Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Le Brexit peut être un service rendu à l'Europe


Communiqué de Jean-Pierre Chevènement, président de République Moderne, vendredi 24 juin 2016


Le peuple britannique n’a pas cédé au chantage et à la peur orchestrés par les milieux économiques dominants. Son vote courageux a montré qu’il mettait la démocratie, c’est-à-dire le contrôle des décisions qui le concernent, au-dessus de tout. L’Angleterre a montré encore une fois son esprit d’indépendance et son caractère qui est justement ce pour quoi nous l’aimons.

Je demande aux dirigeants européens d’accueillir avec fair play et sans esprit vindicatif la décision souveraine du peuple britannique. La négociation d’un statut d’association de la Grande Bretagne au marché unique européen, sur le modèle norvégien, peut intervenir dans les deux ans qui viennent, délai donné par l’article 50 des traités européens.

Surtout, le Brexit peut être un service rendu à l’Europe. Il peut être une deuxième chance donnée à l’idée européenne : celle d’une refondation démocratique qui articulerait la démocratie qui vit dans les nations avec une démocratie européenne qui reste à construire.

Je demande la réunion à bref délai d’une Conférence chargée de redéfinir les institutions européennes et de repenser le modèle de développement qui résulte notamment du traité budgétaire dit TSCG de 2012 et qui plombe la croissance européenne.

Cette Conférence pourrait s’inspirer d’un précédent : celui de la Conférence de Messine qui, après l’échec de la CED, a permis, en 1955, de remettre l’Europe sur les rails et de préparer le traité de Rome. Cette Conférence se tiendrait à vingt-sept, avec un statut spécial d’observateur pour la Grande Bretagne.

N’oublions pas que le peuple britannique est un grand peuple européen et que nous partageons avec lui de très nombreux intérêts communs, notamment dans le domaine de la sécurité, si important aujourd’hui.

Bien entendu, la Grande Bretagne, le moment venu, aura toute sa place dans ce que le général de Gaulle appelait « une Europe européenne », c’est-à-dire une Europe capable d’exister stratégiquement par elle-même et pour elle-même, dans le monde du XXIe siècle.


Mots-clés : brexit, Europe, grande-bretagne
Rédigé par Jean Pierre Chevenement le Vendredi 24 Juin 2016 à 11:56 | Lu 23994 fois



1.Posté par Jules DUNORD le 24/06/2016 19:17
Tout d’abord, quelques mots pour dire qu’il est réconfortant de lire un article de JP Chevènement sur son blog. Près d’un mois sans article et sans le moindre commentaire, le temps paraissait long.

Moi aussi je me réjouis du Brexit et pense qu’il faut revoir les fondations de cette Europe.
Bien évidemment, la finance et les médias, qu’elle a inféodés, vont dire et écrire que c’est un vote populiste (avec tout le mépris qu’ils portent au peuple).

Les Européistes n’ont que la monnaie de leur pièce. Tout peuple, quoi qu’on en dise, tôt ou tard, réagit avec bon sens à condition qu’on leur donne la parole. Les dirigeants Anglais et Européens ne pourront pas s’asseoir sur la décision du peuple britannique comme ont pu le faire la droite et les Pseudos Socialistes après le vote du Non sur le traité de Lisbonne en 2005.

Pour revoir l’Europe (la réformer comme ils disent mais généralement c’est dans l’autre sens, les réformes sont toujours dans le sens de l’intérêt de la finance), il y a d’abord un impératif : révoquer JC Juncker, président de la Commission européenne, véritable truand à la solde de la finance, englué dans l’affaire de Luxleaks (quand on pense que ce sont les lanceurs d’alerte qui sont sur le point d’être condamnés, c’est inadmissible !!).

Les Anglais ont pris leurs responsabilités, c’est maintenant à nos parlementaires de prendre les leurs, en censurant le gouvernement quand celui-ci imposera de nouveau prochainement le 49.3.
Sinon, nous ne pourrons jamais plus les appeler ‘les frondeurs’ mais ‘les profiteurs du système’.

2.Posté par Chantal MIDENET le 25/06/2016 01:00
Merci pour ces mots rassurants Monsieur Chevènement. Droit on vous a connu, droit vous êtes resté, ce qui n'est pas le cas de nombreux élus(es).

