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Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Libération : «La gauche doit savoir où elle habite»


«La gauche doit savoir où elle habite», propos recueillis par Renaud Dély, Libération, mardi 8 mai 2007.


Libération : Cette défaite, c'est la faute de la candidate, de la stratégie, du projet ?
Jean-Pierre Chevènement : Très clairement, ce n'est pas de la faute de la candidate, qui a donné le meilleur d'elle-même. C'est le résultat de l'état relatif de la gauche et de la droite. Nicolas Sarkozy a su, depuis des années, détourner un certain nombre de valeurs républicaines : le travail ­ c'est un comble ! ­ l'effort, le mérite, la nation même, valeurs que la gauche n'aurait jamais dû laisser choir. Notre candidate a cherché à les récupérer. Elle a insisté sur l'indissociabilité des droits et des devoirs, le «gagnant-gagnant», le refus de l'assistanat. Mais elle ne pouvait, à elle seule, pallier en peu de mois l'insuffisance d'une réflexion et d'une action collectives.

Une panne qui remonte au désastre du 21 avril 2002 ?
Bien avant. Depuis la fin des années 80, le PS n'a pris aucune distance avec son tournant social-libéral. Il ne l'a ni critiqué, ni assumé. Il n'a pas fait sa conversion républicaine, il a fait, sans le dire, sa conversion libérale. Les socialistes auraient pu prendre le temps de trier le bon grain de l'ivraie. Mais, sous François Mitterrand, c'était le règne des «Commandements de Dieu». Puis vint l'époque d'un «droit d'inventaire» qui, de fait, n'a jamais été exercé. Enfin, depuis le 21 avril 2002, la gauche s'est tétanisée. Il n'y a pas eu de critique réfléchie des années 1997- 2002. Cette période est devenue taboue. Ségolène Royal a été amenée à faire des avancées qui étaient plutôt des échappés belles mais solitaires, sur des questions comme la République, la nation, dont on ne parlait plus beaucoup à gauche depuis longtemps, la sécurité ou l'Education.

Avec «l'ordre juste», ou l'autorité, certains reprochent à Royal de s'être placée sur le terrain de l'adversaire...
C'est une erreur fondamentale. Historiquement, ce sont des valeurs républicaines. Mai 68 a été un moment de l'Histoire mais il serait absurde de lui opposer Jules Ferry. Moi-même, j'ai souhaité que l'école de la République relève les défis de la modernité dès que je suis devenu ministre de l'Education en 1984. L'habileté de Sarkozy a été d'enfermer la gauche dans cette caricature de laxisme et d'esprit soixante-huitard. La gauche n'avait pourtant aucune raison de se laisser ainsi «encager». Sarkozy a exploité abusivement les incidents de la gare du Nord en rejetant Ségolène Royal du côté des délinquants. Sarkozy a amalgamé dans une sorte d'enclos les immigrés, les «assistés» et les délinquants, en dressant contre eux la masse des «honnêtes gens», comme on disait au XIXe siècle. C'est la technique classique du bonapartisme : «Que les méchants tremblent et que les bons se rassurent !»

Alors, sur quelles bases refonder la gauche ?
Il faut que la gauche récupère la République, dont les valeurs sont aussi le travail, la liberté, la laïcité, le refus des communautarismes, le patriotisme, etc. Elle doit se réapproprier le regard républicain, qui s'oppose au regard ethnique et voit dans l'autre ses qualités avant de voir s'il a le cheveu crépu ou la tignasse blonde. Il est nécessaire de trouver ces «points justes» qui permettront à la gauche de reconquérir une hégémonie culturelle.

Redoutez-vous que les dirigeants du PS veuillent «rénover» la gauche en s'inspirant de Tony Blair ?
Sur beaucoup de choses, Tony Blair n'a pas eu tout faux, par exemple sur les services publics. Et je l'ai moi aussi souvent cité : «Dur avec le crime, dur avec les causes du crime.» Mais on ne peut pas importer en France le modèle britannique. Depuis deux siècles, le modèle français, c'est le modèle républicain. La gauche doit se doter d'un projet ouvert à ceux qui se disent sociaux-démocrates, communistes, radicaux, démocrates, chrétiens progressistes et, bien sûr, aux républicains de tradition socialiste, qui sont beaucoup plus nombreux que les adhérents du MRC.

Vous souhaitez un nouvel Epinay ?
A terme, oui. Le cycle inauguré en 1971 s'est achevé. Il n'y a plus de bipolarité du monde. L'influence du PCF est résiduelle. Cela ne veut pas dire qu'il faille plier devant la globalisation, la dictature de l'actionnariat, le capitalisme financier sans frontières. Il faut comprendre le monde pour le transformer. La gauche française manquerait à sa vocation si elle n'était que gestionnaire. Il faut trouver le centre de gravité d'un grand parti de gauche, rassembleur, qui renoue avec un débat d'idées qui nous a beaucoup manqué depuis une vingtaine d'années.

Ce parti pourrait-il se tourner vers le centre ?
Il ne doit exclure aucune stratégie d'alliances, mais les alliances ne viennent qu'après. Avant de pratiquer l'ouverture, il faut savoir où l'on habite, sinon l'on n'est qu'un camp volant. Je suis contre une gauche sans domicile fixe. Bâtir un nouveau parti réformiste ? Pourquoi pas. Mais avec une grille de lecture du monde et la volonté de le changer.

Quel rôle doit jouer Royal ?
Elle a un rôle évident. On ne rassemble pas impunément 17 millions d'électeurs. Mais je crois à la force de l'élaboration collective.

Vous souhaitez des états généraux de la gauche ?
Pourquoi pas ? Mais il faut que ce genre de rendez-vous soit bien préparé. Quelle perspective pour la France dans la mondialisation ? Telle est la question à laquelle la gauche doit répondre. Il y a dans la société française un bouillonnement qu'il faut savoir capter. Nous avons su le faire, sur un projet, lors du congrès d'Epinay. Il faut le refaire. Pour ma part, j'y consacrerai mes efforts.

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L'entretien sur le site de Libération


Rédigé par Chevenement.fr le Mardi 8 Mai 2007 à 08:17 | Lu 7633 fois



1.Posté par chonavel le 08/05/2007 11:02
Le hic ,est que certains ,chez les Socialistes,savent exactement où ils habitent.C'est la raison pour laquelle DSK fait des appels du pied en direction de la "sensibilité" centriste du PS (en cllair l'aile droite)
pour concrétiser un ticket peut-être gagnant avec Mister Bayrou.
Son Mouvement Démocratique semble tout trouvé pour abriter "ses nouveaux adhérents".Cela ne m'étonnerai pas qu'une scission au sein du PS se prépare avec à sa tête un DSK au mieux de sa forme centriste ! Le pire c'est que l'on ne manque pas de clients sérieux chez les Socialistes.Au moins cela aura le mérite d'être clair et peut définir une base sérieuse pour lancer un mouvement politique à gauche reunissant toutes les composantes qui ne se
reconnaissent pas dans la "philosophie" Sociale-Démocrate.

