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Jean-Pierre Chevènement face à François Heisbourg dans Le Figaro Magazine


"La France brade-t-elle sa défense ?", face à face Jean-Pierre Chevènement - François Heisbourg, Le Figaro Magazine, samedi 28 juin 2008, page 52.


Jean-Pierre Chevènement face à François Heisbourg dans Le Figaro Magazine
Jean-Pierre Chevènement, président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) a été ministre de la Défense de 1988 à 1991 et ministre de l’Intérieur de 1997 à 2000.
François Heisbourg, conseiller spécial du président de la Fondation pour la recherche stratégique, est membre de la Commission du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale.

Le Figaro magazine - Nicolas Sarkozy a dévoilé la semaine dernière le contenu du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale qui fixe la doctrine militaire pour les quinze ans à venir. Dans un contexte budgétaire difficile, il servira de socle à la prochaine loi de programmation militaire de l’automne…
Jean-Pierre Chevènement :
Le Livre blanc de 1972, c'était la dissuasion. Le livre blanc de 1994, c’était la projection. Et je crains que le Livre blanc de 2008 ne reste que comme celui de l’alignement sur la défense américaine. Toutes les menaces sont mises sur le même plan, sans que soient indiqués la montée de grands pays milliardaires comme la Chine, l'Inde, non plus que le retour de la Russie, ou l’émergence d’autres puissances comme le Brésil, l'Afrique du Sud, le Vietnam, la Corée du Sud ou l'Iran. Les relations entre ces différents pôles ne seront pas forcément pacifiques, défi bien plus marquant en soi que le cyberterrorisme, les catastrophes naturelles ou les pandémies. Je reproche donc au Livre blanc un traitement exclusivement militaire débouchant sur des guerres préventives, avec une regrettable absence d'analyse politique, historique, culturelle du monde dans lequel nous sommes.

François Heisbourg : L'une des grandes innovations du Livre blanc est d’avoir établi une cartographie des menaces et des risques qui n'avait pas été réalisée jusqu’ici, avec, notamment, l’arc allant de l'Atlantique à l'Océan Indien. La prise en compte de l'émergence des états milliardaires que nous avons faite n’implique pas pour autant, ainsi que vous le dites, le principe d’une inéluctable menace. Quant à la fonction de la prévention, elle figure dans la description stratégique française depuis maintenant une bonne douzaine d'années. La doctrine Chirac de prévention des conflits n'est pas la guerre préventive de George Bush, et sans doute faut-il une petite dose de mauvaise foi pour confondre les deux ? Cela étant, je suis d’accord avec votre caractérisation du passé. 1972, c’était la dissuasion, 1994, la projection, dans le cadre d’opérations en coalition : dans notre état des lieux, nous avons constaté que l'intégration de la France au plan stratégique et militaire au sein de l'OTAN s’était pratiquement faite entre 1994 et 2008.

Jean-Pierre Chevènement : Que nous soyons aujourd'hui engagés dans un grand nombre d'opérations sous commandement OTAN n’est rien d’autre que la conséquence à retardement de l'abandon du service national et de la transformation de l'armée française en un petit corps expéditionnaire dont la taille doit encore être réduite. Cette fonction de projection a servi presque naturellement et comme prévu à des coalitions dominées par les États-Unis sur des théâtres d'opérations lointains où nos intérêts ne sont pas forcément engagés - je pense par exemple à la zone pakistano-afghane où le candidat Sarkozy déclarait lui-même que la contribution de la France ne pouvait y être décisive. Nous subissons les conséquences d'une politique militaire de rapprochement avec l’OTAN engagée il y a 12 ans. Reste un pas symbolique à franchir, celui d’une complète réintégration à laquelle je suis opposé, parce que l'Occident est pluriel et parce que, dans un contexte donné, il y a toujours plusieurs politiques possibles. La France doit conserver la maîtrise de sa défense et donc de sa politique étrangère, et je ne puis qu’être inquiet de voir le Livre blanc définir nos intérêts stratégiques de l’arc Atlantique à l’Océan indien. C'est le Great Middle East, cher aux Américains. Dans une alliance globale, nous risquons d’être entraînés dans des guerres qui ne seront pas les nôtres, particulièrement en Asie.

