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Un nouveau départ pour la gauche


Intervention de Jean-Pierre Chevènement lors du banquet républicain de Gauche Avenir, à Choisy le Roi, le lundi 5 mai 2008.


La gauche est solidement installée dans le paysage local mais elle ne peut oublier qu’elle a échoué à trois reprises à conquérir le pouvoir d’Etat, à l’occasion des élections présidentielles de 1995, 2002 et 2007. Cette incapacité est-elle rédhibitoire ?

I – La gauche est placée devant un grand défi : la conquête du pouvoir d’Etat.

1. La politique engagée par Nicolas Sarkozy répond à un dessein illusoire : celui d’adapter la France à la mondialisation

L’abaissement du coût du travail est une impasse pour la France comme pour l’Europe. Ce n’est pas de cette manière que nous restaurerons notre compétitivité face à la Chine, l’Inde, etc. On nous donne la politique allemande en exemple. Cette politique de compression des coûts s’exerce au détriment des autres pays européens. Elle est de plus en plus rejetée en Allemagne. La politique de Nicolas Sarkozy ne prépare pas l’avenir. Elle tue la croissance. Elle ruine la solidarité. Elle ne répond pas à l’exigence d’un effort partagé.

2. Cette politique est d’autant plus vouée à l’échec que c’est la mondialisation ou plutôt la globalisation qui est entrée en crise.

a) La globalisation : un phénomène à la fois économique et politique. L’ouverture des marchés aux FMN sous les coups de boutoir des Etats-Unis - la domination absolue des marchés financiers - la dictature de l’actionnariat.
b) Cette globalisation est entrée en crise :
- 1997-98 : crises asiatiques, russe, latino-américaines
- 2000 : bulle technologique
- 2007 : crise des subprimes

• l’échec du FMI et l’autonomisation des pays émergents
• la fuite en avant des Etats-Unis, déficits et endettement interne et externe – taux d’intérêt réels négatifs – chute du dollar.
• augmentation du prix du pétrole
La tentation de la coercition militaire et l’enlisement au Moyen-Orient. Les Etas-Unis vivent au-dessus de leurs moyens – surextention impériale. Le problème posé au monde est celui d’un nouveau cycle organisé autour d’un monde multipolaire et de nouvelles règles du jeu.

3. La crise bat en brèche les postulats libéraux

- libre échangisme ;
- refus des politiques industrielles ;
- intervention des Etats au capital des entreprises

4. Elle ouvre un espace à la gauche pour apporter des solutions

a) Nouvelles règles du jeu à l’échelle mondiale – fourchettes de parité monétaires et rétablissement des capacités d’épargne des Etats-Unis ;
Régulation concertée des échanges internationaux : Afrique – APD – pays émergents doivent accepter les normes sociales et environnementales.
Conférences internationales sur le modèle Bretton-Woods.

b) Au niveau européen – modèle européen
- Gouvernement économique de la zone euro
- Croissance et harmonisation fiscale et sociale
- Rôle déterminant de l’Allemagne
- Rôle de catalyse de la France
- Reconnaissance du rôle des Etats

c) Au niveau national :
- Faire face à la récession
- Politique industrielle : les moyens
- Education – recherche – innovation
- Civisme – science – écologie de l’humanité - culture

5. La gauche française est placée devant un grand défi.

a) Eloignement des couches populaires et absence de projet à la hauteur des défis du temps expliquent l’échec de la gauche aux trois dernières élections présidentielles : 1995 – 2002- 2007.
Le contexte est favorable à la fois pour élaborer ce projet et combler cet écart avec les couches populaires.
Plus qu’une alternance fondée sur le rejet, la gauche doit préparer une alternative sérieuse et durable.

b) Pour autant, il ne faut pas sous-estimer la capacité de rebond de Nicolas Sarkozy. Les droites européennes partout jouent sur les réflexes de peur, en exploitant l’insécurité et l’angoisse devant une immigration mal contrôlée. C’est d’une refondation républicaine dont la gauche a besoin. Ne sous-estimons pas les ressources de la démagogie de l’adversaire.


II – Un nouveau départ pour la gauche.