2.Posté par Alexandre le 08/05/2007 13:19
Peut-on m'expliquer les différences entre la gauche française et les travaillistes britanniques ? Merci.

3.Posté par Bouchard le 08/05/2007 16:13
Alexandre pose un vaste débat.Le manifeste du new labour de 1995 de Tony Blair est avant tout reformiste et s'incrit dans le cadre de la société britannique alors que le socialisme français s'inscrivait dans un courant ideologique universaliste issu du 19 eme siècle. Nos intellectuels ont quelques peu oublié le poids du dogme marxiste dans le débat au sein du parti socialiste du temps du programme commun de gouvernement. La classe ouvrière y jouait un role central. Le new labour signifiait l'abandon définitif des postulats marxistes. Le film "the Queen" montre bien l'attitude de Tony Blair vis à vis de la gouvernance ou l'ideologie ne joue pas un role majeur mais ou la proximité avec le peuple britannique est très grande. En clair, depuis l'effondrement du communisme , la gauche française est dans la merde et une refondation théorique prendra du temps alors que pour le labour le travail est fait.

4.Posté par Bouchard le 08/05/2007 16:28
Juste quelques commentaires au vu des résultats. En premier merci aux camarades du Pas de Calais socialistes de toujours et à Daniel Percheron jamais ministre mais toujours là. Merci à Georges Frèche et aux électeurs de Montpellier et un petit coucou à ceux qui voulait l'exclure du PS. Merci au Bobo du 10eme à Paris. Merci à François Bayrou qui a fait du sud ouest et de Bordeaux de nouveau une région radicale et socialiste.
Maintenant les craintes. Bien sur Belfort et Louhans dont les résultats ne sont pas bons.Lyon et Dijon ne valent guère mieux et faire la guerre aux centristes à un prix. Pour conclure soyons proches des électeurs . Une majorité ça ne se construit pas en un jour et il faut être tolérant.

5.Posté par Di Girolamo le 08/05/2007 18:45
Le fond du problème est bien le choix de société :

Celle qui est la notre… et on est social démocrate
….Un changement plus radical de logique et l’on est ….disons alter mondialiste.
Ce genre de débat est insoluble parce que les directions sont inconciliables .De ce fait être à gauche ne suffit plus : il faut avant tout résoudre cet autre clivage.
La pression écologique, le dérèglement climatique, la raréfaction des ressources, la pollution, la perte de biodiversité ….Tout cela vient aujourd’hui comme des réalités posant dramatiquement question ; cette question étant : pouvons nous oui ou non résoudre ces problématiques dans le cadre du système socio économique libéral actuel, ou non ?

Hors cette question nous ne nous la posons pas et nous ne nous donnons pas les moyens de le faire.
Nous en restons à des questions du style pour ou contre le nucléaire ?
La seule manière de poser cette question et d’y répondre c’est de...la poser et par conséquent d’ouvrir l’expertise et le débat public là-dessus. Mais comme on ne l’a jamais fait : avec méthode, avec sérieux, laborieusement, dans un cadre aménagé pour cela , dans un cadre transparent , ouvert , participatif , parce qu’il n’y a pas que la gauche qui ne sait plus où elle habite et que c’est nous tous qui sommes remis … question.

6.Posté par Alexandre le 08/05/2007 19:15
Merci de m'avoir répondu Bouchard.
Personnellement, je ne vois pas de différence entre les principes du travaillisme britannique et ceux du socialisme français (que je sache, le PS a abandonné son marxisme), l'opposition doit donc se faire dans la pratique du pouvoir...
Je vous ennuie sûrement, mais j'aimerais bien comprendre ce que changerait une mutation de la gauche française actuelle en une gauche blairiste (c'est peut-être plus populaire mais si ce ne sont pas les bonnes solutions...).

7.Posté par Diophante le 08/05/2007 20:49
un peu d'arithmétique ne résout pas tout mais fait souvent faire des progrès.
score 53-46
voix d'extrême gauche < 10%
voix prenable au centre et prisent par sarko 0,4*18,5 soit environ 7,4 %
voix encore plus facile à prendre au centre 0,2*18,5 soit environ 3,7
Admettons qu'un discours plus audible pour les centristes soit inaudible pour une extrême gauche(rappelons que 40 % des électeurs de SR votent contre NS et donc que le problème du discours est probablement moins important qu'on veut bien le dire), on perdrait en tenant ce genre de discours moins de 10 % mais fort probablement on en gagne près de 11% et on en fait perdre près de 11 % à NS...
Pour le coup, la chanson n'est plus la même.

Faut-il condamner la gauche à l'opposition au nom d'un radicalisme qui ne prend plus? Faut-il ignorer la structure sociologique de l'électorat de gauche et de la France en général?

La gauche et surtout le peuple de France ont sans doute tout à gagner dans cette ouverture que NS lui laisse au centre. Il faut prendre le centre et enfermer NS à la droite de la droite.

Il faut reconquérir l'électorat populaire perdu et pour cela le PS ou ce qui le remplacera, aura besoin du MRC et surtout des idées, des concepts, des méthodes du MRC. République, Citoyenneté, fermeté, ordre(arrêtons de rajouter juste cela fait croire aux couches populaires qu'on veut les enfler), travail (bien sûr que c'est une valeur de gauche mais encore faut-il montrer qu'on aime le travail et qu'on honore ceux qui travaillent et entreprennent), Egalité, Fraternité et Liberté (non NS n'est pas libéral, il est conservateur et favorise la rente ce qui est profondément antilibéral).


Ne nous trompons pas de luttes et faisons refleurir sur les valeurs du MRC, une gauche forte, progressiste et victorieuse!

8.Posté par dominique78 le 08/05/2007 23:13
Et bien moi je pense que Tony Blair a réalisé, et réalise, une politique libérale tout en apportant la caution du parti travailliste dit parti de gauche outre-manche. L’individu n’est pas protégé, il n’y a pas de protections sociales, on l e « jette » quand on n’en a plus besoin. Quelle belle politique pour le capitalisme !!. Si DSK veut faire la même politique en France, qu’il aille rejoindre sans hésitation Bayrou, que Bouchard compare à un radical socialiste. Pauvre radicaux socialistes !! Quand un arbre a des branches malades, ou qu’il a trop de branches (et que par voie de conséquence, il ne donne plus de fruits), il faut sans hésiter se séparer de ces branches. C’est le cas avec le PS et son aile droite, les sociaux démocrates. Il vaut mieux faire ensuite des accords de gouvernement avec eux plutôt que de les laisser à l’intérieur et qu’ils pourrissent la situation. Allez faire un petit tour sur le blog de DSK et vous verrez ce que pensent les socdems (comme ils se nomment) et comment ils ont « cassé du Ségolène » depuis que leur favori n’a pas été choisi aux primaires du PS.

