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Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Journal du Dimanche : «Sarkozy trompe les Français»


Propos recueillis par Denis Boulard, Le Journal du Dimanche au quotidien (Lejdd.fr), dimanche 2 décembre 2007.


Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Journal du Dimanche : «Sarkozy trompe les Français»
Dimanche après-midi, Jean-Pierre Chevènement organise avec des personnalités de gauche comme de droite, notamment Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) un "rassemblement national pour un référendum" sur la Constitution européenne(*). Il explique au JDD le pourquoi de cette initiative. Et égratigne au passage la "très dangereuse" politique de Nicolas Sarkozy.

Vous vous retrouvez aujourd'hui sur la même tribune que Nicolas Dupont-Aignan pour appeler à un nouveau référendum sur l'Europe, c'est l'ouverture façon Chevènement?
C'est surtout l'ouverture anti-Sarko! Dans un vrai déni de démocratie, Nicolas Sarkozy tente de faire entrer la Constitution européenne par la lucarne parlementaire alors que les citoyens français, le 29 mai 2005, l'ont mise dehors par la grande porte du suffrage universel ! Notre objectif commun est clair: nous ne voulons pas que le Président de la République s'assoie sur le vote des Français. Il n'a pas, pas encore, l'indispensable majorité des 3/5 des députés et sénateurs pour modifier notre Constitution. A nous, les Républicains, de le contraindre à passer par la seule voie qui vaille en démocratie: celle du referendum! C'est possible! Il suffit que les parlementaires fassent aujourd'hui ce qu'ils ont dit hier... Je demande ici aux élus socialistes de ne pas renier l'engagement pris par leur parti et à sa candidate à la présidentielle, Ségolène Royal, de passer par la voie du referendum. Pour s'opposer efficacement, le Parti socialiste doit être au clair avec ses idées.

Pourquoi êtes-vous contre ce "traité simplifié"?
D'abord, il n'est pas simplifié: il est complexifié. Ce texte de 256 pages est un empilement d'amendements totalement illisibles! Ce n'est pas un mini-traité, c'est une "maxi-traîtrise": avec lui, la France perd 25% de son poids face à l'Allemagne, la Commission européenne et la Cour de Justice étendent encore des pouvoirs déjà colossaux, l'alignement sur la politique des Etats-Unis est complet et rien n'est fait pour rompre un carcan social de plus en plus étouffant avec un euro à 1,5 dollar. Bref, Nicolas Sarkozy trompe les Français sur la marchandise!

Quel jugement portez-vous sur la pratique politique de Nicolas Sarkozy?
Nicolas Sarkozy a une pratique très dangereuse de nos institutions. Avec lui, le pouvoir se résume à un seul homme, c'est-à-dire lui, pour les grandes affaires comme pour les petites. En agissant ainsi, il use tout autant nos institutions que lui-même. Cet activisme tous azimuts commence d'ailleurs à fatiguer l'opinion, il suffit de regarder le début de désaffection qui le frappe dans les sondages. Cet activisme le conduit également à tenir des propos caricaturaux, notamment sur la police de proximité. Les récents affrontements en banlieue parisienne prouvent, si besoin était, que les forces de l'ordre, durement frappées en la circonstance et auxquelles je rends hommage, ont un rôle à jouer en matière de prévention et de dissuasion autant que de répression. C'est plus qu'une erreur de doctrine! C'est une faute!

(*)Maison de la Chimie (75007), à partir de 15H00

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Lire l'entretien sur le site du JDD


Rédigé par Chevenement.fr le Dimanche 2 Décembre 2007 à 00:01 | Lu 7028 fois



1.Posté par la fourmi rouge le 02/12/2007 12:18
Cher Jean-Pierre,

Comme je préfère ce positionnement, où même si vous griffez au passage vos [anciens] alliés, vous ne vous trompez pas d'adversaire !
Je respire. Merci pour ce recadrage.

Bien à vous.

