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Israël et Palestine : "Il faut aller vers une solution à deux Etats"


Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, mercredi 6 aout 2014. Il répondait aux questions de Jean-Philippe Balasse.


Verbatim express :

  • La France a le droit de dire qui peut, ou ne peut pas, s'installer à demeure sur son sol. C'est un principe de base. A partir de là, il faut traiter la politique migratoire sans démagogie, avec fermeté mais avec humanité.
  • On ne peut pas sortir des problèmes d'immigration sans chercher à résoudre, bien en amont, les problèmes de développement, de sécurité, qui génèrent ces flux, à travers notamment la Méditerranée. En particulier, tant que la zone sahélienne ne sera pas stabilisée, à travers une politique générale, on ne pourra pas faire front à cette immigration désordonnée.
  • Prenons un exemple, la Libye, dont la situation actuelle est chaotique. La Libye de Khadafi avait beaucoup de défauts, mais elle exerçait un contrôle sur ses frontières. Nous avons détruit la Libye !
  • La France, l'Angleterre, sous l'impulsion, il faut le dire, de M. Sarkozy, peut-être de Bernard Henri-Lévy, ont décidé qu'il fallait faire le ménage. On a violé la résolution des Nations Unies, qui nous donnait le droit de protéger les populations civiles de Benghazi, et on est allé jusqu'au changement de régime. Résultat de l'ingérence : aujourd'hui c'est le désordre complet.
  • La politique d'ingérence est à la mode depuis très longtemps. Regardez la situation de l'Irak aujourd'hui. On vient se plaindre du sort des chrétiens d'Irak. Mais on a préféré la guerre à la paix. Aujourd'hui l'Irak n'est plus un Etat : beau résultat de la politique d'ingérence !

  • La guerre n'est pas la solution que l'on doit rechercher. Elle peut se révéler inévitable, et je ne suis pas pacifiste, sinon je n'aurais pas été ministre de la Défense évidemment. Mais il est préférable de trouver des solutions politiques que d'ouvrir des boîtes de Pandore.
  • La question qui se pose pour la France, c'est d'abord de savoir qui nous sommes. Est-ce que nous sommes membre de la famille des nations occidentales, comme le disait M. Sarkozy, ou l'aîné de la grande famille des nations humaines en général ? C'était la définition que la France se donnait depuis la révolution de 1789.
  • En 1967, le général de Gaulle avait parlé des malheurs grandissant qu’Israël connaîtrait à occuper des territoires peuplés d'arabes. Et bien voilà : aujourd'hui nous sommes aux résultats.
  • Si on veut travailler réellement à la sécurité d’Israël, il faut aller vers une solution à deux Etats, et ne pas chercher à coloniser les territoires palestiniens. Ou alors se poursuivra le conflit, qui débouchera sur la radicalisation du monde musulman, et le naufrage des Etats que nous soutenions jadis, que ce soit l'Irak, la Syrie. Nous irons vers la fragmentation.
  • Sur l'Ukraine, les responsabilités sont partagées. Qu'est-ce que les institutions européennes recherchaient en allant chatouiller les moustaches de l'ours russe en Ukraine ? Il y avait un projet de libre-échange en direction de l'Ouest et un autre en direction de l'Est. Il fallait faire converger ces projets.
  • Chacun sait que la nature de l'Ukraine est particulière. C'est un pays hétérogène, peuplé à l'ouest de gens qui sont des ressortissants d'Europe centrale, et à l'est de russophone.. Cette réalité aujourd'hui est méconnue. L'opinion aujourd'hui est sous-informée, manipulée.
  • L'Ukraine est d'abord aujourd'hui un objet géopolitique. Brezinski avait écrit que, pour empêcher la Russie de redevenir une grande puissance, il fallait soustraire l'Ukraine à son influence. Nous y sommes. Il y avait eu la révolution Orange en 2004.
  • Maintenant, je dois dire que j'ai exercé moi-même un certain rôle pour obtenir que la Russie reconnaisse les élections qui ont abouti à l'élection de M. Porochenko. Mais M. Porochenko a été élu pour faire la paix, pas la guerre. Qu'elles sont les initiatives qui sont prises aujourd'hui par les institutions européennes pour peser sur M. Porochenko ?
  • Il y a eu 1800 morts en Palestine, 1100 en Ukraine, ce n'est pas suffisant ? On a vu des chars, des avions, tirer sur leur population... Il y a quand même un moment où l'Europe, si elle était libre, si elle était européenne pour reprendre l'expression du général de Gaulle, dirait : "Ecoutez, il y a quand même un terrain d'entente à trouver, une certaine régionalisation de l'Ukraine, pour que chacun s'y sente à l'aise".
  • Il y a beaucoup de gens qui se réclament plus ou moins de moi aujourd'hui. Naturellement, je laisse faire et dire, parce que je ne peux pas corriger. J'ai toujours essayé d'avoir une vision d'homme d'Etat, qui tienne compte du monde tel qu'il est. Si on avait écouté ce que j'avais dit en 1983, plutôt que de s'accrocher à la monnaie forte, ce qui a abouti à la désindustrialisation de la France, sur le Moyen-Orient, sur la réforme de l'Etat et des collectivités territoriales engagée en Corse, aujourd'hui généralisée en dépit du bon sens, on devrait se dire qu'il y a un retour aux fondamentaux républicains qui est nécessaire.
  • Le monde a changé, et la France doit se positionner par rapport au monde tel qu'il est, avec courage et avec ambition. La France n'est pas finie.