Paul Jorion :
https://www.youtube.com/watch?v=wkfg6yot7CE

3.Posté par Gérard PENDARIES le 25/06/2016 12:33
Si le Brexit n’est pas une victoire pour l’Angleterre c’est, à coup sûr un gâchis, une défaite pour l’Europe et un revers pour ceux qui la pilotent : Jean-Claude Juncker, Martin Schulz, Angela Merkel…
Une défaite aussi pour la France et ceux de ses Présidents qui ont laissé s’imposer la technostructure et flotter les rubans :
L’Europe est mal aimée, parce qu’ayant peur de la démocratie, elle s’est construite à côté des peuples, comme une sorte de machine programmée pour servir les tripes plutôt que les cœurs.
David Cameron a perdu : il démissionne. Mme. Merkel remonte au créneau… et Paris se rend à Berlin… Damned !

4.Posté par François Philipson le 25/06/2016 15:47
C'est la sagesse qui parle.Puisse nos dirigeants européens entendre.....mais j'en doute.

5.Posté par Mal Kamit le 25/06/2016 19:02
Un référendum de con par des cons pour des cons???

Ah les idiots !
Ah les imbéciles qui sur une question aussi cruciale ont cru bon quémander l’avis d’un peuple trop ravi de l’aubaine pour ne point déverser dans les urnes leur mesquine frustration, leur petite haine ordinaire, leur racisme étriqué dissimulé derrière de prétendus enjeux économiques.
L’occasion était trop belle.
Pouvoir enfin ouvrir sa grande gueule de pauvre hère de la mondialisation, dire sa peur mille fois irrationnelle d’être envahi par des hordes d’indigènes tout sauf blancs, exprimer son ressentiment face à des élites coupables de parler comme dans les livres et non point avec l’allégresse paillarde des tabloïds.
Ah quelle supercherie

Quel mépris pour la jeunesse, quel crachat adressé aux générations futures, quelle victoire de l’ostracisme, du moi d’abord, du repli identitaire, mère de toutes les tragédies qui, tôt ou tard, plongeront à nouveau l’Europe dans la nuit noire de l’Histoire.
Quelle stupidité d’avoir cru à ces bonimenteurs professionnels, à ces cyniques europhobes capables de sortir n’importe quelle énormité, de dire tout et son contraire, d’inventer des chiffres extraits de nulle part et de découvrir, effarés, qu’un grand nombre de citoyens adhéraient à de telles fariboles, les adoptaient et les recrachaient comme des perroquets incontinents.
Quelle légèreté, quelle inconséquence des dirigeants anglais d’avoir permis au peuple de s’exprimer sur un sujet qui le dépassait de mille coudées, sollicitait du bon sens et du pragmatisme, nécessitait de mettre de côté ses intérêts particuliers et de penser au-delà des frontières.
On dira que le peuple n’a jamais tort et on dira une belle sottise.
Combien de camps de concentration, de génocides, d’holocaustes faudra-t-il encore pour se convaincre qu’il n’y a rien à attendre de l’homme, que si vous le laissez exprimer le fond de sa pensée, immanquablement, il vous précipitera dans le ravin où il pourra enfin assouvir sa soif de vengeance, de meurtre, de haine ?

N’avez-vous pas compris qu’avec l’émergence des réseaux sociaux, ces raccourcis de la pensée, vous pouvez désormais en trois syllabes séduire n’importe quel clampin et lui promettre le grand soir ?
Quand comprendrez-vous que la capacité réflexive d’un individu lambda frôle le néant, que la vie intellectuelle d’une personne se résume bien souvent à la fréquentation d’un journal télévisé aseptisé, à la lecture de livres destinés à soigner leurs hémorroïdes par les plantes, à s’ingurgiter des films avec des super-héros d’une débilité sans nom, à se passionner pour des émissions de télé-réalité qui déshonorent le genre humain, à cogner sur leur conjoint, à pisser dans le jardin du voisin, à abandonner leur chien sur une aire d’autoroute ?
Et c’est à ces mêmes gens que vous allez demander ce qu’ils peuvent bien penser d’une sortie de l’espace européen, problématique d’une infinie complexité ?
Ces mêmes gens qui diraient oui au rétablissement de la peine de mort, approuveraient le recours à la torture, applaudiraient la mise en détention de n’importe quel individu un tantinet suspect, ne trouveraient rien à redire si demain on commençait à interdire certaines professions à des personnes à la peau trop foncée pour être honnêtes, consentiraient à parquer dans des camps des familles entières au nom de la préservation de leur race.

C’est parce qu’il faut désespérer de l’homme qu’il est impératif de le consigner à l’intérieur de ses tristes pensées.

Faute de quoi, vous vous préparez à des lendemains amers, à des réveils douloureux et à des gueules de bois épouvantables.

Santé.

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