Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Lettre à Jean-Marie Colombani



Monsieur le Directeur,
J’ai été très surpris en ouvrant Le Monde daté du 18 janvier de découvrir une « interview » que j’aurais donnée à deux de vos collaborateurs. Celle-ci ne correspond pas au texte que je leur ai transmis (1), mais à la version initiale qu’ils ont tirée de l’entretien oral que je leur ai accordé le lundi 15 janvier.

Ma pensée est d’ordinaire plus concise et la version de cet entretien comporte des inexactitudes gênantes pour un homme politique soucieux de sa propre cohérence. Je n’en donnerai que trois exemples :

C’est au nom de l’intérêt européen bien compris que je propose un compromis entre des positions visant à prendre en compte le poids démographique de chaque pays, positions que je juge normales, et la proposition française d’un « gouvernement économique » de la zone euro. Bref, je souhaite que l’Allemagne privilégie sa vocation européenne plutôt qu’une visée économique « mondiale » dont elle aura de moins en moins les moyens, du fait de la montée de la Chine.

De même, la recherche de convergences sociales et fiscales concerne essentiellement, à mon sens, l’Europe à vingt-sept beaucoup plus que la zone euro à treize.

Enfin, si j’accepte sans arrière-pensée le vote à la majorité qualifiée, c’est essentiellement au niveau du « gouvernement économique » de la zone euro pour l’exercice de compétences ciblées et démocratiquement contrôlées. En tout état de cause je persiste à penser qu’aucun pays ne peut sacrifier un intérêt vital.

Les relations que j’entretiens avec Le Monde n’ont pas toujours été bonnes. Nous nous en étions entretenus le 13 février 1999 à l’époque où j’exerçais les fonctions de ministre de l’Intérieur. Je croyais sans doute naïvement qu’il y avait prescription.

Si je ne mets nullement en cause la bonne foi des deux journalistes, je ne peux m’empêcher de penser, au vu de cette erreur « technique » concernant le texte et du portrait ensommeillé qui l’accompagne (à coup sûr le moins flatteur des vingt clichés pris par votre photographe) que la malveillance du Monde à mon endroit n’est pas éteinte.

Je vous serais obligé de bien vouloir publier cette lettre moins au titre du droit de réponse qu’à celui que tout homme public a de voir correctement traduite sa pensée.

Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, en l’assurance de ma considération distinguée.

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1) Je joins la copie du texte que M. Leparmentier a reçu mardi 16 janvier vers 19h30.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Mercredi 17 Janvier 2007 à 18:54 | Lu 8772 fois



1.Posté par Dominique le 17/01/2007 20:24
Vous marchez sur des oeufs sur le sujet de l'Europe avec tous ces media oui-ouistes ! J'espère qu'avec Ségolène Royale, vous gardez bien les pieds sur terre car vous êtes tout de même très isolé sur le TCE et la majorité des membres imminents du PS ne partagent mais alors pas du tout vos convictions.

Je pense particulièrement à MOSCOVICI qui me paraît particulièrement être un manipulateur pervers qui fait partie de ceux qui regrettent sincèrement qu'on ait demandé l'avis des Français par référendum ! Mais, j'ai aussi entendu Montebourg qui a dit que, bien entendu, Ségolène Royal allait célébré le cinquantenaire du Traité de Rome !

Monsieur Chevènement, je ne connais pas beaucoup les partis politiques qui ne m'intéressent d'ailleurs pas, j'ai toujours beaucoup d'estime pour vous malgré votre décision de rejoindre Madame ROYALE mais je ne vous surestime pas pour autant et ne le faites pas non plus. Soyez prudent et, surtout, n'hésitez pas à démissionner si vos idées ne passent pas !

2.Posté par guillaume le 19/01/2007 02:02
Monsieur Chevènement,

C'est avec regret que j'appris votre décision de retirer votre candidature. Mes regrets ne sont pas moindre alors que déjà débute le déclin programmé de la candidate Ségolène Royal et que vous y participez. De quel humeur vous sentez-vous à l'heure de la campagne participative, cete caricature de démagogie électoraliste, vous qui semblez considérez hautement les décisions politiques et ceux qui les prennent ? Vous plierez-vous à une proposition quelconque, forcément caricaturale, de tel habitant de Sarcelles ou d'ailleurs, formulée via ce diable d'internet, et relayée par les blogers en tous genres, bien silencieux lorsque leur ait donné l'occasion, dans les séances publiques, de prendre la parole ? Vous plierez vous longtemps à cette mascarade, car s'en est une, au point, ceci est drôle au mois, et j'en rends grâce à Mr Montebourg, de provoquer les récents dérapages du porte parole remercié ?

On veut me faire avaler cette idée selon laquelle les discenssion interne au PS sont les conséquences de la volonté de madame Royal de faire de la politique autrement. Je l'ai vue, elle même, défendre cette position ce soir à la télévision ! Ces discenssions sont le reflet de cette pensée chaque jour plus ferme, chez les socialistes, qu'au moment de leur désignation, ils se sont trompés ! Nous allons dans le mur, et ce ne sont pas les sondages qui me le disent. Le sourire de madame Royal ne m'émeut pas. J'attends avec appréhension de la voir confronter aux porte-flingues de Sarkosy lors des débats qui vont tomber. Nous l'avons déjà vu sombrer lors d'une discussion dans le domaine de l'économie. Le reste va suivre... Ce n'est pas une question de sexe, ni même sans doute de compétence, mais juste d'envergure.

De grâce, si vous êtes toujours avec nous, ne démissionnez pas, mettez votre poids dans la balance, et que cela change ! Pour l'envergure vous n'y pouvez rien, mais cette question est maintenant secondaire. Il faut qu'elle passe malgré tout ! J'habite dans un quartier popualire, et dire que les policiers se sont décomplexés depuis le retour de Sarkosy place Beauveau est un euphémisme. Il ne faut plus donner de pouvoir à cette ordure. C'est un malade qui attise les tensions dans un pays qui a besoin de les apaiser. Il va faire sauter le ciment de notre république en se servant de ses idées outre atlantiste. Il n'en faut pas !

Je ne suis pas un "chevènementiste" mais j'ai déjà voté pour vous. Je suis de gauche, et je suis ferme dans mes pensées. Ce n'est pas d'élaborer moi même le programme du candidat dont j'ai besoin, c'est d'apporter, avec ma plus grande conviction, ma force de travail et mon enthousisme à une entreprise collective honnète. Participez-y. Ne vous discréditez pas ! Le temps n'est pas venu pour un personnage comme le votre, caractérisé par ses positions de ministre démissionnaire, de marcher dans ce sillon boueux en suivant la charue charentaise. Devancez là un peu, et semez... N'importe quoi mais semez... Et qu'elle récolte ! Sinon, dans trois mois, ce sera la gueule de bois. Et en bas, dans mon quartier, ce sera chacun chez soi.


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