9.Posté par Diophante le 08/05/2007 23:24
une petite erreur mais le fond du propos demeure.. c'est bien 7,4 % qu'on fait perdre à NS et non 11% mais cela suffit à inverser la tendance.

Désolé pour la forme également.

À propos du blairisme je ne suis pas un spécialiste mais je crois qu'on ne pourra pas copier le fond car la France n'est pas le R-U (tautologique mais bon.). Ce qu'on peut noter c'est la conjonction de valeurs claires et fortes, d'une méthode rigoureuse (tant sur le plan de l'ordre que de la gestion des finances) et d'une volonté de progrès.

Il faut bien avouer que Blair avait la partie facile car, après Margaret, faire des progrès sociaux en Angleterre c'était plutôt aisé.

Néanmoins des concepts binaires comme gagnant-gagnant, droit-devoir, aide-responsabilisation, (que nous pratiquons déjà en grande partie) sont des formes de contractualisation sociale considérée comme modernes et qu'il a largement mises en application.

Le blairisme n'est pas la panacée mais il me semble que les anglais sont mieux (protégés, aidés, soutenus) après blair qu'avant blair et c'est déjà pas mal.

En France, pays de culture sociale, on pourra sans doute aller plus loin que Blair et c'est pourquoi suivre les réforme blair ne me paraît pas bénéfique.

Ce qui me semble bénéfique c'est de s'inspirer des principes, des méthodes et du volontarisme de T Blair.

à bientôt Camarades et désolé par avance pour mes errances orthographiques.

10.Posté par Elie Arié le 09/05/2007 00:37
Dans le supplément "Economie" du "Monde" d'aujourd'hui, interview d'Anthony Giddens, l'inventeur de la "3è voie" et du "blairisme":

Le Monde - Quel a été l'apport du New Labour ?

Anthony Giddens- Le New Labour a apporté une idéologie fondée sur le bien public, sur les prestations collectives, sur la défense d'un niveau raisonnable d'impôts pour financer l'investissement. Comme toutes les philosophies prônant une "troisième voie", il privilégie le capital humain. M. Blair a pris en compte, bien avant tous les autres dirigeants politiques, la réalité de la mondialisation, que beaucoup, y compris des universitaires, niaient encore au milieu des années 1990, et le passage d'une économie fondée sur l'industrie et l'agriculture à une économie des services et du savoir qui mobilise aujourd'hui plus de 80 % de la main-d'oeuvre britannique.

Le New Labour a aussi dû tenir compte des grands changements sociétaux, l'émergence de ce que j'appelle l'individualisme structurel. Les gens veulent une vie plus active qu'avant, et ils en ont les moyens. Cela change les relations entre le citoyen et l'Etat.

Le Monde - La "troisième voie" prêchée par le New Labour est-elle social-démocrate ?

Anthony Giddens- Oui. Le New Labour a élaboré un projet réformiste de centre gauche combinant la prospérité économique durable et la justice sociale, une social-démocratie d'avant-garde. La "troisième voie" est un label, dont on peut d'ailleurs se passer, pour désigner cette politique. Trois millions de personnes sont sorties de la pauvreté au cours de dix années de prospérité. 75 % de la population en âge de travailler est en activité. Le salaire minimum, qu'il a instauré, augmente rapidement. Grâce à cela, le gouvernement a pu investir dans les services publics.

De manière générale, la politique intérieure de M. Blair a été plutôt un succès. Encore plus lorsqu'on compare son bilan avec celui de ses partenaires européens, MM. Jospin, Schröder ou Prodi. M. Blair a changé son pays bien davantage que tous ces autres dirigeants. Il a aussi changé ses adversaires. C'est pourquoi David Cameron, le chef des conservateurs, est si différent de Mme Thatcher. Il est obligé de se battre plus ou moins sur le terrain du New Labour en prônant, lui aussi, une sorte de troisième voie pour le centre droit.

Le Monde - L'expérience quotidienne des années Blair a-t-elle correspondu à ce que vous aviez imaginé en théorisant la "troisième voie" ?

Anthony Giddens- Chaque gouvernement commet des erreurs. Mais cette expérience a réussi. Le New Labour a placé l'économie avant tout le reste. C'était crucial. D'où dix ans de croissance ininterrompue et de gros investissements dans l'éducation et la santé. Certains disent que l'argent a été mal dépensé. Mais tous les indicateurs montrent qu'il y a eu de très grandes améliorations dans ces deux domaines. Il y a aussi beaucoup plus de femmes au travail que dans le passé, et une bien meilleure protection de l'enfance. Seuls les gauchistes, qui demandent l'impossible, peuvent prétendre que ce gouvernement a échoué.

Le Monde - Peut-on comparer la gauche et la droite en Grande-Bretagne et en France ?

Anthony Giddens- Non, elles sont plutôt différentes en ce moment. Les Tories ont changé fondamentalement avec David Cameron. Ils affirment défendre maintenant, pour l'essentiel, des causes progressistes. Reste à savoir s'ils mettront leurs idées en pratique. A gauche, il y a un fort consensus autour de Gordon Brown pour poursuivre la politique de Tony Blair. C'est bien différent en France, où s'opposent deux positions insatisfaisantes à mes yeux. Si j'étais français, j'aurais été embarrassé pour voter. M. Sarkozy prône certains des remèdes économiques dont la France a besoin, notamment la réforme du marché de l'emploi, ou une meilleure compétitivité. Mais il ne s'intéresse guère à la justice sociale. Certaines choses qu'il a dites au sujet des minorités ne seraient pas acceptables dans de nombreux pays.

En face, Mme Royal ne semble pas avoir le courage de mettre en oeuvre un programme économique radicalement réformiste. Vous n'avez pas besoin d'un thatchérisme en France, ni de prendre la Grande-Bretagne pour modèle, mais peut-être de lui emprunter certaines de ses bonnes pratiques. Vous avez besoin de quelqu'un qui combine la réforme économique et la justice sociale.

Le Monde - Quels sont les grands handicaps de la France ?

Anthony Giddens- Il faudrait d'abord parler de ses atouts. Des infrastructures et des services publics meilleurs qu'en Grande-Bretagne. Une excellente protection de l'enfance. Une démographie dynamique. Les problèmes centraux de la France tournent autour de l'économie, du chômage et de l'impossibilité de continuer à financer l'Etat providence tel qu'il est. Et, au coeur de tout cela, il y a le marché de l'emploi, qu'il faut réformer. Quatre Français sur dix ont un bon emploi ou une bonne retraite. Tous les autres sont, à des degrés divers, dans un état d'insécurité. Le dosage entre justice sociale et efficacité économique n'est pas satisfaisant.

Le Monde - La France est-elle réformable ?