1. La gauche doit dépasser des clivages obsolètes.

a) Le Congrès de Tours en 1920 : entre la thèse de la prise de conscience démocratique des masses et celle de la conscience importée au sein même de la classe ouvrière par un parti d’avant-garde, l’Histoire a tranché, ce qui ne veut pas dire rejet de la théorie, de la réflexion, de la formation et surtout du débat pluraliste.

b) La création du Mouvement des Citoyens en 1993 a correspondu à un double refus : celui de la guerre du Golfe et de l’alignement derrière l’Hyperpuissance américaine, et celui de l’Europe de Maastricht.
Nos critiques sont aujourd’hui mieux comprises, même si nous savons qu’existent toujours au sein du PS un courant de suivisme pro-américain et un courant européiste qui s’est manifesté récemment par l’approbation du traité de Lisbonne. Mais il existe aussi au sein du PS des courants, qui militent pour l’indépendance et pour la réorientation de la construction européenne.

c) Le souci de l’écologie est aujourd’hui largement pris en compte au sein de la gauche tout entière, même s’il existe au plan théorique, un débat sur la Nature, la culture, la raison critique, la science et le progrès.

d) La République aujourd’hui à laquelle les radicaux sont attachés n’est plus contestée, non plus que le rôle du citoyen, en tant qu’il est une parcelle de la souveraineté populaire, mais aussi un individu libre dont l’esprit critique, formé par l’Ecole laïque est nécessaire à la démocratie. Certes l’exigence républicaine, en tant qu’elle implique la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général n’est pas toujours bien comprise. Mais la notion d’intérêt général ne peut s’affiner que dans le débat, à travers une juste hiérarchisation des intérêts et des niveaux d’appartenance.
Ce qui reste de ces clivages doit pouvoir être résorbé par le débat au sein d’un grand parti de toute la gauche.


2. La création de ce grand parti rassemblant toutes les cultures de la gauche peut et doit être l’électrochoc qui permettra une nouvelle refondation comme la gauche a su le faire à Epinay et à toutes les étapes de son histoire.

a) Ce parti doit être ouvert à toutes les sensibilités des plus radicales aux plus gestionnaires dès lors que la perspective gouvernementale est assumée. Croire aux vertus du débat. Il y aura fécondation réciproque. Vouloir créer un parti révolutionnaire à côté d’un parti social-libéral serait ouvrir un boulevard à la droite.

b) Cela ne veut pas dire que ce grand parti de toute la gauche doive faire l’économie d’une analyse de ce qu’est le capitalisme financier aujourd’hui. Le mouvement socialiste depuis ses origines est inséparable d’une critique du capitalisme de son temps. La création du grand parti de toute la gauche doit se faire sur la base d’une conscience claire des formes inédites prises par le développement du capitalisme : dérégulation généralisée et mise en concurrence des territoires et des mains-d’œuvre – souveraineté des marchés financiers, etc.
De même, l’évolution de la construction européenne nous impose de réaffirmer l’ancrage de la gauche dans la nation républicaine, levier de notre responsabilité au monde, comme l’avait très bien compris et formulé Jaurès en son temps. C’est dans ce cadre que la gauche peut faire vivre les valeurs de citoyenneté, de laïcité et de solidarité et opposer une critique à la fois constructive et sans concession à la politique de la droite qui ne vise qu’à adapter la société française à la globalisation financière.

c) Avant de poser le problème des alliances, il faut savoir soi même où l’on habite.

d) Ce grand parti doit être ouvert, démocratique, pluraliste. Son assiette naturelle est le monde du travail et de la création.

e) Seule la réunion et le dialogue sans sectarisme de toutes les cultures de la gauche et de toutes les forces sociales, à l’exception, bien entendu, des rentiers de la Finance, pourra drainer des centaines de milliers de sympathisants et de militants syndicaux et associatifs qui ressentent le besoin d’un engagement politique nouveau, ailleurs que dans des organisations qui les ont déçus.
Seul un grand parti de toute la gauche pourra capter l’énergie des nouvelles générations. C’est dans ce cadre que pourra être entrepris le vigoureux effort de débat, de mise en commun, de synthèse et de mise à niveau, et, bien entendu, de formation de cadres. Notre pays retrouvera ainsi confiance en lui-même et pourra tourner les pages du sarkozysme pour ouvrir la voie à une nouvelle donne, à l’échelle nationale, européenne et mondiale.


