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Entretien à Public Sénat : « Le résultat des plans de rigueur sera une récession généralisée et une crise sociale »


Entretien à Public Sénat, mercredi 5 mai 2010, 15h02.


Entretien à Public Sénat : « Le résultat des plans de rigueur sera une récession généralisée et une crise sociale »
Alors que la Grèce est en proie à de violentes manifestations, après l’annonce d’un plan de rigueur drastique, le sénateur du Territoire de Belfort, ancien ministre et président du MRC, Jean-Pierre Chevènement, préfère une « relance à l’échelle de la zone euro », plutôt que des plans de rigueur. Il dénonce les dirigeants européens qui « ne sont pas à la hauteur » et « enfermés dans une philosophie libérale hyper-orthodoxe ». Entretien.

Public Sénat : La commissaire européenne aux Affaires économiques, Olli Rehn, s’est prononcée, comme Angela Merckel, pour un renforcement du Pacte de stabilité et de croissance, suite à la crise grecque. Vous avez toujours milité au contraire pour son assouplissement. Avez-vous changé d’avis ?
Jean-Pierre Chevènement :
Je pense qu’il faut concevoir la zone euro comme une zone économique susceptible de bénéficier de politiques contracycliques. Les politiques keynésiennes ont réussi à chaque fois qu’elles étaient appliquées dans un cadre vaste. Plutôt que de multiplier les pactes de stabilité qui se traduisent par des plans de récession, il faudrait mieux concevoir des politiques économiques basées sur des relances à l’échelle de la zone euro. Il faut certes que la Grèce fasse des efforts pour rétablir ses comptes. Mais les grands pays devraient faire des efforts pour participer à la relance de l’économie à l’échelle européenne et mondiale.

On ne peut pas programmer dans tous les pays de la zone euro des plans de retour à la rigueur sans que cela ne signifie une récession généralisée dont l’Allemagne fera les frais au final. Elle exporte plus de la moitié de sa production en Europe, donc elle n’a pas intérêt à ce que la croissance européenne soit mise en berne.

Le plan d’aide à la Grèce est-il arrivé trop tard ?
Oui, il aurait pu arriver plus tôt, mais il y a eu des résistances. On a fait le jeu des marchés financiers et de la spéculation. De plus, le taux d’intérêt auquel on prête est trop élevé.

Les dirigeants européens ont-ils été à la hauteur ?
A mon avis, ils ne sont pas à la hauteur. Ils n’ont pas une vue d’économie d’ensemble. Ils sont enfermés dans une philosophie libérale hyper-orthodoxe, qui va leur faire imposer des plans de rigueur. Le résultat sera une récession généralisée, une crise sociale et politique dont je ne vois pas l’issue.

La Grèce pourrait-elle sortir de la zone euro ?
Tout ce qui est fait actuellement est fait pour qu’elle ne sorte pas de l’euro. Mais on ne peut rien exclure. Si elle se retrouve en défaut de paiement, elle peut choisir d’elle-même d’en sortir. Mais ce n’est pas souhaitable. Je ne suis pas pour la politique du pire. La monnaie unique, vis-à-vis de laquelle j’ai été très critique, est une monnaie qui ne repose pas sur une identité politique solide. Mais aujourd’hui, il faut essayer de trouver le moins mauvais remède.

Voir l'entretien sur le site de Public Sénat.


Mots-clés : allemagne, euro, europe, grèce
Rédigé par Chevenement.fr le Mercredi 5 Mai 2010 à 21:58 | Lu 4986 fois



1.Posté par SEDAT Reynaldo le 06/05/2010 11:09
http://lci.tf1.fr/politique/2010-05/cope-propose-de-changer-de-croissance-5841495.html

2.Posté par Elie Arié le 06/05/2010 19:09
Je continue à ne pas comprendre ce sauvetage de la Grèce, puisqu'on sait bien qu'elle ne remboursera jamais: la soi-disant opération juteuse pour les prêteurs de l' UE (qui prêtent à 5 % ce qu'ils ont emprunté à 1,5%) est donc illusoire (ils auraient aussi bien pu prêter à 27%), et de nouveaux plans de rigueur seront nécessaires à l'avenir : ce n'est qu'une fuite en avant, qui ne fera qu'aggraver les choses pour tout le monde.

Je pense de plus en plus que la solution logique aurait été de laisser la Grèce faire faillite, sans qu'elle sorte pour autant nécessairement de l' Euro: elle aurait dû faire les efforts nécessaires pour redresser son économie sans qu'ils lui soient dictés de l'extérieur, les pays de l' UE n'auraient pas dû s'endetter encore plus qu'ils ne le sont pour un prêt qui ne sera jamais remboursé, ce qui ne peut qu'aggraver la spéculation à leur égard.

Cela aurait été très dur pour les Grecs, mais sans doute pas davantage que l'état où ils en seront réduits par des plans de rigueur en cascade; en outre, un plan de redressement dont les modalités sont définies par son État est plus facilement accepté par la population que si elles sont dictées par d'autres États : voir ce qui s'est passé en Argentine, qui a préféré se mettre en faillite que d'accepter le prêt du FMI à cause des conditions qu'il y avait mises.

Bien sûr, les États des pays prêteurs de l' UE auraient dû aider celles de leurs banques très engagées dans l'économie grecque: mais sans doute à un coût moindre, et, cette fois, ils auraient été remboursés avec intérêts: rappelons que les banques françaises ont déjà remboursé l' État de la totalité des sommes qu'il lui avait prêtées en 2009 -avec intérêts, ce qui a constitué finalement une très bonne opération pour le contribuable français.

Les banques françaises engagées dans l'économie grecque n'auraient pas fait faillite: elles auraient eu des pertes, et personne n'a jamais prétendu que l' Etat doit compenser les pertes de ses banques : une banque, ça gagne et ça perd de l'argent, selon les jours et les pays; il aurait dû simplement les empêcher de faire faillite si elles en était menacées, ce qui n'est pas pareil.La Société Générale a perdu beaucoup d'argent avec Kiervel, l' Etat ne l'a pas aidée pour autant.

En outre, cela nous aurait dispensé du discours hypocrite de l'aide à la Grèce par "solidarité européenne" tout en se sucrant au passage, au nom de la morale; quand je demande un emprunt à mon banquier, j'admets très bien que cela lui fasse gagner de l'argent, mais je prendrais assez mal qu'il me dise: "Je vous l'accorde par solidarité entre Français, mais je le fais à un taux élevé pour vous apprendre à mieux gérer vos revenus à l'avenir"




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