Anthony Giddens- Oui. Une société finit toujours par atteindre un moment de crise où la réforme s'impose. Nous l'avons connu avec l'arrivée de Mme Thatcher, après trente ans de déclin économique. Même chose dans les pays scandinaves. Ils ont vécu dix ou quinze ans de déclin avant de se réformer. Le problème, c'est que l'Etat providence a généré des droits acquis, des intérêts matériels particuliers. Chaque pays trouve difficile de lutter contre eux. En France, vous avez le pouvoir de veto de la rue. Vous avez un bas niveau de syndicalisation et un haut niveau de mobilisation populaire qui bloque la France. La réforme ne sera pas facile. Mais la plupart des Français sont désormais conscients de la nécessité du changement.




11.Posté par xavier le 09/05/2007 05:54
Bonjour

Attention la directive ex Bolkestein (libéralisation des services) revient ,bien qu'après le non victorieux elle fut transformée par le parlement européen ,elle doit fairel'objet d'une attention sérieuse pour sa transposition en droit français.

12.Posté par Elie Arié le 09/05/2007 18:36
Tôt ou tard, il faudra trancher le débat sur le positionnement du MRC face à la course vers le rocardo-blairisme lancée au PS de façon sans doute irréversible.

13.Posté par Snyck le 09/05/2007 22:15
Le programme du candidat de la droite ne me semblait pas globalement une provocation ni une profession de foi ultra-libérale.
En d'autres termes , S.R. aurait pû reprendre à son compte bon nombre de propositions là où malheureusement et malgré ses qualités indéniables , elle est restée dans le flou , disons-le franchement.Tout était dans l'art de dire les choses.Ce constat résulte de l'éternelle maladie congénitale du Socialisme français dans lequel il faut "ménager la chèvre et le chou" tout en gardant un oeuil sur les alliés objectifs qui malgré leurs qualités intrinsèques sont réduits à la portion congrue depuis quelques années .Je laisse de côté bien sûr la remise en cause du "non" français par N.S. qui entend passer allègrement de la souveraineté populaire à la souveraineté nationale , de manière trés Orléaniste.Le beau score de S.R. , quoi qu'en disent les esprits chagrins est essentiellement à mettre au crédit de la démarche Gramscienne de J.P. Chevènement depuis toutes ses années.Le retour aux valeurs sans que la droite puise s'en attribuer la paternité , à qui le doit-on ?Là où nous avons constaté de tristes dérapages de nos naufragés ( Gallo , Couteaux...) , nul doute en ce qui concerne J.P.C. qu'il continue contre vents et marées à tenir la barre à gauche mais pas dans la direction des rochers ou des bancs de sable. Reste que s'agissant du programme de l'élu de droite , seule l'expérience peut nous permettre de trier le bon grain de l'ivraie et là , le constat est accablant : un atlantisme à toute épreuve , des amitiés douteuses dans le monde des affaires , un autoritarisme névrotique ...etc. Le désenchantement n'est pas pour demain , il est déjà en marche et les français vont comprendre vite leur douleur.

14.Posté par Bouchard le 09/05/2007 23:35
Il y a au royaume uni une capacité de mutation sociale qui n'existe pas en France en particulier au niveau des cadres et de la fonction publique. La mobilité sociale est très grande. En France on vous demande votre niveau d'étude à 50 ans. En Angleterre, on ne le demande pas à 18 ans.Les Anglais ont pu privatiser les chemins de fer et créer des compagnies low cost pour l'aérien. En France, la SNCF et Air France sont toujours là et bloquent toute concurrence. Mais c'est l'état qui paie et ce n'est pas sur que ce soit au profit des classes populaires. Le niveau d'intervention de l'état est plus bas en grande bretagne en particulier au niveau de la redistribution par le biais de l'impôt. D'ou des inégalités sociales plus grandes. Mais il est vrai que la chasse à cours se pratique désormais en France étant interdite en Grande Bretagne. La grande différence réside dans une approche budgetaire bien plus rigoriste en Angleterre qu'en France d'ou un endettement bien moins important , l'état anglais refusant d'intervenir dans la gestion privée de l'économie. Notre choix , c'est le retour au plein emploi et cela devient urgent, tout en refusant les travailleurs pauvres. Je me demande ou se situerait Pierre Mendes France aujourd'hui.

15.Posté par Bouchard le 10/05/2007 00:20
Cher Dominique, je ne compare pas Bayrou à un radical socialiste mais je remarque que c'est sur les terres du radicalisme (le sud ouest, Toulouse, Bordeaux ) que les résultats de Ségolène sont les meilleurs ( 60% à Toulouse excusé du peu) et ce résultat est la conséquence directe de la fusion des électorats de Bayrou et de Royale. La ou la fusion n'a pas eu lieu , comme à Lyon et Dijon, les résultats de Ségolène sont décevants. Je persiste.Merci Bayrou. Mais merci aussi à Besancenot. J'espère qu'on en a pas pris pour 15 ans.

16.Posté par Patrice le 10/05/2007 00:22
D'accord avec Snyck et par rapport à la remarque d'Elie Arié, je suis plus prudent. Cette période me fait penser à 1974. A droite un candidat atlantiste, communicateur VGE souhaitant marquer une rupture avec le gaullisme; à gauche, une union mais....sans Epinay. Là est le problème et la raison pour laquelle Ségo2007 a fait moins que Mitterrand1974. L'enjeu de la gauche est là: saura-t-elle en 5 ans, réaliser ce qu'elle a fait en 10 entre 1971 et 1981? Le rocardo-blairisme n'est pas irréversible, la puissante dynamique du 29 mai et les avancées menées avec succès par S.R. devraient faire réflêchir les socialistes quand ils devront définir où ils habitent et au-delà les Français.

17.Posté par Claire Strime le 10/05/2007 08:34
Il ne faut pas se laisser abuser par le discours des profs de Sciences Po qui rosissent la façade du PS, le Bad Godesberg a eu lieu et bien lieu.
Depuis le congrès de Rennes il est proclamé que "l'économie de marché est libératrice de l'homme" (les nouveaux esclaves à moins de 100 $ apprécieront) et il n'est plus question de socialisation des moyens de production.
La version française du blairisme s'appelle le rocardojospinisme, Jospin a du plus privatiser que Blair et Schröder réunis. Et en 2000, Fabius a commencé à promouvoir les baisses d'impôts sur le revenu. La PPE est l'impôt positif libéral.
Et avec l'euro et la BCE, amusez vous à essayer de relancer l'économie!

18.Posté par Bouchard le 10/05/2007 10:26
Si Jospin a pu ou du privatiser plus que Blair et Schroder, c'est du fait d'un niveau de participation de l'état dans l'économie bien plus important en France qu'en RFA ou en Angleterre.
Quand aux baisses d'impôts, remarquons que c'est Fabius à la demande de Mitterrand qui les initient mais c'est Rocard qui crée la CSG.
Je pense que le domaine national reste pertinent . Les disparités en France de la situation de l'emploi semble montrer que des solutions existent.Et avec le plein emploi, beaucoup de difficultés disparaissent. l'Euro est aussi un bouclier contre la toute puissance des Etats Unis et du $.
C'est de la responsabilité des politiques de permettre les mutations nécéssaires de la société Française en ce début de siècle et le monde 2007 est aussi difficile à comprendre que celui de 1907. Espèrons que nous serons plus clairvoyants.

