Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Tous mes voeux, M. Sarkozy


«Je suis convaincu, a déclaré M. Sarkozy, que je dois rassembler et apaiser ». Faut-il voir dans cette déclaration un début d’autocritique ? Car M. Sarkozy ne rassemble pas ; il divise. Il n’apaise pas. Il suscite les conflits.



Les émeutes urbaines de 2005 illustrent la faillite de sa méthode. M. Sarkozy a sciemment détruit la police de proximité dont la nécessité avait été reconnue, en premier, par Charles Pasqua dans la loi d’orientation et de programmation de la sécurité de janvier 1995 et que j’ai conçue et mise en œuvre à partir de 1999-2000 : une police territorialisée, avec des commissariats de secteur, du « bleu » dans les quartiers, une police citoyenne qui connaissait la population et était connue d’elle, une police à la fois préventive et répressive, agissant en partenariat avec les gardiens d’immeubles, les principaux de collège, les commerçants etc... dans le cadre de contrats locaux de sécurité, bref une police républicaine.

A Toulouse, où cette police de proximité avait rétabli le calme, en particulier dans le quartier du Mirail, M. Sarkozy a déclaré devant les caméras en février 2003 : « La police n’est pas là pour faire du social et pour jouer au foot avec les gamins des quartiers. Elle est là pour interpeller ».

Et il a révoqué le Directeur de la Sécurité Publique, le Commissaire Havrin, malgré les protestations du maire, M. Douste-Blazy.

On a vu le résultat : des interpellations à l’aveuglette, une tension croissante dans les quartiers, une recrudescence continue des agressions contre les personnes, l’explosion de la délinquance des mineurs, etc.

M. Sarkozy est dangereux. Il semble, d’après ses propos, qu’il commence à s’en rendre compte. Les Français l’ont compris, eux, depuis longtemps : ils lui donneront un repos mérité pour calmer son agitation et lui permettre plus de réflexion.

Ce sont les vœux que je forme pour Nicolas Sarkozy en 2007.


Mots-clés : nicolas sarkozy
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Vendredi 12 Janvier 2007 à 10:58 | Lu 4327 fois



1.Posté par Clémence le 12/01/2007 15:56
Je suis tout à fait d'accord avec vous à propos de la politique de monsieur Sarkozy en tant que ministre de l'interieur.
Son bilan qu'il ne cesse d'évoquer, glorieux, à la presse, cache en fait une situation dramatique. Le mot "rupture" lui va très bien.

Je ne vis pas dans des quartiers à problemes ou sensibles, je n'ai pas et n'aurai certainement jamais le même rapport avec la police ou les CRS que des jeunes de banlieue, et pourtant, depuis un peu plus d'un an maintenant, je ne peux réprimer ma colère quand je vois des policiers pratiquer des contrôles d'identité en pleine journée, dans la rue la plus fréquentée de ma ville, à l'aveuglette. Des policiers qui interpellent deux jeunes d'une vingtaine d'années, les fouillent, leur demandent leurs papiers, les tutoient d'office, et après consultation du central, s'en vont sans même un mot d'excuse ou un "aurevoir"...Tout cela devant les yeux ébahis des passants. Comment s'empecher alors de penser à mal? De comprendre la situation de jeunes de banlieues qui se font controler deux à trois fois en une journée?
La rupture signée Sarkozy est une réussite.
Vraiment.

2.Posté par SCHELLHORN Jacques le 12/01/2007 18:43
D'accord avec les propos de Jean Pierre Chevènement. En Corse, Sarkozy n'a ni rassemblé ni apaisé!. La dernière visite ministérielle et électoraliste le 5 janvier 2007 s'est soldé par 6 attentats, des désordres dans tous les régions insulaires et une grande manisfestation séparatiste prévue demain aprés midi à Bastia avec les risques de débordements violents en fin de cortège... Cette visite a causé aussi un mort, un blessé grave et trois mis en examen dont le président du syndicat agricole nationaliste. Merci monsieur Sarkozy pour l'apaisement insulaire!

3.Posté par Jorg Schumacher le 12/01/2007 19:38
Tout à fait d'accord avec ce commentaire, maintenant tout le monde a l'impression que le ton que certains policiers utilisent envers les citoyens a évolué d'une manière déplorable. C'est une expérience que partagent le jeune de banlieu soumis à des contrôles fréquent avec l'automobiliste qui se fait traiter en criminel pour des bagatelles.
Les gendarmes et policiers méritent le respect, car il font l'un des métiers les plus difficiles, mais un peu de politesse et de sensibilité serait parfois de mise.

4.Posté par Baulard le 12/01/2007 22:52
La rupture de M. Sarkozy existe, elle est tous les jours dans le gouffre qui sépare la droite au pouvoir total et absolu (Présidence, Gouvernement, Parlement, Sénat, Conseil constitutionnel, Conseil d'Etat) et le peuple quie ne cesse d'expérimenter les dérives de ce pouvoir dans sa vie de tous les jours: Contrôles policiers ou le tutoiement est de rigueur (j'ai 45 ans et suis dirigeant d'entreprise et cela fait drôle de se faire tutoyer par un gendarme, qui vous fait souffler deux fois dans un ballon car il est convaincu qu'au sortir d'un restaurant vous êtes en état d'alcoolémie).