3. Les étapes nécessaires.

a) Je propose que toutes les organisations et toutes les personnalités de gauche et de progrès qui le voudront réunissent dans les départements des Forums de l’unité. Ceux-ci auraient à traiter de quelques sujets-clés :
- l’analyse de la globalisation, de sa crise, et des perspectives qu’elle ouvre ;
- la valorisation du travail dans le contexte de la mondialisation ;
- l’avenir de la protection sociale et de la santé ;
- les enjeux de l’éducation et de la recherche ;
- la forme et les étapes du parti à créer.

b) Ces forums pourraient déboucher sur des Assises de la gauche au printemps 2009.

c) Ces Assises prépareraient un projet clair sur la base duquel s’opérerait un rassemblement qui, dans un premier temps, pourrait éventuellement prendre la forme d’une Fédération anticipant sur le grand parti à créer.
C’est dans ce cadre que pourrait intervenir au plus tard au printemps 2011 la désignation par tous les militants du candidat de la gauche à l’élection présidentielle de 2012.
Ce candidat ne serait pas seul. Il serait porté par un projet collectif et par un élan qu’il nous appartient de faire lever dans le pays sans attendre.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Mardi 6 Mai 2008 à 11:40 | Lu 8669 fois


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51.Posté par josette le 12/05/2008 21:28
à Michel SORIN:

Un mot de votre discours me choque : " des personnalités attirées par une stratégie de gauche"
Vous vous placez donc uniquement dans l'optique de la conquête du pouvoir !
MAIS :
avant la conquête : il faut définir ce que l'on veut faire du pouvoir !
après la conquête : il ne faut pas oublier ce que l'on avait défini !

F. Mitterand avait choisi une stratégie de gauche pour conquérir le pouvoir. A-t-il ensuite gouverné à gauche ?

Les "personnalités attirées par une stratégie de gauche" n'ont rien à faire dans un véritable parti de gauche. Il y faut des gens de gauche tout simplement.

52.Posté par Laurane le 13/05/2008 00:30
Merci, Michel Sorin, ton message, très intéressant, redonne un peu d'espoir (mais j'aimerais que tu précises ce que tu veux dire par "Hollande semble plutôt favorable à une stratégie de gauche", je ne suis pas sûre d'être d'accord).
Excuse-moi si j'ai paru injuste envers JPC. C'est vrai que j'avias oublié de l'indiquer, mais c'était plutôt à cette chère Fourmi rouge que je m'adressais, notamment dans mon dernier paragraphe.

53.Posté par Laurane le 13/05/2008 01:14
@ Elie Arié

Je ne suis pas sûre que notre Sécu soit "structurellement" déficitaire. Après tout la gauche avait comblé le déficit (avec des excédents en 2000 - 2001).
D'après un message très intéressant qui avait été posté sur ce blog, si la part des taxes sur l'alcool, le tabac, les primes d'assurances, les industries polluantes, etc, destinée à la Sécu lui était versée, elle ne serait pas du tout déficitaire (sans parler des stock-options dont l'exonération de tout prélèvement social fait perdre 3 Milliards à la Sécu selon P. Seguin).

D'autre part, selon les données de l'OCDE pour 2004, la situation française n'avait alors rien d'atypique: la part des dépenses de santé dans le PIB y était de 10,5 (Allemagne: 10,6 - Royaume-Uni:8,1) pour une espérance de vie de 80,3 ans (All. : 78,6 - R-U :77,5) et une mortalité infantile de 3,9 pour 1000 naissances (All : 4,1 - R-U : 5,1).

Dans ces données que j'ai sous la main, ce sont les Etats-Unis qui faisaient figure de mauvais élève avec des dépenses de santé par habitants élevées (15,3) pour une espérance de vie plus faible que la nôtre (78,3) et une mortalité infantile relativement importante (6,9).
Je n'ai, il est vrai, pas de chiffres plus récents. La situation a-t-elle beaucoup changé?

54.Posté par Elie Arié le 13/05/2008 09:34
@Lauranne

"D'après un message très intéressant qui avait été posté sur ce blog, si la part des taxes sur l'alcool, le tabac, les primes d'assurances, les industries polluantes, etc, destinée à la Sécu lui était versée, elle ne serait pas du tout déficitaire" C'est un hoax qui traîne depuis deux ou trois ans.