19.Posté par Claire Strime le 10/05/2007 11:04
Eh oui, le PS français (et ses adversaires de la coalition UDF-RPR) ont du faire plus d'efforts que le SPD et la CDU pour casser l'exception française (il revint à Thatcher de casser le welfare state et les entreprises nationalisées en 1945 par le Labour). Les particularités nationales cela existe.

La CSG ne coûte pas plus cher à un salarié que les cotisations sociales ancienne manière (sauf qu'elle attaque l'épargne populaire). Sous Rocard, Bérégovoy, s'est développée l'assurance-vie, placement sans risque qui avantage les classes moyennes supérieures. Et allez en avant vers la société de rentiers (aujourd'hui le sort de nombreux retraités qui ont travaillé pendant les trente glorieuses est + enviable que celui de certains salariés qui se tapent depuis 30 ans licenciements et emplois jetables).
De même sont très mal compris par des gens qui gagnent 1500 ou 1800 euros des machins comme la PPE ou les éxonérations de taxe d'habitation pour les érémistes, ainsi que les augmentations de l'allocation de rentrée scolaire et du SMIC-qui découragent le travail qualifié. La droite n'a pas manqué d'exploiter à fond ce point faible.

La sortie de Hollande sur les impots de ceux qui gagnent + de 4000 euros/mois était juste sur le fond mais inooportune pendant 1 campagne électorale. Il valait mieux accéder la propagande sur l'augmentation des impots des très riches.
Avec l'euro à 1,4$ il ya le feu. Mitterrand (et même Rocard) pouvaient financer leurs mesures sociales par des dévaluations compétitives. Aujourd'hui c'est la Fed qui se finance ainsi (et la Chine en refusant de réévaluer le yuan-eux ils n'ont pas renoncé à la souveraineté monétaire).
Avec 1 programme économique et fiscal inepte, difficile d'assurer l'alliance des classes moyennes et populaires, seule à même de faire gagner des élections nationales à un bloc de gauche.

20.Posté par Elie Arié le 10/05/2007 12:27
Ne mythifions pas la Grande-Bretagne et le blairisme, SVP: si l'endettement public y est bien plus faible qu'en France, l'endettement des ménages y est bien plus élevé: et, là, il s'agit d'une dette que les parents transmettent réellement à leurs enfants, contrairement à la dette de l' Etat, car un Etat ne meurt jamais.

Il est faux de dire que le niveau d'intervention de l' Etat y soit plus faible par le biais de l'impôt; celui-ci est globalement plus élevé qu'en France pour les classes moyennes, le service de santé y est totalement nationalisé et a fait l'objet, sous Tony Blair, d'injection de fonds d' Etat supplémentaires considérables, et de très nombreuses créations d'emplois (des fonctionnaires supplémentaires, quelle horreur!).

Rappelons aussi à l'ami Bouchard qu' Air France/KLM est privatisée depuis longtemps.

La vraie différence réside dans le choix britannique d'abandonner toute économie industrielle pour se tourner exclusivement vers une économie de services et de financiarisation: sommes-nous d'accord sur ce choix, ou voulons-nous attendre le "Grand Soir" de l'écroulement de la mondialisation? Nous sommes moins dans un Bad-Godesberg qu'au Congrès de Tours: accélérer le Grand Soir, ou décider de vivre, en attendant, dans le monde tel qu'il est?

21.Posté par Diophante le 10/05/2007 22:42
Discussions passionnantes que celles qui s'étalent dans ce blog, discussions passionnantes et qui me rappellent combien il sera difficile de faire chuter M. Sarkozy.

Cinq longues années commencent et bien que le combat pour les législative soit important - au moins pour que la voix d'une opposition forte s'exprime- il me semble tout de même naturel d'entrer dans une logique de conquête du pouvoir.
À ce titre on peut attendre benoîtement que M. Sarkozy se plante comme l'ont crûs tour à tour J. Chirac et les différents leaders socialistes qui se disputaient l'investiture il y a un an à peine.
Ce serait une erreur car M. Sarkozy sait faire de ses vices et de ses défaites des trophée médiatiques (e.g. une escapade au fouquet's une sortie en yacht qui risque de coûter cher à la France et 65 % de personnes qui pensent que c'est normal...). Peut-être est-ce par une faveur médiatique, peut-être devrions nous jérémier contre les puissances médiatiques qui l'ont si bien portées, ou peut-être devrions nous nous demander comment il a su exploiter le porte-voix médiatique pour se rendre si populaire auprès de ces populaires qui sont nôtres et n'aurait jamais du cesser de l'être.