2.Posté par Xavier DUMOULIN le 02/12/2007 13:46
Détonant comme le Che !
Ce devait être après la première guerre du Golfe, dans une phase de préparation du congrès socialiste de l'Arche de la Défense, ce congrès qui liquida, pour l'essentiel, dans ce que l'on appellait alors ” le nouvel aggiornamento “, les idées qui accompagnaient la stratégie d'Epinay. Mandaté par mes amis, j'assistais à une assemblée extraordinaire de S et R (Socialisme et République ) qui consacra largement la posture du “courant” pendant la guerre - entendez aussi celle de Jean Pierre Chevènement, alors ministre démissionnaire - et se jura solennellement dans une motion vigoureuse, adoptée par la quasi-unanimité des congressistes, de préserver le flambeau du socialisme français. La déclaration pathétique du regretté Pierre Guidoni - lequel avait déclenché la crise en votant avec d'autres secrétaires nationaux du PS appartenant au courant une motion cautionnant la stratégie présidentielle sur le dossier du Golfe - ne manqua pas de grandeur et de dignité et fut accueuillie à cet égard avec beaucoup d'applaudissements de la part de la centaine de participants présents. Pierre Guidoni étant appellé à de nouvelles fonctions d'ambassadeur se refusa alors à faire entendre sa voix discordante de la nôtre sur la politique du courant républicain. Le lendemain, une nouvelle rencontre plus large, à laquelle participait au premier rang, à côté de l'ancien ministre de la défense, Julien Dray, fut l'occasion pour Michel Charzat, l'homme orchestre de la préparation du Congrès de l'Arche, de vitupérer contre notre orientation. Retenu la veille dans une réunion du parti, il n'avait pu se démarquer alors et son absence traduisait même une certaine distance d'avec les enjeux qui nous poussaient à une telle démarche sous l'impulsion de Jean Luc Laurent, bras droit de Jean Pierre Chevènement. Charzat, cet intellectuel brillant, jadis contempteur d'un dogme sclérosé et apôtre d'un marxisme vivant d'inspiration gramscienne, réhabilitant même la pensée d'un Georges Sorel, devait quelque peu s'embourber dans les affres d'une pensée complexe qui désarma bel et bien les socialistes français en liquidant leurs références sans leur donner une vision nouvelle à la hauteur des défis du temps de la mondialisation libérale et de l'unilatéralisme. Il eut ce jour là un mot qu'il voulut cruel à l'encontre de Jean Pierre et de Julien Dray dont la présence témoignait de son soutien à la posture de Chevènement en rupture avec le président Mitterrand sur la diplomatie française “en charentaise” : ” à chacun son vieux” ou bien, je ne me souviens plus exactement, ” on a le vieux qu'on peut ” à moins que ce ne fut ” qu'on mérite “! Quelque fut son intention, cette critique jeuniste n'était à vrai dire pas aimable à l'endroit du président Mitterrand envers lequel nous n'avions jamais manqué au respect que nous lui gardions.

En me remémorant cet épisode et la charge mentale qui fut la nôtre dans cette période de démarquation jalonnée de scrupules, de réflexions et de beaucoup de courage - nous savions que cette posture engagerait durablement notre vie militante qui basculait dans les marges de la gauche, avec tout ce que cela peut signifier en terme de sacrifices personnels lorsque l'on aspire à des responsabilités politiques - je sais gré à Jean Pierre Chevènement de cette lucidité et de ce courage à toute épreuve. Ils permirent à notre courant d'oeuvrer de manière décisive à l'unité de la gauche dans tous les grands moments de la vie du parti antérieure à l'exercice du pouvoir ( j'ai la mémoire encore fraîche des débats préparatoires au congrès de Metz quand il s'agissait alors avec le premier secrétaire de l'époque de préserver la ligne d'union de la gauche…). Ils nous mirent ensuite en capacité d'aborder en toute autonomie du PS la question européenne, à commencer par le refus des traités de Maastricht et d'Amsterdam jusqu'à celui de la constitution européenne en 2005. Avec ” ce diable de CERES “et son mentor, nous en aurons traversé des périodes difficiles dans lesquelles rien n'est acquis alors même que se joue une bonne part du destin de la République avec celui de la gauche. Notre plus grande satisfaction n'est-elle pas de nous retrouver aujourd'hui auprès de ceux-là mêmes qui considéraient avec sévérité notre dénonciation des renoncements qui ouvrèrent la voie à tant de désarrois?