Lorsqu'un système doit faire l'objet d'un plan de "sauvetage du déficit" tous les 2,5 ans depuis 63 ans, on peut dire qu'il est structurellement déficitaire.

Pour le reste de votre post: non, la situation n'a pas changé, et l'originalité de notre AM reste de fabriquer 7 à 8 milliards d' € de déficit par an.

55.Posté par SORIN Michel le 13/05/2008 12:27
Réponses à Josette (51) et à Laurane (52).

1- Ne pas confondre "gens de gauche" et "stratégie de gauche".
2- Notre démarche lie strictement conquête et exercice du pouvoir.

La stratégie de gauche vise à rassembler l'ensemble de la gauche autour d'un projet alternatif au néolibéralisme, en mettant le peuple au centre du processus.

Une stratégie de centre gauche consisterait à faire des alliances avec le centre afin de réformer à la marge le système en place, les classes sociales privilégiées conservant la maîtrise du processus.

Au sein du PS, il existe parmi les dirigeants et l'ensemble des militants une capacité à se tourner vers l'une ou l'autre de ces stratégies selon les circonstances et l'influence d'une ou plusieurs personnalités.

Le cas de François Hollande est caractéristique. Il ne dit jamais où il veut aller, se ménageant habilement toutes les possibilités. C'est ce qui lui a permis de durer à la tête d'un parti verrouillé sur le fond par Jospin. Il se contentait de contrôler le quotidien.

Hollande communique et sent le vent. Fervent partisan d'une stratégie de centre gauche, il a pris ses distances avec les européistes, adoptant depuis quelque temps une posture républicaine. Je le crois capable, avec Stéphane Le Foll, de jouer un rôle décisif dans ce qui va se passer à gauche ces deux ou trois prochaines années.

François Mitterrand s'était mis en situation de rassembler la gauche et il a réussi à conquérir le pouvoir sous la Vème République, ce que personne d'autre, de gauche, n'a fait jusqu'à présent.

Une fois au pouvoir, il s'est heurté aux réalités économiques et financières et a choisi la fuite en avant européenne, pour rester au pouvoir.

Mitterrand n'avait ni la capacité d'analyse du capitalisme, ni les convictions politiques de Chevènement. Espérons que celui-ci aura la possibilité de mettre en oeuvre ses idées et de reprendre ce qui avait été amorcé au début des années 1980.

Michel Sorin







56.Posté par Claire Strime le 13/05/2008 13:47
Tant qu'il y avait le franc, ce déficit était "sain" car créant, d'1 manière tout à fait keynésienne, de la monnaie permettant la relance par la consommation, sans grand danger pour la compétitivité, étant donné qu'à l'époque on produisait français et importait-exportait relativement peu.

Avec le marché unique, Maastricht, le franc fort de Delors-Bérégovoy puis l'euro les choses sont différentes; comment supporter la concurrence d'1 salaire roumain ou slovaque à 300 euros (sécu comprise)?

Heureusement, le grand parti de toute la gauche va nous sortir de ce mauvais pas puisqu'il va adopter le programme suivant:

"Et d’ailleurs, je crois que nous pourrions aller plus loin sur certains aspects de notre texte d’orientation : je propose en particulier, au plan européen, que nous réclamions de revenir sur la primauté du droit communautaire sur le droit national ! J’entends que nous affirmions, aussi, à défaut d’une directive sur les services publics, que la France doit pouvoir faire jouer une clause d’opting out, c’est-à-dire refuser d’appliquer le droit européen pour préserver ses services publics ! Je revendique, que nous puissions suggérer, d’étudier, en tant que de besoin, les scenarii d’un retour aux monnaies nationales, quand les disparités de croissance, d’inflation, de commerce extérieur, rendent l’Euro particulièrement fragile, en même temps que son niveau nous pénalise gravement." (Georges Sarre, 4 mai 2008, CN du MRC, publié sur le site).