Alors j'entends ici ou là de savantes questions se lever mais ne vois la brume se lever.
Blair or not Blair, cela pourrait être une question et, bien sûr, l’égérie de la droite et la gauche française a une personnalité bien séduisante. Son parcours d'ordre et de justice - tout relatif qu'il est - inspire et fascine.
Sous Tony et Gordon le "code fiscal" a doublé, l'aide aux chômeurs fut développée. Beaucoup, ici, l'ont rappelé, Tony est un politique qui prend l'Homme au sérieux et même si parfois il s'est aventuré dans les affres du mensonges ou si les vices du luxes ont parfois étaient siens, ont peut largement convenir qu'il a remis un peu de social dans le moteur britannique.
Mais revenons un instant en France pour constater qu'en effet le PS a effectué son virage vers l’économie de marché il y a quelques temps. D'abord en 1982-83 après les catastrophiques nationalisations (pas catastrophiques en soi mais malheureusement catastrophiques à cause d'un environnement économique non favorable et d'une population qui n'était pas - et n'est toujours pas - prête pour l'auto-gestion ou même simplement la passion du collectif -de l'intérêt collectif), puis avec Rocard vint le réformisme de gauche (rappelons nous que Rocard a mis en place RMI et CSG, et -dans une large mesure - moralisé le financement des partis politiques) et avec Jospin une politique da gauche suicidaire puisque économiquement aussi libérale que celle des gouvernement Juppé ou Raffarin mais prompte à lancer des réforme socialisantes comme les 35 heures (un mort est un mort, vouloir le déguiser en clown ne le rend pas plus amusant). Ces 35h ont, je le rappelle, étaient du petit lait pour M Sarkozy lorsqu'il faisait ses tournées dans la population dite ouvrière.
Enfin, il faut bien le dire, G Collomb est un socialiste qui a tout d’un ump (je rappelle le soutien affirmé et réaffirmé de R Barre –udf de droite- à M Collomb), DSK est sensiblement au même stade que F. Bayrou, P. Moscovici a parfois des discours plus libéraux (là encore méfions nous de l’ire antilibéral qui parfois nous égare ; les libéraux ne sont pas nos pires ennemis, les néoconservateurs épris d’inégalité et de rente sont bien plus dangereux et sont nos ennemis communs), SR a su joué sur un spectre large qui va de la droite à la gauche du PS, F. Hollande est plutôt pragmatique et bien des soutiens du PS (Gracques ou Peyrelevade par exemple) considèrent qu’une politique plus pragmatique et réformiste est une solution de gauche.
Cette digression pour affirmer que le virage au centre du PS est une vielle histoire et l’illusion maintenue par lle discours n’a plus de sens ce qui nous éloigne d’autant plus des couches populaires.
Vous me direz que SR a remonté le score de LJ dans ces fameuses couches populaires qui me préoccupent tant et je vous renverrai au score de NS pour vous demander comment il aurait pu être élu sans ce soutien massif (près de 40 % je crois me souvenir) des couches populaires.
L’hypocrisie ne nous mènera pas à la victoire et la posture mensongère et grotesque d’un L Fabius ne fonctionne absolument pas. Tout juste fait-elle rire dans les chaumières et aliment-t-elle le mépris pour ce fameux parti socialiste qui ne sait ni se réformer ni se séparer de ces bien encombrants éléphants au charisme d’huître et à la langue de serpent.
Vous me trouvez sans doute bien véhément mais parfois il faut savoir s’énerver un peu et donner de la voix.
Sans doute cette diatribe vous laisse à penser que votre interlocuteur est un bien étrange personnage, sans doute vous demandez vous si vraiment c’est de gauche dont il s’agit ici puisque déjà j’affirme que le PS (dont le MRC n’est pas une composante jusqu’à preuve du contraire !) est au centre et parfois plus à droite que le centre (lorsqu’il est aux affaires en tout cas ; le PS pas le centre - &#61514;).
Cela dit il faut tout de même se départir de certaines drôles d’idées qui ont pris racines à gauche. L’impôt n’est pas nécessairement socialiste et augmenter la fiscalité n’est pas une fin en soi ; il faut un objet, un but et une efficacité sociale réelle pour qu’un impôt soit socialiste (l’impôt progressif sur le revenu et l’impôt sur les successions sont –à ce titre – les impôts les plus sociaux, bien que non exclusivement sociaux puisque les libéraux se reconnaissent très largement favorables au second –cf. http://www.lexpansion.com/art/15.0.147183.0.html) . Augmenter les fonctionnaires n’est pas une fin en soi car si la charge devient pour la population plus lourde que les bénéfices retirés alors il devient bien difficile de parler de progrès. La réduction du temps de travail n’est pas éternellement un but socialiste car le travail a aussi une vertu socialisante et le loisir peut nourrir un individualisme excessif. Nous pourrions ainsi égrener les concepts et toujours nous serions face à la même constatation, ce qui est socialiste c’est le progrès, le progrès pour l’individu en tant qu’individu et pour l’individu en tant que source et produit de la société (et dans la société en tant que processus historique ce qui nous ramène à la nation- Nous sommes le présent d’un passé et le passé d’un futur). L’idée de progrès c’est aussi l’idée d’histoire, d’une fin dernière ou au moins d’une orientation historique, c’est l’idée d’une dynamique historique et c’est dans ce courant d’idée que je veux me placer pour donner le fond de ma pensée. Dynamique et mouvement sont producteurs d’instabilité et ce progrès que nous souhaitons peut être source de chocs et de déviations qui nous écartent d’un chemin de continuité vers cet horizon.
Notre but doit être de stabiliser la trajectoire et de maintenir l’orientation. C’est dans cette perspective que doit se placer notre réflexion et surtout notre action. Sera socialiste toute politique qui maintient le cap progressiste et permet de corriger les écarts de trajectoires dus aux chocs ; chocs qui peuvent être intérieurs ou extérieur, endogène ou exogènes.
Et c’est parce que nous ne maîtrisons pas les chocs en tant que tels (chocs endogène du à l’individualisation forcenée de la société française, choc exogène du à la relative faiblesse de la France dans le monde face aux déformations géopolitiques et géoéconomiques) que nous devons être pragmatiques et réformistes.
Je crois, comme d’autres, que la France n’est plus un géant et doit œuvrer avec finesse si elle veut pouvoir promouvoir son mode de pensées et ses valeurs ; en particulier l’égalité qui est notre plus grand et beau particularisme. Nous ne pouvons ignorer le monde et ne pouvons le conquérir à la hussarde. Il faut savoir s’adapter et user de notre pouvoir d’influence et de persuasion pour faire avancer notre cause qui est juste. Mais pour la faire avancer encore faut-il gouverner la France et ne pas la laisser aux mains des prometteurs d’inégalités en optant pour des stratégies politiques suicidaires.
Je crois en la liberté, en l’égalité, en la fraternité, en la laïcité en la République (matrice progressiste de la nation et réciproquement), au jacobinisme (qui doit savoir aussi « prêter » des responsabilités aux autorités locales mais toujours garder la maîtrise et le pouvoir d’initiative), au progrès et comme l’a dit de manière un peu grandiloquente SR en l’amour.
J’espère beaucoup en ce Mouvement Républicain et Citoyen que je crois porteur des valeurs de la gauche républicaine française et capable d’être l’aiguillon d’un PS rénové et recentré. Serons-nous à la droite ou à la gauche du PS ainsi redéfini, je ne puis le dire et en fin de compte je crois que ce n’est pas la fin en soi. Notre objectif doit être de défendre les valeurs d’égalité et de progrès et, pour cela, de promouvoir l’identité française afin qu’elle soit une lueur, un message d’espoir pour d’autres sociétés en mouvement dans ce monde idéologiquement inégalitaire. Notre objectif doit être de faire de la société française une société d’avant-garde, une société d’hommes libres et heureux, une société qui fasse envie et non qui ait envie.

22.Posté par Claire Strime le 11/05/2007 09:23
La France n'est pas la G-B, elle n'est pas non plus la Suède et l'impôt (l'impôt sur le revenu au moins) n'y est pas, historiquement, socialiste mais républicain.
L'IR était une des clés du programme du parti radical au tournant des XIXèmes et XXèmes siècles et ne visaient absolument pas à toucher à la propriété privée.
Le programme du Front Populaire pour les élections de 1936 était largement le programme du vieux parti radical et ses mesures les + hardies étaient des mesures de justice fiscale (les communistes ayant fait pression pour ne pas effrayer les classes moyennes avec les "réformes de structures" blumiennes-assez inspirées des réflexions du belge De Man).

Cette question de la fiscalité semble avoir été au coeur de la réunion des strausskahniens hier soir dans un restaurant au pied des tours du Chinatown parisien: 1 des attaques de DSK contre Hollande étant de lui reprocher d'avoir voulu règler la question des retraites par 1 CSG (d'après France Info).
Bon DSK plus à droite que Clemenceau c'est accessoire mais si la gauche n'est plus capable d'utiliser l'arme fiscale (impôt citoyen, écoresponsable, social, tout ce qu'on veut mais avant tout redistributif et progressif), qu'est ce qui lui restera (la question des dévaluations et des taux d'intérêt étant règlée par l'existence de la BCE)?