Et nous voici revenus à l'heure d'un combat essentiel : celui de l'exigence d'un nouveau référendum pour permettre au peuple souverain de trancher le débat qui nous anime sur le traité européen. Une fois encore Jean Pierre Chevènement ne se dérobe pas. Cet après-midi il sera là, Maison de la Chimie pour expliquer aux côtés de personnalités de différentes sensibilités les raisons de ce nouvel engagement contre ce déni de démocratie. Cette initiative rassemble des hommes et des femmes d'horizons divers. Je ne doute pas de la capacité de Jean Pierre Chevènement à crédibiliser cette perspective de référendum qu'il nous faut exiger becs et ongles du président avec les citoyens de ce pays. Une fois encore des voix éclairées en appelleront à la conscience du socialisme français pour qu'elle réveille son âme, et avec elle, celle du Peuple de France. Ces voix détonantes devraient être celles de toute la gauche et, même au-delà, de tout ce qu'il reste de sensibilités authentiquement républicaines, en ce triste anniversaire du coup d'Etat de Napoléon le petit. Il y a encore beaucoup d'esprits à convaincre de réagir avec force et détermination au déni de démocratie mais le chemin est aujourd'hui ouvert pour préserver l'avenir. N'attendons pas la suite, préparons la ensemble dans l'unité en sortant, s'il le faut, les dirigeants de leur torpeur! Les mots de la fidélité à nos principes républicains contre les maux de la trahison des élites, c'est toujours la meilleure façon d'avancer depuis des dizaines de générations de militants en détonant en choeur pour ouvrir l'avenir!


3.Posté par la fourmi rouge le 02/12/2007 14:36
Xavier je vaus ai laissé un petit mot sur sr07. Amicalement.

4.Posté par Instit le 02/12/2007 15:51
Dernier pointage : à gauche, 52 parlementaires voteraient NON lors du Congrès à Versailles :

32 députés :

Jean-Paul BACQUET, député PS du Puy de Dôme
Jacques BASCOU, député PS de l’Aude
Christian BATAILLE, député PS du Nord
Martine BILLARD, députée Verts de Paris
Christophe BOUILLON, député PS de Seine Maritime
Alain BOCQUET, député PCF du Nord
Patrick BRAOUZEC, député PCF de Seine Saint Denis
Marie-George BUFFET, députée PCF de Seine Saint Denis
Jacques DESALLANGRE, député apparenté PCF de l’Aisne
Marc DOLEZ, député PS du Nord
Christian ECKERT, député PS de Meurthe et Moselle
Hervé FERON, député PS de Meurthe et Moselle
Valérie FOURNEYRON, députée PS de Seine Maritime
Jacqueline FRAYSSE, députée PCF des Hauts de Seine
David HABIB, député PS des Pyrénées atlantiques
Sandrine HUREL, députée PS de Seine Maritime
Christian HUTIN, député MRC du Nord
Serge JANQUIN, député PS du Pas de Calais
Régis JUANICO, député PS de la Loire
Jean-Pierre KUCHEIDA, député PS du Pas de Calais
Jérôme LAMBERT, député PS de Charente
Jean-Claude LEROY, député PS du Pas de Calais
François LONCLE, député PS de l’Eure
Kleber MESKIDA, député PS de l’Hérault
Jean MICHEL, député PS du Puy de Dôme
Alain NERI, député PS du Puy de Dôme
Marie-Line REYNAUD, députée PS de Charente
Chantal ROBIN RODRIGO, députée PRG des Hautes-Pyrénées
Marcel ROGEMONT, député PS d’Ile et Vilaine
Jean-Claude SANDRIER, député PCF du Cher
Jacques VALAX, député PS du Tarn
Alain VIDALIES, député PS des Landes

