Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Saïd et la République



Dans Le Parisien de ce jour, 27 novembre : Saïd, 12 ans (le prénom a été modifié), comparait pour 55 délits, devant le tribunal des enfants. Saïd vole des bicyclettes et surtout des portables pour se faire de l’argent de poche. Le cas est malheureusement assez banal. Sa maman qui a quatre enfants ne peut en faire façon. Elle a été elle-même condamnée pour manquement aux obligations de surveillance et d’éducation. Saïd ne va plus à l’école depuis longtemps. Aux magistrats, il déclare : « je n’ai pas treize ans ; on ne peut rien me faire ». Son avocat indique qu’au 25 décembre prochain, date de l’anniversaire de Saïd, les conséquences seront différentes. Mais chacun sait que la prison –qui n’est d’ailleurs pas une solution- n’est possible que pour les crimes. Elle ne l’est pas pour les délits. Jusqu’à seize ans, Saïd pourra donc continuer comme par devant.

J’avais pointé dès 1998 l’inadaptation de l’ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs. En vain. Mais bien évidemment, il ne suffit pas de marquer les limites.

Pour remettre ces « sauvageons » (étymologiquement : arbres non greffés) dans le droit chemin, il faut une éducation voire une rééducation sévère, dans l’intérêt même de l’enfant, qui en l’occurrence doit être soustrait à sa famille puisqu’elle n’exerce plus son rôle. D’où l’intérêt pour les autres de l’Institut de la parentalité dont je propose la création, en vue de fournir aux parents, par le biais des innombrables institutions qui touchent à l’enfance, les repères dont ils ont besoin. C’est aussi cela la République : remettre Saïd dans le circuit. Je l’expliquerai demain soir à Paris (XIème), au gymnase Japy où se tiendra le meeting de lancement de ma campagne.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Lundi 27 Novembre 2006 à 12:50 | Lu 7397 fois



1.Posté par Yves Dappe le 28/11/2006 00:30
Monsieur,

Je suivrai avec intérêt l'ensemble de vos propositions sur ce sujet qui, me semble-t-il, relève plus de l'anomie que d'une classification identifiante (un prénom, par exemple, puisque vous citez un article de presse fonctionnant sur ce mode).

Je suis persuadé que votre engagement tient compte de l'émotion que certainement vous - comme moi - ressentez en réécoutant le vieil enregistrement de Mariane Oswald "Bandits, voyous, voleurs, ch'napans" au sujet des "chasses à l'enfant" dénoncées jadis par Jacques Prévert et le groupe Octobre, à propos de la maison de redressement de Belle-Île.

Sur ce point qui aidera sans doute beaucoup d'entre nous à se déterminer, j'aimerais savoir ce que ceux que vous rencontrez vous disent (sans forcément y attacher de valeur "absolue"), ainsi que ce qui vous animera lorsque vous vous déterminerez sur un projet de loi d'orientation (sachant qu'aux yeux des électeurs, on vous donne ordinairement le rôle du "gnaffron", du repoussoir; ce qui vous laisse peu de temps pour exprimer votre sensibilité).

Il m'arrive de penser que, disposant d'un temps d'antenne très limité et animé par des journalistes trop directifs à mon sens, vous devriez de temps à autre(s?) livrer très sincèrement à la population vos "qualités d'âme" (désolé de ne pas trouver de formulation moins maladroite).

Je vous écris celà parce qu'il devient difficle de chercher une voie de gauche pour s'exprimer au premier tour de notre élection majeure. Et, pendant que j'en entends dire qu'ils ont pour objectif de "gagner, gagner, gagner", je me dis qu'il est mieux de "construire, construire, construire".

Livrez-vous plus que vous ne le faites (si on vous en donne la possibilité, je sais bien); sinon, face à des débris de gauche et des éclats de droite, nous allons nous retrouver au second tour engagés dans un choix Bayrou/ramasse-miettes contre une extrême droite pleine de rancoeur elle aussi...

Veuillez, Monsieur, tenir compte de cette attente.

Yves Dappe






2.Posté par Yves Dappe le 28/11/2006 01:22
Monsieur,

Je suis avec intérêt votre réflexion sur le sujet que vous abordez ici, encore qu'ilme paraisse relever plus d'une certaine "anomie" que de critères "identifiants" (puisque vous réagissez à un article de presse construit sur ce mode).

Je ne doute pas que vous, comme moi, réagissiez avec émotion en réécoutant l'enregistrement de Mariane Oswald "Bandits! Voyous! Voleurs! Ch'napans" qui décrit la "chasse à l'enfant" autour de la maison de redressement de Belle-Île en mer. Toute la difficulté de se déterminer sur une proposition qui n'alimente pas le rejet; rejet des "frileux" qui feraient l'impasse, rejet des "indifférents" qui priviligèreraient leur inquiétude au regard du chemin qu'il faudra parcourir.

J'aimerais savoir deux choses. Tout d'abord ce que peuvent bien vous dire ceux que vous rencontrez (sans pour autant supposer qu'ils soient représentatifs) : y détectez-vous déjà beaucoup de rejet, ou encore une recherche de solution? Ensuite, en ce qui vous concerne, pouvez-vous me dire ce qui vous anime lorsque, dans votre peau de postulant, vous vous déterminez pour des propositions?

Il me semble qu'on vous accorde encore trop peu de temps pour tout dire, et je ne vous blâmerai pas de mettre en avant toutes sortes de priorités; j'ai cependant la conviction que, pour répondre aux questions qui cheminent dans les esprits des Français, vous devriez exposer plus avant vos "états d'âme" (désolé de ne pas trouver une formulation plus correcte).

Nous sommes nombreux à entendre la gauche parler de "gagner, gagner, gagner". Alors que nous aimerions entendre "construire, construire, construire", et il ne vous aura pas échappé que nous sommes patients...

Dans l'état actuel des choses, je pense qu'il est plus utile d'entendre qui est le candidat que d'écouter qui il faudrait qu'il soit. Si vous vous livriez plus personnellement, vous n'éviteriez pas les rejets, mais vous entreriez mieux en relation avec l'électorat. Je vous redis que mon courriel a pour point de départ l'anomie qui dérange notre construction citoyenne comme si l'avenir nous échappait par un tour de passe-passe.

Nous, électeurs qui privilégions la gauche, aimerions sentir que vous venez à notre rencontre, pas seulement avec des dossiers bien ficelés, mais plus individuellement - si on vous en laisse le temps...

J'apprécierais qu'entre une gauche Tréfalgar et une droite thermidorienne vous ne nous laissiez pas nous retrouver devant un choix entre un Bayrou-ramasse-miettes et des électeurs réunis derrière une extrême-droite désespérante.

Vous vous présentez à la présidence de la République: n'hésitez pas à faire valoir votre personnalité: si elle ne plait pas, vous saurez faire peser vos propositions de tout leur poids; mais si elle convient aux attentes de la population, vous nous aiderez à progresser, ce dont nous vous serons reconnaissants.

Salut, et fraternité,

Yves Dappe





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