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Zone euro : l’Allemagne détient la clé


Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Libération, mercredi 14 avril 2010. Si l'Allemagne n'était pas prête à soutenir sa demande intérieure, ce serait l'assurance d'une catastrophe économique et sociale généralisée. Elle ne peut tourner le dos à l'Europe sous prétexte de compétitivité sur les marchés.


Zone euro : l’Allemagne détient la clé
L’accord avec la Grèce auquel est parvenu le Conseil Européen des 25 et 26 mars est fragile. Les marchés financiers peuvent continuer à danser la sarabande. Le sauvetage d’un pays qui ne pourrait plus emprunter sur les marchés financiers n’est prévu qu’« en dernier recours » et à l’unanimité. La Grèce devra donc continuer d’acquitter des taux d’intérêt plus de deux fois supérieurs à ceux de l’Allemagne (6 % au lieu de 3 %). Combien de temps cela pourra-t-il durer ? Surtout l’intervention du FMI – au conseil duquel les Etats-Unis disposent d’une minorité de blocage – reste nécessaire, , à hauteur du tiers des prêts consentis. Et aussi l’accord de l’Allemagne. C’est un système à double clé !

Le résultat n’est pas brillant : chacun sent bien que derrière la Grèce, d’autres pays peuvent se sentir visés. C’est toute la zone euro qui est fragilisée. Madame Lagarde a justement souligné que la politique allemande basée depuis dix ans sur une déflation salariale compétitive et sur un excédent commercial qui se réalise pour plus de la moitié sur le reste de l’Europe, n’était plus soutenable. Certes les cigales méditerranéennes se plaignent que « la fourmi n’est pas prêteuse », comme si elles l’ignoraient quand elles ont accepté les rudes disciplines de Maastricht. Evidemment la zone euro n’est pas homogène : il y a les pays du Nord et les pays du Sud et ce n’est pas la même histoire économique. Ce n’est pas la même culture. Chaque pays a son propre modèle et l’Europe est faite de nations, irréductibles les unes aux autres où les divergences de politique économique redoublent plutôt qu’elles ne corrigent les différences de structures. L’article 125 du traité de Lisbonne interdit l’entraide mutuelle. Etrange conception de la solidarité dans une Europe qui selon la déclaration de Robert Schumann de 1950, devait réaliser « une union toujours plus étroite entre ses peuples ».

En niant les nations, l’Europe de Maastricht s’est construite sur le sable. Au lieu de mettre en place comme le suggérait la Grande-Bretagne, une monnaie commune, réservée aux transactions extérieures, avec les souplesses maintenues entre des monnaies nationales aux parités ajustables, on a décrété, en 1990-91, une monnaie unique rigide qui ne tient compte ni des différences de structures, ni des orientations souvent opposées des politiques économiques.

Ceux qui ont créé la monnaie unique connaissaient pourtant son vice initial de conception. Ils croyaient que celle-ci créerait des convergences entre les politiques économiques. L’euro, avec les bas taux d’intérêt qu’il a d’abord permis, a encouragé l’endettement des Etats. La crise de 2008-2009 a fait exploser les critères du pacte de stabilité. Surtout, les concepteurs de la monnaie unique pariaient sur le développement d’un état d’esprit et surtout d’un budget fédéral. Aucun pays, en fait, n’est prêt à porter le budget européen à la taille d’un vrai budget fédéral. Ce qu’on voit avec l’euro s’observe encore plus dans le domaine de la politique étrangère et de la défense. Il n’y a pas, entre les Européens, de vision commune. Même avec le traité de Lisbonne, l’Europe fonctionne de plus en plus sur le mode intergouvernemental.