57.Posté par BA le 13/05/2008 16:03
Michel Sorin écrit : " Hollande communique et sent le vent. Fervent partisan d'une stratégie de centre gauche, il a pris ses distances avec les européistes, adoptant depuis quelque temps une posture républicaine. "

Mais non ! Au contraire, François Hollande a voté OUI au traité de Lisbonne le 7 février 2008, avec 121 autres députés PS européistes ! La liste des 121 européistes est à cette adresse :

http://www.assemblee-nationale.fr/13/scrutins/jo0083.asp

Le è février 2008, François Hollande a voté OUI à un traité qui contient les articles suivants :

« Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres, et entre les États membres et les pays tiers sont interdites. »

Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne, Troisième partie, Titre IV, Chapitre 4, Article 63, page 93.

« Dans l'exercice des pouvoirs et dans l'accomplissement des missions et des devoirs qui leur ont été conférés par les traités et les statuts du SEBC et de la BCE, ni la Banque centrale européenne, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes de l'Union, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme. Les institutions, organes ou organismes de l'Union ainsi que les gouvernements des États membres s'engagent à respecter ce principe et à ne pas chercher à influencer les membres des organes de décision de la Banque centrale européenne ou des banques centrales nationales dans l'accomplissement de leurs missions. »

Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne, Troisième partie, Titre VIII, Chapitre 2, Article 130, page 136.

« Par l'établissement d'une union douanière conformément aux articles 28 à 32, l'Union contribue, dans l'intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu'à la réduction des barrières douanières et autres. »

Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, Cinquième partie, Titre II, Article 206, page 182.

http://consilium.europa.eu/uedocs/cmsUpload/st06655.fr08.pdf

58.Posté par Laurane le 13/05/2008 21:07
@ Elie Arié

Si la situation n'a pas changé, je suis plutôt contente de vivre en France puisqu'on a de très bons résultats en terme d'espérance de vie et de mortalité infantile. Ce sont plutôt les Etats-Unis qui devraient s'inquiéter.

Sur l'argent que devrait recevoir la Sécu et qui ne lui est pas versé, il y a quand même un problème, si on en croit J. Duval, chercheur au CNRS:
"La Sécurité sociale est privée de certaines recettes qui devraient lui revenir....Ainsi l'Etat, mais aussi certains employeurs privés ne versent pas à la Sécurité sociale la totalité des cotisations qu'ils lui doivent."

Est-ce mes a priori? J'ai du mal à croire que c'est seulement un hasard si la gauche avait comblé le déficit,si la droite le creuse.
Pourquoi augmenter le revenu des médecins beaucoup plus que l'ensemble de la population (et beaucoup plus que le SMIC) si on se soucie vraiment du déficit?
Pourquoi restreindre systématiquement la lutte contre la fraude des employeurs alors que le conseil des prélèvements obligatoires considère qu'elle fait perdre entre 6 et 12 milliards à la Sécu?
Pourquoi exonérer de tout prélèvement social les stocks-options alors que la cour des comptes chiffre à 3 milliards d'euros la perte que cela engendre?

59.Posté par Laurane le 13/05/2008 21:42
@ SORIN Michel

Merci pour tes précisions.
Mais si je pense qu'effectivement Hollande est opportuniste et diplomate, si je crois aisément qu'il ne cherchera pas à imposer une alliance au centre si jamais il sent que cela risque de faire exploser le PS, je ne lui fais aucune confiance pour le reste.

Je ne pense pas qu'il ait une "stratégie de gauche", qu'il veuille un "projet alternatif au libéralisme". Je t'accorde qu'il acceptera sans doute n'importe quel texte s'il le juge nécessaire. Mais ce sera comme le consensus du PS pour un référendum: il nous fera cocu à la 1ère occasion.

60.Posté par Elie Arié le 13/05/2008 22:11
"France puisqu'on a de très bons résultats en terme d'espérance de vie et de mortalité infantile."

Meilleurs que les Etats-Unis, moins bons que le Japon.
Mais, là, on change de débat: la médecine joue très peu dans l'espérance de vie (15% environ). Je crois qu'on s'éloigne du sujet que nous commentons ici.

61.Posté par josette le 13/05/2008 22:37
Entièrement d'accord avec Laurane, post 59

62.Posté par SORIN Michel le 13/05/2008 22:39
@ Laurane

François Hollande n'a pas de stratégie de gauche mais il pourrait s'y rallier dans certaines circonstances, pour des raisons d'opportunité. Nous sommes bien d'accord.