François Heisbourg : Avec l’Atlantique nous sommes très loin du Great Middle East et beaucoup plus près du golf de Guinée, avec les Chinois, les Américains et les Européens qui y rivalisent. Quant à l'Océan Indien, il nous entraîne par-delà le Golfe persique, parce qu'il faut avoir une capacité d'appréciation et, le cas échéant, peser sur les événements liés à ce qui peut se passer en Asie. Il s'agit d'une aire géographique, non d’une prétention globale, et je ne vois pas trace dans notre Livre blanc d’une globalisation où les armées françaises seraient des sortes de supplétifs des États-Unis ! Reste la question du prix ou, au contraire, la prime que peut apporter un retour formel dans l'organisation intégrée. Les conditions de l'époque du général De Gaulle, en 1966, n’ont plus rien à voir avec la réalité d’aujourd’hui. L'OTAN est devenue une organisation à la carte, où chacun choisit de participer ou non aux opérations. Pendant la crise irakienne personne n'a prêté la moindre attention à la différence de statut entre la France et l'Allemagne par rapport à l'OTAN. C’est ainsi que l'Allemagne a choisi, tout comme nous, de ne pas se lancer dans cette absurde et dangereuse aventure.

Jean-Pierre Chevènement : Si la France avait été intégrée en 2003, elle n'aurait pu prendre l'initiative que l’on sait, et la marge de manoeuvre de l'Allemagne aurait été plus que réduite. L'intégration crée un état d'esprit au niveau des états majors. Un entraînement, un conformisme, y compris dans la diplomatie. Aussi bien Nicolas Sarkozy a-t-il tort d’affirmer que dans la mesure où l'Europe centrale et orientale compte sur les États-Unis pour assurer sa sécurité, il faudrait s’aligner sur eux. L’argumentation européenne est spécieuse. La défense européenne n’existe pas, on vise une certaine capacité de projection, pour une dispersion (17 opérations extérieures au total) qui témoigne du manque de vision claire de ce que sont réellement nos intérêts nationaux. Le président Sarkozy, n’ayons pas peur des mots, a choisi la défense américaine de l'Europe. Encore heureux que nous gardions la dissuasion nucléaire, mais on en diminue le format, et en baissant notre garde en matière conventionnelle, on accroit le risque de retournement. Enfin, ce n'est pas en doublant notre budget de l'espace que nous aurons l'équivalent du bouclier spatial américain. Pour ce qui est de la connaissance et de l'anticipation, nous resterons dépendants des renseignements fournis par les États-Unis. La seule chose à laquelle je crois, et qui est positif, c'est le renseignement humain, avec le doublement des effectifs de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ou de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).

Le Figaro magazine : Déplorant les coupes dans les moyens matériels, le général Georgelin, Chef d’Etat Major des Armées, a observé que « savoir sans pouvoir n’est jamais d’une grande utilité ».
François Heisbourg :
Mais le pouvoir sans le savoir, est-ce intelligent ? Je comprends le souci du CEMA, mais il faut profiter du moindre coût des connaissances. Il y a 20 ans, notre premier satellite d'observation Hélios coûtait 2,3 milliards d'euros, aujourd'hui il revient environ au septième du prix initial. Or c’est grâce à Hélios que nous avons pu récuser les Américains dans l’affaire irakienne de 1996. Dans ce monde très complexe, une nécessité se fait jour, celle de la connaissance en amont des évolutions. Le Livre blanc vise à renforcer, voire créer les moyens de l'autonomie et de l'indépendance en matière de connaissance des situations.

Que l’on emploie l’image forte d’une armée française en opération si ratatinée qu'on pourrait la faire tenir bientôt tout entière dans le stade de France, eh bien oui, c'est l'évolution naturelle à l'âge de la mondialisation. Il y a 25 ans, les États-Unis pouvaient envoyer 600 000 soldats dans les rizières d'Indochine. Aujourd’hui, en dépensant sur le plan militaire autant que tout le reste du monde, ils arrivent péniblement à maintenir sur le terrain moins de 200 000 hommes. Pourtant ce n’est pas faute de moyens. L'avantage comparé des états industrialisés n'est pas dans la fourniture d’une main d'oeuvre nombreuse mal payée et sous qualifiée : cela vaut dans le domaine militaire comme dans les autres domaines d'activité.

Propos recueillis par Patrice de Méritens


Rédigé par redaction Chevenement.fr le Samedi 28 Juin 2008 à 22:57 | Lu 7635 fois



1.Posté par Claire Strime le 13/08/2008 11:17
Alerte : Armada US se dirige vers l'Iran

Le menace se précise - rejoignez nous pour empêcher la guerre contre l'Iran !

Au moment même où nous écrivons, l'arrivée de nouveaux navires de guerre étatsuniens marquera le plus grand rassemblement de forces navales depuis la guerre du golfe de 1991.