23.Posté par Elie Arié le 11/05/2007 10:31
Tous les calculs faits sur la proposition du "projet socialiste" (paix à son âme, si tant est qu'il en avait une) de fondre l' impôt sur le revenu et la CSG en un impôt unique montraient qu'il entrainerait un tel matraquage fiscal des classes moyennes (et d'elles seules: j'ai appris, au cours de cette campagne, que moi, qui ne vis que de ma retraite et celle de ma femme, payais plus d'impôts que Sarkozyn, Ségolène et Bayrou additionnés !!!) que l'échec électoral de ceux qui porteraient cette proposition était assuré.

24.Posté par Claire Strime le 11/05/2007 11:21
La question de la fiscalité ne se limite pas à la fumeuse fusion IR-CSG (rappelons que Jospin avait essayé 1 CSG progressive que le conseil constitutionnel avait refusé) mais a bien d'autres aspects: TVA, poids du quotient fiscal sur l'IR, exonérations diverses qui profitent surtout aux riches. Et aussi écofiscalité, taxe Tobin sur les profits financiers à la place de la CSG qui taxe le travail, injustice de la taxe d'habitation peu liée au revenu et dont les bases datent de 1970...

25.Posté par Claire Strime le 11/05/2007 11:43
Rappel des positions de DSK au mois de janvier:

http://www.tf1.fr/infos/elections-2007/0,,3380930,00-dsk-contre-hausse-prelevements-obligatoires-.html

Quand on confond social-démocratie et ligue des contribuables!!!!

26.Posté par Elie Arié le 11/05/2007 13:58
À Claire Stream: "rappelons que Jospin avait essayé 1 CSG progressive que le conseil constitutionnel avait refusé" : quel dommage! C'était la proposition que j'avais fait avaliser par le SN du MRC, accompagnée d'une non-déductibilité totale de la CSG, quand j'étais SN à la Santé...

27.Posté par Elie Arié le 11/05/2007 18:19
Je ne suis pas "blairiste", aucune expérience n'est transposable d'un pays à l'autre, la guerre d' Irak a été une erreur monumentale, mais quelques chiffres sur l'action du gouvernement Tony Blair méritent d'être connus:

-le taux de chômage est passé de 7% en 1997 à 5,3 % en 2007

-le budget de l' Education Nationale a été multiplié par 2,2 en 10 ans

-le NHS (système de santé nationalisé) a vu son budget passer de 34 milliards de Livres de 1997 à 2007, et l'embauche de 300 000 agents dans le secteur hospitalier d' Etat ( 300 000 "fonctionnaires" de plus, donc)

-la durée hebdomadaire du travail (non fixée par la loi) est passée, en 10 ans, de 38,4 à 37,3 heures

-la présence syndicale est devenue obligatoire dans les entreprises de plus de 25 salariés

-le salaire minimum (qui n'existait pas) a été créé et a augmenté de 40% depuis 1999

-les congés payés sont passés de 2 semaines en 1997 à 4 semaines en 2007

-un congé paternité de 26 semaines a été créé

-la discrimination salariale entre hommes et femmes est interdite.

-le congé maternité est passé de 6 à 9 mois.

28.Posté par Elie Arié le 11/05/2007 18:42
(Blair, rectificatif):

le NHS (système de santé nationalisé) a vu son budget passer de 34 à 94 milliards de Livres de 1997 à 2007

29.Posté par dominique78 le 12/05/2007 00:20
Je m’aperçois que Elie Arié aborde le sujet de la non-déductibilité de la CSG. C’est un sujet que je connais bien en tant que développeur de logiciels, notamment de paie.

Je suis tout à fait d’accord sur le principe de la CSG, elle a permis de faire payer, pour la sécurité sociale, des revenus autres que ceux du travail. Pour le salarié, des cotisations ont été diminuées et remplacées par la CSG, ce qui revient au même.

Par contre, en ce qui concerne la non déductibilité d’une partie de la CSG (2,40 % non déductible et 5,10 % déductible) et de la RDS (0,50 % non déductible), je considère que c’est une tartufferie et même une malhonnêteté. En effet, la CSG et la RDS non déductibles sont les seules cotisations retirées, comme toute cotisation, du salaire mais qui restent imposables sur le revenu.

Le salarié paie un impôt sur de l’argent qu’il n’a pas touché. C’est le principe de la double peine.

En plus, pour faire passer la pilule, Rocard, père de la CSG, a mis un abattement de 5 % (il est maintenant de 3 %). Donc :
Montant de la CSG = (salaire but + cotisations patronales de prévoyance) x 5,4 % x 0,97.
N’aurait-il pas été plus simple et plus honnête de ne mettre qu’un seul coefficient et de rendre déductibles ces montants comme toutes les autres cotisations ?

Les énarques et les politiques qui « pondent » ces lois n’ont manifestement jamais établi de bulletins de paie. Et c’est ainsi dans tous les domaines de la gestion de l’entreprise : comptabilité, droit, finances ..
Tant que les choses ne seront pas simples, « carrées », nettes, sans entourloupettes, il y aura toujours un décalage entre les citoyens et les politiques.

30.Posté par Elie Arié le 12/05/2007 11:04
"Par contre, en ce qui concerne la non déductibilité d'une partie de la CSG (2,40 % non déductible et 5,10 % déductible) et de la RDS (0,50 % non déductible), je considère que c'est une tartufferie et même une malhonnêteté."

Rocard avait créé une CSG non déductible, c'est Balladur qui a inventé une part déductible.

Car la déductibilité profite évidemment davantage aux revenus élevés qu'aux faibles revenus.

31.Posté par dominique78 le 13/05/2007 14:01
Cher Elie Arié, je ne dis pas que c’est la part déductible qui est anormale mais la part non-déductible.

Faire payer l’impôt sur le revenu basé sur des sommes que le salarié n’a pas touché (c'est à dire sur la part non déductible), est tout à fait anormal. Le salarié cotise et en plus il paie un impôt sur sa cotisation. Et ceci est valable aussi bien pour les hauts revenus que les bas revenus.

Ceci ne pouvait sortir que d’un cerveau, un peu faux jeton, comme celui de Michel Rocard.
S’il avait voulu taxer plus les hauts revenus, comme le dit Elie Arié, il aurait très bien pu créer une CSG à plusieurs vitesses. Il existe pour les salaires les tranches A, B et C. Il eut été facile d’en faire autant pour les revenus autres que salariaux et d’appliquer un coefficient différent pour chaque tranche. Mais ceci, comme je l’écrivais précédemment, est trop simple, trop direct. M. Rocard a préféré « noyer le poisson » pour ne pas brusquer les hauts revenus. Ce faisant, il a touché tous les revenus : bas, moyen et haut.
Avec un tel procédé, il est normal de constater que peu de salariés connaissent et ont compris ce mécanisme de cotisations salariales non déductibles de l’assiette de l’impôt sur le revenu.
Je le répête : seules la CSG et la RDS sont dans ce cas.