Dans son livre "En quête de gauche", Jean-Luc Mélenchon le présente en précurseur de la ligne "démocrate", dès 1984. Il reste inconditionnel de la construction européenne non réorientée mais il parle aussi de la nation.
J'observe qu'il a pris ses distances avec son mentor, Jospin, et qu'il se garde bien de prendre la moindre position de fond, car il sait, mieux que quiconque, que le PS est dans une impasse stratégique.

@ BA

Merci de rappeler ces infos que je connaissais. Mais la politique n'est pas seulement le choix d'un oui ou d'un non. La réalité est un peu plus complexe.
Voir ma réponse à Laurane.

63.Posté par la fourmi rouge le 13/05/2008 23:31
Bonsoir Tous et chère Laurane,

Mais j'ai essayé d'expliciter et cela a coupé.
Je n'ai rien dit de ce que tu me reprocherais dans ton dernier paragraphe. (?) J'ai dû mal m'exprimer....

1) je suis en phase à 1000% avec les propositions de Jean-Pierre : du premier mot, à la conclusion.

2) par là-même, avec ce que décrypte Michel Sorin

Voilà pour le fond.

3) la critique que j'ai formulée relativement à JLM, tient la route dans ce contexte.
Quand on se trouve dans un camp, avec toutes ses nuances ( pour ma par j'utilise plus particulièrement le mot "les gauches": ce n'est pas vraiment un choix dans la mesure où il s'agit d'un constat basic ), on ne casse pas la bicoque et faire ainsi le jeu de l'adversaire.
En ce sens, Mélenchon ne respecte pas son mandat. Il est au PS, pas dans la garrigue à butiner le pollen du thym !
JLM est incapable de régler le linge sale en famille, comme Cambadélis.

N'a tu pas remarqué à quel point l'électorat de gauche en a marre, marre, marre de ce type d'écarts. Des zéléfans à JLM.

J'ai essayé d'écrire et ce fut coupé :

Ne serais-tu pas outrée si Georges Sarre dans Le Parisien ou le Figaro (bonjour le choix des titres!) et sur le plateau de LCI, tapait comme un sourd sur JPC sous le prétexte d'une divergence les opposant tous 2 ?

4) "on" ne soutiendra personne.... (les unes et les autres dans nos diversités)
Si un terrain d'entente se dessine, "on" travaillera avec le (la) leader du PS, par force, puisque choisi(e) par les militants et l'appareil du PS.

Au moment du Programme commun, les communistes avaient choisi Mitterrand ? et inversement les socialistes avaient-ils opté pour Marchais ? Fabre ?


S'embarquer dans des questions de personnes de toutes façons, est une grosse erreur.
Sauf, le meilleur moyen de ne pas travailler au rassemblement des gauches, sur un projet !

PS:
tout à fait d'accord sur ton post 59

64.Posté par Elie Arié le 14/05/2008 01:48
Petit complément à ma contribution d'hier sur l' Assurance-Maladie:


Il faut préciser que ma contribution d'hier ne portait que sur les principes mêmes de la médecine socialisée et de la médecine régulée par la loi du marché: mais, quand on observe l'évolution de ce dernier, les choses n'en sont que plus inquiétantes.

En effet, quelle est la situation des assurances-maladies privées aux Etats-Unis?

Celles-ci, ayant pour but de faire des bénéfices, ont rationalisé les pratiques médicales: les médecins n'y sont plus payés à l'acte; ils sont tenus d'appliquer les traitements médicaux décidés par les assureurs; les assurés doivent suivre des "parcours coordonnés de soins", c'est-à-dire qu'ils ne peuvent consulter un spécialiste que si le généraliste le demande (et, bien souvent, un généraliste que si une infirmière le juge utile); leur liberté de choix du médecin est limitée aux seuls médecins travaillant pour la compagnie chez laquelle ils sont assurés.

Ainsi, ce sont les assureurs privés américains, et non l' État, qui ont mis fin aux dogmes archaïques du libéralisme médical français: liberté de choix, d'installation, de prescription et des honoraires.

Ils ont imposé une rationalisation des pratiques que l' État, en France, n'a jamais eu le courage d'imposer; les critères ne sont évidemment pas ceux qui sont conformes à l'intérêt général, celui de la santé publique: ce sont des critères de rentabilité financière; mais s'il s'avère que seuls les assureurs privés sont capables de rationaliser les pratiques médicales, ils l'emporteront inéluctablement sur les assureurs publics.

