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"Nous nous sommes défaussés de toute responsabilité sur des instances absolument technocratiques"


Jean-Pierre Chevènement était invité, avec Jacques Attali, des "Débats de la presidentielle" sur France Inter et Public Sénat, vendredi 13 janvier 2012. Ils répondaient aux questions de Matthieu Aron et Mathieu Sarda.


  • A propos d'une éventuelle sortie de l'euro : le risque est plutôt que l'euro nous quitte. Il n'est pas du tout impossible qu'à la suite d'un défaut de l'Italie, par exemple, le système s'enraye.
  • J'ai proposé dans " Sortir la France de l'impasse " que nous amenions les Allemands à considérer que la BCE devait intervenir sur les marchés de la dette de manière à casser la spéculation et à promouvoir une politique de change plus favorable pour notre industrie, c'est à dire un euro moins surévalué qu'il ne l'est.
  • Dans l'hypothèse où nous n'arriverions pas à faire bouger la psychorigidité allemande (…) il faudrait bien aller quelque part. Il serait intelligent alors de revenir un peu en arrière pour repartir de l'avant ensuite, c'est à dire revenir à une monnaie commune. Ce serait un panier de monnaie qui servirait dans les transactions internationales avec des éléments de souplesse et de flexibilité qui seraient les monnaies nationales.
  • La BCE agit en fonction de la mission qui lui a été confiée par les traités. Certes, elle a pris quelques libertés mais trop tard et insuffisamment.
  • On confond le problème de la monnaie unique et celui du fédéralisme. Le problème du fédéralisme est beaucoup plus vaste. Pour faire une fédération, il faut avoir un projet qui soude les différentes composantes. En Europe aujourd’hui, il n'y a évidemment pas de projet commun. L’Allemagne a une politique de cavalier seul.

  • On ne peut pas parler de fédéralisme si on parle simplement de gouvernement économique de la zone euro.
  • A propos du "produire en France" : Il y a une très grande hypocrisie de la part des candidats qui développent cette thématique et qui ne mettent pas en cause en même temps les choix qu'ils ont fait, c'est à dire abandonner la souveraineté nationale et toute protection.
  • La protection est d'abord monétaire. La monnaie surévaluée de 10, 20, 30% c'est l’équivalent d'un droit de douane de 10, 20, 30%.
  • En matière de politique industrielle, 900 usines ont fermé depuis 2008 mais nous n'avons aucun moyen de les défendre. La commission européenne interdit la politique industrielle.
  • Pour se réindustrialiser il faut une monnaie moins chère, il faut que les grands groupes que nous avons crée apprennent à renvoyer l’ascenseur, il faut aider le surgissement de PMI. Il faut également un ministère de l'industrie.
  • Nous sommes un zone de stagnation. L'Europe est le seul continent où il n'y a aucune perspective de croissance, où les entreprises refusent d'investir, où les délocalisations sont massives.
  • Nous nous sommes défaussés de toute responsabilité sur des instances absolument technocratiques. C'est pour cela qu'il y a une colère dans le pays.
  • Il y a maldonne quand on parle de fédéralisme. Jacques Attali nous fait miroiter un fédéralisme des recettes mais en réalité, il sait très bien que le fédéralisme dont parlent M. Sarkozy et Mme Merkel, c'est un fédéralisme de contrôle budgétaire, c'est une mise sous tutelle des pays en difficulté. C'est idiot, coercitif et anti-démocratique ! C'est la porte ouverte à une Europe post-démocratique.
  • On peut plafonner le quotient familial pour les 2 déciles supérieurs et créer des allocations supplémentaires pour ceux qui aujourd'hui ne bénéficient pas du quotient familial. Mais attention aux effets pervers. Ne bousculons pas une politique familiale qui marche.
  • Il y a une colère dans le pays. Il y a également maldonne sur la souveraineté nationale. On ne l'a pas développée comme ce qu'elle est, c'est à dire le point d'appui pour exercer des effets de levier vers l'Europe et vers le monde. On a considéré que la souveraineté nationale, c'était le repli. On a donc fait le lit du Front national.
  • Sur le droit de vote des étrangers : Le problème n'est pas là. Le problème, c'est l'intégration. Je privilégie la voie de la naturalisation.


Rédigé par Chevenement.fr le Samedi 14 Janvier 2012 à 09:52 | Lu 3407 fois



1.Posté par Jean-François DELAHAIS le 15/01/2012 16:59
Monsieur Jacques Attali est mal renseigné à moins qu'il soit de mauvaise foi ou peut être les deux.

1) Pour justifier son argumentation il affirme que l'Italie exporte beaucoup plus que la France et que la balance des paiements est excédentaire (à 15 minutes 19). Or d'après le « communiqué de presse euroindicateurs 7/2012 du 13 janvier 2012 d'Eurostat, page 4 », les exportations totales de la France étaient de 325,2 milliards d'€ en octobre 2010 et de 354,6 milliards d'€ en octobre 2011 tandis qu'elles étaient aux mêmes moments pour l'Italie de 277,2 milliards d'€ et de 311,9 milliards d'€. Si la balance commerciale de l'Italie était moins déficitaire que celle de la France (72,5 milliards d'€) en octobre 2011, elle l'était tout de même de 24,2 milliards d'€. Quant à la balance des paiements toujours selon Eurostat (http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=bop_q_c&lang=fr) elles était déficitaire pour la France de 9,428 milliards d'€ au 1er trimestre 2011 e de 14,252 milliards au 2ème trimestre, pour l'Italie déficitaire de 23,395 milliards d'€ au 1er trimestre 2011 et 13,808 milliards d'€ au 2ème.
2) Il affirme que Monsieur Jacques Sapir est le conseiller de Madame Le Pen (à 16 minutes 44). Pourtant Jacques Sapir rappelle, dans son dernier ouvrage « Faut-il sortir de l'Euro ? » que (page 20) « un auteur n'est pas responsable de ses lecteurs ». Dénonçant ce procédé, que personnellement je trouve scandaleux, il conclue son propos sur cette question par une formule qui s'applique particulièrement bien à Monsieur Jacques Attali  : « La méthode de nos contradicteurs révèle ici l'extraordinaire faiblesse de leurs position. » (page 21)

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