20 sénateurs :

Eliane ASSASSI, sénatrice PCF de la Seine Saint Denis
François AUTAIN, sénateur MRC de Loire-Atlantique
Maryse BERGE LAVIGNE, sénatrice PS de Haute Garonne
Michel BILLOUT, sénateur PCF de Seine et Marne
Nicole BORVO COHEN SEAT, sénatrice PCF de Paris
Alima BOUMEDIENE-THIERY, sénatrice Verts de Paris
Robert BRET, sénateur PCF des Bouches du Rhône
Pierre Yves COLLOMBAT, sénateur PS du Var
Annie DAVID, sénatrice PCF de l’Isère
Jean DESESSARD, sénateur Verts de Paris
Evelyne DIDIER, sénatrice PCF de la Meurthe et Moselle
Michel DREYFUS SCHMIDT, sénateur PS de Belfort
Alain JOURNET, sénateur PS du Gard
Guy FISCHER, sénateur PCF du Rhône
Josiane MATHON POINAT, sénatrice PCF de la Loire
Jean-Luc MELENCHON, sénateur PS de l’Essonne
Jean-Pierre MICHEL, sénateur PS de Haute-Saône
Ivan RENAR, sénateur PCF du Nord
Bernard VERA, sénateur PCF de l’Essonne
Jean-François VOGUET, sénateur PCF du Val de Marne.

A droite, 14 parlementaires voteraient NON lors du Congrès à Versailles :

9 députés voteraient NON :

- 1- Véronique Besse (proche de Villiers, non-inscrite),
- 2- Gilles Bourdouleix (UMP mais proche de Villiers),
- 3- Nicolas Dupont-Aignan (non inscrit),
- 4- Patrick Labaune (UMP mais proche Dupont Aignan),
- 5- Lionnel Luca (UMP),
- 6- Jacques Myard (UMP),
- 7- Philippe Pemezec (UMP),
- 8- Joel Sarlot (apparenté UMP),
- 9- François-Xavier Villain (proche Dupont Aignan).

5 sénateurs voteraient NON :

- 1- Philippe Darniche (proche de Villiers)
- 2- André Lardeux
- 3- Charles Pasqua
- 4- Bruno Retailleau (proche de Villiers)
- 5- Bernard Seillier.

52 parlementaires de gauche + 14 parlementaires de droite = 66 parlementaires démocrates. Sur un total de 908 parlementaires, ça ne fait vraiment pas beaucoup. Ca fait 7 % de parlementaires démocrates, et 93 % de parlementaires anti-démocrates.

5.Posté par Marcel Marçais le 02/12/2007 18:05
Comment ne pas se réjouir des accents mendèsiens de cet article. Au moment où les institutions s'évanouissent et le rang de la France est minoré dans le traité proposé à la ratification parlementaire,il semble souhaitable de s'inspirer de la lucidité et du courage de Pierre Mendès-France.
Les dérives monarchiques des institutions et fédéralistes pour la construction de l'Europe se déroulent depuis plus de cinquante ans.En cautionnant ces errements,à jouer à malin,malin et demi avec eux,la gauche se meurt. En effet ces pratiques sont antinomiques à son éthique républicaine et aboutissent à ce que la France est de moins en moins son horizon.A gauche Pierre Mendès- France combattait ces abandons.Cet enseignemment peut être la référence cardinale et la condition fondamentale voire sine qua non de la renaissance de la vraie et la seule gauche.l

6.Posté par Claire Strime le 04/12/2007 13:35
la presse américaine apprécie M.Sarkozy et reste vigilante pour l'"affirmative action":
http://www.iht.com/articles/2007/12/03/europe/politicus.php


7.Posté par Claire Strime le 05/12/2007 18:47
Que devrait être une politique républicaine? Le point de vue du député-maire communiste de Vénissieux, placé plus que d'autres, en "première ligne" face au chaos social:
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-986104,0.html




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