Verbatim express :
A propos d'une éventuelle intervention militaire contre l'Etat islamique
A propos d'une éventuelle intervention militaire contre l'Etat islamique
- Quelques conditions doivent être réunies pour une intervention militaire contre l'Etat islamique : un mandat des Nations Unies (donc l'accord des principales puissances), réunir les forces nécessaires, et un certain nombre de pays notamment de la région (les pays arabes, mais je pense aussi à l'Iran).
- Chacun sait que l'Etat islamique est aussi en Syrie. Des formes de collaborations avec ce pays devront-être trouvées.
- Cette situation ne résulte pas de rien : elle résulte des ingérences occidentales.
- On a désigné un nouveau gouvernement irakien, rassemblant un peu plus, à côté des chiites et des Kurdes, les sunnites, qui avaient été laissés pour compte. Donc la vraie question, c'est de reconstruire l'Irak.
- Mieux valait influait sur une dictature laïque, qui était quand même sensible à nos pressions, que d'ouvrir un cycle de vingt ans de guerre, qui a probablement causé près d'un million de morts, et qui a détruit un Etat, qu'il va falloir reconstruire.
- Il faut respecter les frontières tracées à la fin de la Première Guerre mondiale. Chacun voit bien qu'il y a deux grandes capitales, Bagdad et Damas. Il est donc normal qu'il y ait deux grands États arabes.
- On oublie constamment que dans cette affaire, ceux qui souffrent de l'islamisme radical, ce sont d'abord les musulmans, et pas seulement les journalistes américains. Bien sûr, j'ai beaucoup de compassion pour eux, mais en même temps ce sont des centaines de milliers de musulmans qui sont assassinés, dont on coupe les mains, les pieds. Il y a aussi les chrétiens d'orient, et les Yézidis. Donc il faut aussi attendre que les musulmans cherchent à se défaire de cette engeance obscurantiste, qui a été trop soutenue par le passé.
- Ce n'est pas aux troupes à terre de l'Occident de réduire l’État islamique. On peut aider les Irakiens, par des frappes aériennes, de différentes manières. Nous devons être là pour les aider, non pour nous substituer à eux. Cela ferait une différence avec les premières guerres d'ingérence de 1991 et 2003.
- Il faut être très prudent avec cette notion d'ingérence. On ne peut pas aller, comme cela, dans un pays, sans l'aval de la communauté internationale. La seule base légale, c'est une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Situation en Libye
- On peut dire de la Libye ce que j'ai dit de l'Irak : cette intervention mal conçue a été détournée de son objectif officiel, la protection des civils, puisque le vrai objectif était le changement de régime. Je ne pense pas que le résultat soit tellement brillant.
- Si le gouvernement légal en Libye appelle au secours, et s'il y a un mandat de l'ONU, je pense que le combat contre l'islamisme radical est un combat pour la civilisation. Mais je pense qu'il doit être mené en priorité par les musulmans eux-mêmes, parce que c'est d'abord leur affaire de séparer le bon grain de l'ivraie.
- Avons nous les moyens de ces interventions ? La situation financière de la France est très tendue. Je pense qu'il ne faut pas donner à l'armée française des tâches qui sont au-dessus de ses moyens. En Afrique elle a fait un travail remarquable.
Conflit en Ukraine
- Il y a quand même des guerres qui s'arrêtent : l'Ukraine, où un accord a été passé, qui prévoit des élections dans les districts de Louhansk et de Donetsk. J'espère que cet accord sera suivi des faits, contrairement aux précédents, de telle manière qu'un compromis puisse intervenir, car nous n'avons absolument pas intérêt à recréer la Guerre froide.
- M. Poutine ne va pas reconstituer l'URSS. Il veut moderniser la Russie, et veut que son pays soit respecté. Naturellement, les responsabilités sont partagées dans cette affaire. C'est l'UE qui a négocié, sans prendre garde à l'environnement géopolitique, un accord d'association avec l'Ukraine. La Russie s'est fâchée après l'accord du mois de février, négocié par les Européens et non respecté, qui a été suivi de l'éviction d'un président corrompu mais élu. Et par conséquent il y a eu l'annexion de la Crimée, qu'on peut regretter parce que non conforme au droit international. Cette situation, il faut essayer de la résorber – M. Porochenko et M. Poutine ont l'air de s'entendre – parce que c'est vraiment l'intérêt de l'Europe.
Crise économique française et européenne
- La situation économique, là encore, était prévisible. Le traité budgétaire européen (TSCG), qui nous oblige à réduire nos déficits tous ensemble, était un traité récessionniste.
- Un jour, il faudra poser le problème avec l'Allemagne, et lui dire qu'elle ne peut pas aller bien, si tant est qu'elle aille bien, si elle triomphe sur les ruines de l'Europe. Ce n'est pas l'intérêt de l'Allemagne. Nous devons aider les allemands à prendre conscience de cette situation, et du danger qu'elle représente.
- Avons-nous des leçons à donner aux Allemands ? Mais nous avons fait des choses dont nous pouvons être fier. Les Français ne sont quand même pas si mauvais, dans beaucoup de domaines !
Sur la situation de Thomas Thévenoud
- Je déconseille aux Français de suivre l'exemple de Thévenoud, qui a payé de lourdes pénalités !
- S'il doit démissionner ? C'est une affaire qu'il doit régler avec sa conscience. Je ne veux pas participer à quelques curées que ce soit, vis à vis d'un homme qui n'est même pas à terre, qui est plus que bas.
Sur les révélations concernant la vie privée de François Hollande
- Je ne commente pas la vie privée, mais je vais vous dire une chose. Je connais François Hollande. Je suis absolument convaincu que François Hollande n'a pas dit ce que Valérie Trierweiler a entendu. Certes François Hollande a un humour ravageur, quelque fois un peu dur, mais il n'est jamais dans l'ignoble. En tout cas moi je ne l'ai jamais entendu dans ce registre. Et je mets gravement en doute ce genre de propos rapportés.
- Le Président est élu jusqu'en 2017. Il y a un gouvernement. Qu'ils réussissent, c'est ce que tous les Français devraient souhaiter. Qu'ils en prennent les moyens, c'est une autre affaire, dont on peut débattre !