le Mercredi 6 Août 2014 à 15:14 | Lu 5688 fois



1.Posté par Jp JP le 06/08/2014 19:13
Wonderful article Mister JPChevènement : clear, accurate, complete !

Puissent les élites qui gouvernent lire et relire vos propos responsables, sensés, justes, et sages pour enfin agir de façon humaniste (si ce dernier mot existe encore dans sa noblesse originelle).

2.Posté par Emmanuel GILQUIN le 07/08/2014 00:54
Sébastopol en Crimée, c'est une ville et base navale russe depuis le 17° siècle.
C'est le lieu d'une victoire sanglante de Napoléon III, allié des anglais et ......des turcs sur les russes.
En 1870, Bismarck n’avait rien à craindre sur sa frontière est, car les russes qui avaient soif de vengeance, par leur simple neutralité, ont précipité notre pays dans la défaite.
C'est à Sébastopol que nous avons perdu l'Alsace Lorraine........
La France ne manque pas d'imbéciles belliqueux.
On se souviendra autrement des innombrables "boulevards de Sébastopol", à Paris, Lille, etc.

3.Posté par Ramir ARA le 08/08/2014 12:01
Pourquoi ne rejoignez-vous pas le Rassemblement Bleu Marine?
Dans chaque rassemblement il y a des divergences évidemment, mais vous avez bien longtemps participé à des unions avec le Parti Socialiste dont on mesure le fossé qui vous sépare, ne serait-ce que sur la souveraineté.
Un peu de courage s'il vous plait.

4.Posté par Nadia Lallali le 15/08/2014 12:49
Un État palestinien dites- vous ? À côté d’un État Israélien, mitoyen et voisin, vivant en paix dans le meilleur des mondes. J’y étais favorable mais aujourd’hui, mais ce n'est qu'une théorie idéale, mais dont Israël ou plutôt le gouvernement actuel n'en veut pas, je me rends compte aujourd'hui que c’est de la supercherie pour endormir les Palestiniens, les empêcher de réagir et continuer leur extension, en toute impunité. On se rend compte que ces pauvres martyrs palestiniens n'auront jamais la paix avec des personnes aussi avides de domination et d'extension, le sionisme qui est une reconnaissance d’une colonisation débridée et sauvage, représente au contraire un danger pour toute la région, d'autant qu'ils sont armés jusqu'aux dents et qu'ils possèdent même la bombe atomique.En dépit du tollé général mondial, il continue sa sale besogne, sans honte et sans vergogne pour se faire de l'espace, en marchant sur les cadavres.

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