Les porte-avions USS Theodore Roosevelt et USS Ronald Reagan, avec le navire d'assault amphibie USS Iwo Jima, sont en route vers le golfe persique pour renforcer les forces de frappes US dans la région, en compagne d'un navire britannique et d'un sous-marin français.

Ce mouvement se produit après l'opération Brimstone, un exercice militaire massif impliquant des dizaines de navires de guerre des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France dans l'océan Atlantique en préparation d'une confrontation éventuelle avec l'Iran.

Le USS Roosevelet, qui vient de participer à cet exercice, et l'USS Ronald Reagn rejoindront les deux groupes de navires de guerre dans la zone. (...)

Les navires actuellement en route vers le Golfe sont les suivants :

Carrier Strike Group Nine:

USS Abraham Lincoln (CVN72) nuclear powered carrier with its Carrier Air Wing Two

Destroyer Squadron Nine:

USS Mobile Bay (CG53) guided missile cruiser
USS Russell (DDG59) guided missile destroyer
USS Momsen (DDG92) guided missile destroyer
USS Shoup (DDG86) guided missile destroyer
USS Ford (FFG54) guided missile frigate
USS Ingraham (FFG61) guided missile frigate
USS Rodney M. Davis (FFG60) guided missile frigate
USS Curts (FFG38) guided missile frigate
Plus one or more nuclear hunter-killer submarines

Peleliu Expeditionary Strike Group:

USS Peleliu (LHA-5) a Tarawa-class amphibious assault carrier
USS Pearl Harbor (LSD52) assult ship
USS Dubuque (LPD8) assult ship/landing dock
USS Cape St. George (CG71) guided missile cruiser
USS Halsey (DDG97) guided missile destroyer
USS Benfold (DDG65) guided missile destroyer

Carrier Strike Group Two:

USS Theodore Roosevelt (DVN71) nuclear powered carrier with its Carrier Air Wing Eight

Destroyer Squadron 22:

USS Monterey (CG61) guided missile cruiser
USS Mason (DDG87) guided missile destroyer
USS Nitze (DDG94) guided missile destroyer
USS Sullivans (DDG68) guided missile destroyer
USS Springfield (SSN761) nuclear powered hunter-killer submarine
IWO ESG ~ Iwo Jima Expeditionary Strike Group
USS Iwo Jima (LHD7) amphibious assault carrier with its Amphibious Squadron Four
and with its 26th Marine Expeditionary Unit
USS San Antonio (LPD17) assault ship
USS Velia Gulf (CG72) guided missile cruiser
USS Ramage (DDG61) guided missile destroyer
USS Carter Hall (LSD50) assault ship
USS Roosevelt (DDG80) guided missile destroyer
USS Hartfore (SSN768) nuclear powered hunter-killer submarine

Carrier Strike Group Seven:

USS Ronald Reagan (CVN76) nuclear powered carrier with its Carrier Air Wing 14
Destroyer Squadron 7:
USS Chancellorsville (CG62) guided missile cruiser
USS Howard (DDG83) guided missile destroyer
USS Gridley (DDG101) guided missile destroyer
USS Decatur (DDG73) guided missile destroyer
USS Thach (FFG43) guided missile frigate
USNS Rainier (T-AOE-7) fast combat support ship


Ce déploiement massif signifie que des centaines d'avions équipés d'armes nucléaires, des milliers de troupes et des destroyers capables de lancer des missiles de croisière équipés d'armes nucléaires, des "bunker busters" (briseurs de bunkers) ou des bombes à fragmentation seront prêts à frapper l'Iran. Tandis que la Russie est occupée par la crise en Géorgie, et la Chine avec les jeux olympiques, l'administration Bush pourrait penser que le moment est venu de frapper. Ce déploiement massif intervient au moment où les deux chambres du Congrés se préparent à voter une résolution qui autoriserait le blocus US (considéré comme un acte de guerre selon le droit international).

Le moment est venu d'agir.

traduction rapide pour le Grand Soir

Please sign the petition online at [->http://stopwaroniran.org/petition.shtml]

And please help us get the word out - use the Tell a Friend Link at [->http://stopwaroniran.org/friend.shtml]

Also, in the next few days and weeks, we will be mobilizing in the streets against an attack on Iran. As we write, we are preparing placards, banners, and printed material to take to the Republican and Democratic national conventions. We know that the only force that will stop the warmongers in Washington is a grassroots peoples movement. We need your help to take the message to the conventions and to mobilize for other emergency actions. Please consider making a donation to help with expenses at [->http://stopwaroniran.org/donate.shtml]

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