équilibre mondial.

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