C'est la culpabilisation du chômeur qui s'arrange pour etendre une indemnisation et que l'on traite de voleur, quand les responsables du désastre du Crédit lyonnais dirigent encore des banques ou des institutions financières européennes.

C'est le matraquage de l'age de la retraite pour ceux qui ont travaillé dur quand Un patron se fait verser une retraite chapeau de plus de 150 millions d'euros!.

Voila la rupture de M. Sarkozy elle est flagrante et elle est déja la.

Cordialement

Gilles



5.Posté par vitte le 13/01/2007 16:42
Cher JPC, vous ne faites pas écho au différend ( ?) opposant Catherine Colonna et JL Debré au sujet de l’absence du (prétendu) drapeau européen au coté du nôtre à l’Assemblée Nationale (cf Figaro du 11/ en bref. P.8).
Et pourtant, il y aurait de quoi. Les défenseurs de la Nation, si rares ou si muets, ne doivent-ils pas être salués sans sectarisme, où qu’ils se trouvent ? Que le « tout ce qui est national est nôtre » du duc d’Orléans vous inspire !
Et, de grâce, assez de contresens sur Ch.Maurras que Zeev Sternhell, auquel vous vous référez (La faute de M.Monnet-Ch.3), ne suffit pas à connaître. Lui auriez-vous attribué la paternité des lignes suivantes (L’ordre et le désordre) : « Notre phase des nationalités ouverte par la Réforme et la Révolution , est une décadence. Il n’y a pas à se faire d’illusions, le genre humain n’est pas en progrès depuis qu’il est resserré dans les cadres strictement nationaux. L’humanité civilisée avait jadis pour limite et pour garantie la chrétienté catholique: un esprit religieux aussi vaste que le monde. Cette garantie et cette frontière se sont rétrécies à la mesure des nationalités. C’est une perte, mais on aurait une perte plus grande si les nationalités venaient à être détruites. L’humanité y perdrait ses dernières défenses, et voilà tout. Si vous en doutez, vous pouvez vous rappeler ce qu’était devenue l’humanité en Belgique et dans la France envahie, quand elle n’était plus soutenue par des magistrats et des lois autochtones. L’esclavage africain y est rétabli, ni plus ni moins, par la nation victorieuse aux dépens des nations vaincues.
Au siècle des nationalités où nous sommes, notre devoir premier est de renforcer, d’armer et de cuirasser la nôtre : ou nous serons mangés, digérés, consommés. »
« on les aura »
un supporter de 2002

6.Posté par Daniel V le 14/01/2007 20:51
Bonjour,
je navigue sur les sites Web des candidats à l'élection et je m'étonne de constater que je ne peux pas poser de question sur le site se Ségolène Royal. M. Chevenement, je regrette que vous ne vous présentiez pas. Je vous trouve tellement intelligent, travailleur, à l'écoute et connaissant les dossiers que vous évoquez, que vous auriez fait un excellent Président aujourd'hui ou bien plutôt, dommage, car à présent, je crois qu'il est trop tard...

7.Posté par Xavier DUMOULIN le 14/01/2007 21:47
Il vous l'affirme dans les yeux. "J'ai changé". Bien conseillé M. Sarkozy veut se défaire d'une réputation encombrante qui ne fait plus recette. Comment masquer son ultra-libéralisme à une France en butte aux exclusions, au chômage, à la précarité et à la vie chère? Le candidat pousse l'audace jusqu'au sacrilège. Il a paraît-il oser citer Jaurès; l'homme de l'unité d'une vie toute entière tournée vers l'émancipation humaine. Nous ne ferons pas davantage écho aux applaudissements imbéciles de ceux qui l'écoutaient.


8.Posté par rajeev le 15/01/2007 02:01
Bonjour,
Quand on lit les propos, toujours de haute tenue, de J.P Chevènement on peut certes regretter qu'il ne se présente pas . Mais était-il en situation ? Sanbs doute pas. Dans ces conditions, le soutien de M. Chevènement à Mme Royal, dont les positions rejoignent celles, défendues depuis lontemps et avec constance par J.P Chevènement, est normal. Ce dernier a bien raison de souligner la dangerosité de Nicolas Sarkozy qui, quoi qu'il s'en défende aujourd'hui, défend bien un projet libéral, atlantiste et communautariste, si éloigné des idéaux républicains pronés par J.P Chevènement et progressivement par Ségolène Royal.
Dans ces conditions, on ne peut être que surpris de voir Max Gallo, compagnon de route de J.P Chevènement, qui a si souvent porté haut les valeurs gaullistes et républicaines, prendre sur France Culture la défense de Nicolas Sarkozy et tenir sur RTL des propos sévères pour ne pas dire désobligeants à l'égard de Ségolème Royal.
On aimerait savoir ce qu'en pense J.P Chevènement.


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