Ce ne serait là que la conséquence logique d'un demi-siècle de démissions de l' État en général, et de la gauche en particulier, face à tous les corporatismes du monde de la santé (qui ne sont pas que médicaux).

Je disais, dans ma contribution, que le système libéral privilégie la liberté, et le système socialisé l'égalité, mais ceci n'est vrai qu'au début; à terme, le système libéral sacrifie la liberté au profit: ainsi aurons-nous perdu, par démagogie et lâcheté, à la fois la liberté et l'égalité, ce qui n'est pas sans rappeler la phrase de Churchill à Chamberlain après Munich: "Vous avez accepté le déshonneur pour éviter la guerre; vous avez le déshonneur, et vous aurez la guerre".


65.Posté par Claire Strime le 14/05/2008 09:54
F.Hollande était le fondateur, avec SR, Mignard, Jouyet,...des transcourants, situés à la droite du PS, qui entreprirent, avec succès, de rocardiser l'essentiel du courant A (mitterrandistes). Il a voté Maastricht, le TCE, le TFUE (Lisbonne).
Ne pa sprendre position aurait consisté à s'abstenir sur le TFUE, c'eut été le minimum minimorum (bien que particulièrement hypocrite) d'1 prise de distance avec les ouiouistes européistes et 1 positionnement tactique pour l'avenir d'1 éventuelle ambition élyséenne. Mais non! Il a clairement choisi son camp (tout comme Delanoë d'ailleurs).
Les dirigeants ouiouistes arrivent aujourd'hui (on verra dans les mois qui viennent si la baudruche béarnaise se dégonfle) à se différencier sur 1 question de 3ème importance, des accords électoraux dans certaines élections avec le Modem (question qui peut-être ne se posera même plus si les Verts se remplument ou si NKM émerge comme principale opposante bourgeoise moderne à Sarko).

66.Posté par BA le 14/05/2008 10:40
Michel Sorin écrit : " Mais la politique n'est pas seulement le choix d'un oui ou d'un non. La réalité est un peu plus complexe. "

La réalité, c'est AUSSI faire des choix clairs.

La réalité, c'est AUSSI faire des choix simples.

Par exemple :

Qui, sur ce blog, serait volontaire pour rejoindre un " grand parti de toute la gauche " regroupant Pierre Moscovici, François Hollande, Elisabeth Guigou, Ségolène Royal, Bertrand Delanoë, Jean-Marc Ayrault, Dominique Strauss-Kahn, etc. ?

Qui serait volontaire ?

67.Posté par josette le 14/05/2008 13:56
Post 66 : PAS MOI !

Par contre, je salue André CHASSAIGNE, aujourd'hui vedette de l'actualité, mais surtout élu particulièrement apprécié de la population dans ma région.
Sa personnalité est nettement plus attirante que celles citées par BA !

68.Posté par helene le 14/05/2008 14:19
A Claire : 65.

Bien évidemment vous avez entièrement raison :

> le plus important étant de faire passer le TUE

I--- Ils (droite et ps confondu) se sont dépêchés de faire ce "sale boulot" en tout début de quinquénat, espérant que les Français qui sont sensés avoir la mémoire courte ,l'oublierait,

Puis ils ont mis en marche le cinéma de l'opposition, car fondamentalement, ils sont pour les réformes que N Sarkozy et Fillon ont lancées.

Je leur dirai donc à ces "opposants", que ce n'est pas aux vieux singes qu'on apprend à faire la grimace (je parle de moi) ;-))

Mais bon, je mets mon écoeurement dans ma poche avec un mouchoir par dessus, parce que j'ai décidé d'attendre l'évolution des vrais gauches.

J'ai écouté Marie Noelle Liennemann sur Bfm (radio), j'ai apprécié ses propos.

wait and see


69.Posté par Laurane le 16/05/2008 21:12
Post 66 : Moi non plus.

J'aurais tendance à préférer l'appel "L'alternative à gauche, organisons-là" qui s'adresse à une gauche "Qui n'oublie plus la nécessité de redistribuer les richesses", "Qui promeuve la construction d'une autre Europe":

http://www.appel-a-gauche.org/://

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