32.Posté par Snyck le 13/05/2007 15:48
La question était donc : "La gauche doit savoir où elle habite"...Pour autant , j'ai lu avec beaucoup d'intérêt les précisions techniques en matière fiscale ainsi que les comparaisons avec la système Britannique.Je considère que si l'expertise est indispensable , les fondamentaux sont à ce jour le premier enjeu. Finalement , en décantant tout celà , il ne reste plus beaucoup de République , celle-ci ayant disparu au profit de la Démocratie ( cf. l'analyse de Régis Debray sur le différence entre les deux concepts, 1989 , N.O. ).Faut-il considérer que la gauche est entrain de couper le cordon ombilical et de créer une gauche Orléaniste , là où N.S. a ébauché une gauche ( de raliement ) Bonapartiste ? Le Socialisme sera-t'il encore Républicain ? La perte des repères , c'est précisément ce qui caractérise le débat actuel.
"Vaste programme" de mise au point en effet !
Je n'ai pas la prétention en quelques lignes de donner un avis autorisé mais j'aimerais lancer quelques( nombreuses !) pistes qui nous permettraient peut-être de mieux structurer nos reflexions à venir :
- La gauche doit-elle devenir tout au plus l'alternative électorale des mécontents du pouvoir en place , toutes catégories de la population confondues , sans fondations idéologiques ?
- Est-elle prête à comprendre qu'au delà de valeurs communes librement partagées , il y a une large place pour des hommes et femmes de progrés , ouvriers , employés , classes moyennes...( merci M. Hollande pour les 4.000 € par mois )?
- Est-elle prête à dire aux classes moyennes qu'elles ont toujours été trompées par une droite qui ne défend que la capital et les grandes entreprises ? ( concept des éternels "idiots utiles de la droite" )?
- Est-elle prête à dire que dans une économie mondialisée , la marge de manoeuvre est restreinte mais que la route est longue ?
- Est-elle prête ( en fonction de l'évolution des mentalités , de l'honnêteté intellectuelle et des rapports de force ) à clairement indiquer ce que seront ses alliances à venir ?
En posant les bonnes questions et en y apportant une réponse concrète , tout sera plus simple et transparent et gagnant.
C'est au peuple de se décider. N.S. a été suffisamment intelligent pour fédérer au delà de sa mouvance , avec les mensonges les plus éhontés. Il était d'usage de dire par le passé que la Droite française était la plus bète du monde. Aujourd'hui , c'est l'inverse. Maintenant , au travail !

33.Posté par Elie Arié le 13/05/2007 17:49
(pour en finir avec la CSG)

"Cher Elie Arié, je ne dis pas que c'est la part déductible qui est anormale mais la part non-déductible".

C'est la part déductible qui est anormale; la déductibilitéavorise les revenus élevés. (calcul facile à faire: prenez un revenu annuel imposable d' 1million d' Euros et un autre de 10 000, calculez les CSG de chacun d'entre eux, ensuite déduisez-les pour chacun d'entre eux, et voyez combien d'impôts sur le revenu en moins paye chacun des deux).

"Faire payer l'impôt sur le revenu basé sur des sommes que le salarié n'a pas touché (c'est à dire sur la part non déductible), est tout à fait anormal".

Mais non : l'impôt sur le revenu n'est pas déductible non plus; vous payez vos impôts sur la totalité de vos revenus, même sur la part que vous n'avez pas conservée, versée en impôt sur le revenu.

34.Posté par Diophante le 13/05/2007 18:30
Bonjour Citoyens,

les discussions fiscales sont essentielles et fondatrices d'un projet de société. CSG, CRDS, TVAS ou autres TP assises sur la VA (notons que ces deux concepts sont déjà liés par un plafonnement selon la VA et par une contribution minimale liée à la valeur ajoutée) doivent être au coeur d'un programme de gouvernement....seulement pour gouverner il faut vaincre lors de campagnes électorales (volontairement j'use de ce vocabulaire guerrier).

Pour vaincre, les ratiocinations ne seront pas suffisantes et pourront même parfois se montrer vaines. Elles constituent l'essence du bon gouvernement mais ne peuvent l'amener à l'existence seules.

On entend de gauche à droite citer Gramsci, et je crois qu'il faut effectivement en revenir à cette homme et à d'autres qui l'inspirèrent comme Péguy, pour se souvenir que la Mystique (mot cher à Péguy) doit nourrir le politique. Moins religieusement Gramsci (et l'expérience NS me le prouve chaque jour auprès de braves et bonnes gens qui n'ont riende fascistes mais se sont laisser bercer par un discours répété, asséné, qui va du déclinisme au "sécuritisme"), nous dit que la victoire "culturelle" ou au moins doctrinale, précède la victoire politique.

Je crois qu'il faut envahir le champ des idées, de la doctrine et de la mystique.

Pour y penser je vous propose de lire
http://www.lours.org/default.asp?pid=331
ou
http://classiques.uqac.ca/classiques/gramsci_antonio/gramsci.html

Je vous laisse en espérant que NS sera un bonapartisme social et non un simple atlantiste néoconservateur autoritaire passionné de luxe et de paillettes (ternes en plus!). Je ne veux et ni espère l'échec d'aucun français puisque c'est notre vaisseau commun, mais veillons à ce qu'il ne dérive pas loin de son horizon.

35.Posté par Henri Grégoire le 14/05/2007 18:13
Monsieur le Ministre,


L'une des raisons, parmi bien d'autres, de la défaite du Parti Socialiste est la campagne efficace et intelligente qui a été menée par la Droite depuis plus de trois ans notamment dans "Le Figaro "sur le thème de l'École et qui avait pour cible les Enseignants et les Parents d'élèves.


Depuis 1989, le Parti Socialiste n'a plus de ligne autonome sur la question scolaire.

Alors que la Gauche est traditionnellement "instructionniste", le Parti Socialiste est tombé sous l'influence des "réformateurs pieux" du SGEN-CFDT.

La réaction salutaire de 1985 ne s'est pas poursuivi et tous les dysfonctionnement de l'École ont été attribués à la Gauche notamment chez les Enseignants.

Selon les chiffres même du Ministère, 20 à 25ù des élèves entre en 6ème de Collège sans savoir litre.(Rapport de l 'Inspecteur Général Jean Ferrier)


Vous avez signé l' Appel pour la refondation de l’Ecolehttp://www.refondation-ecole.net/:// mais maintenant, il faut reprendre l'offensive.


Pour ce faire, avec quelques amis nous avons ouvert un site "Les Amis de l’ABC"
[http://www.lesamisdelabc.levillage.org/spip/]]url:http:// destné à permettre à la gauche républicaine la plus large de lutter contre le "pédagogisme" introduit dans l'École française par Edgar Faure en 1969 et René Haby eten 1975.




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