Constatons le comme un fait : les peuples européens ne sont pas prêts à faire jouer entre eux le même degré de solidarité qu’ils acceptent en leur sein, tout simplement parce que l’Europe reste faite de nations et n’est pas elle-même une nation. L’Allemagne refuse de payer pour des pays qui laissent filer leurs déficits. Cela peut se comprendre…jusqu’à un certain point. Car ces déficits sont -partiellement- l’envers d’un excédent commercial allemand qui résulte de la déflation salariale pratiquée outre-Rhin depuis dix ans. Celle-ci pèse inévitablement sur la croissance européenne.

Faut-il créer un FME (Fonds monétaire européen) pour remplacer le FMI ? Techniquement, c’est possible par une combinaison de prêts, de garanties d’emprunts et le cas échéant, de sanctions. Mais l’Europe peut-elle substituer au gendarme international qu’est le FMI, un gendarme européen ? L’Allemagne ne le croit pas qui regarde davantage vers l’Est. Il faut cependant la convaincre qu’elle a encore besoin de l’Europe et cela, dans son propre intérêt. Un gouvernement économique de la zone euro est nécessaire, afin d’impulser une politique européenne de croissance au service de l’emploi. Elle seule permettrait à terme de résorber les déficits des pays du Sud.

Pour cela il faudrait que l’Allemagne et les grands pays du Nord de l’Europe acceptent de soutenir davantage leur demande intérieure et de pratiquer une politique keynésienne concertée avec les autres grandes puissances économiques de l’Univers : les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Inde etc. Si l’Allemagne n’était pas prête à soutenir sa demande intérieure, la seule perspective serait celle d’une politique récessionniste dans chaque pays, c’est-à-dire l’assurance d’une catastrophe économique et sociale généralisée, y compris en dernier ressort pour l’Allemagne.

Heureusement il y a des forces puissantes qui peuvent conduire l’Allemagne à revoir sa politique économique : les syndicats, le salariat de ce pays et tous ceux qui comprennent que l’Allemagne ne peut pas tourner le dos à l’Europe, sous prétexte de compétitivité sur les marchés mondiaux. Et puis il y a beaucoup d’autres pays de par le monde - à commencer par les Etats-Unis - qui ont besoin d’une locomotive allemande et européenne puissante. Voilà un sujet pour le prochain G24 qui se tiendra en Corée à la fin de l’année.

A moins d’un éclatement de la zone euro, ii n’y a pas d’issue raisonnable à la crise actuelle en dehors d’un compromis européen et mondial imposé par la « raison des nations ».


Rédigé par Jean-Pierre Chevenement le Mercredi 14 Avril 2010 à 10:49 | Lu 7671 fois



1.Posté par Elie Arié le 14/04/2010 12:32
Pour le dire autrement: une règle est quelque chose qui ne marche que si elle peut s'appliquer à tous.

Le modèle allemand de croissance basée davantage sur l'exportation (essentiellement vers les pays de l' UE) que sur la demande intérieure ne peut pas être généralisé à l' UE: tous les pays de l' UE ne peuvent être des exportateurs exclusifs entre eux, il faut bien que certains importent!

Ça me fait penser à ce prof à qui on demandait quelle était la note moyenne dans sa classe, et qui répondait: "Chez moi, tous les élèves ont une note supérieure à la moyenne de la classe".

2.Posté par BA le 14/04/2010 21:10
Mercredi 14 avril 2010 :

A 18H00 (16H00 GMT), le taux de l'obligation d'Etat grecque à 10 ans est remonté à 7,034 %, contre 6,815 % mardi vers 16H00 GMT, et le "spread" (différentiel avec le Bund allemand à 10 ans) s'est rapproché des 400 points de base, en s'établissant à 390 points contre 367 la veille.


http://www.romandie.com/infos/news/201004141858040AWP.asp


Lundi 12 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 6,637 %.
Mardi 13 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 6,815 %.
Mercredi 14 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 7,034 %.

En clair :

la Grèce doit emprunter à des taux d’intérêt qui augmentent de plus en plus.

La Grèce se surendette de plus en plus.

La Grèce va se déclarer en défaut de paiement.

La zone euro va exploser.

3.Posté par hélène le 15/04/2010 17:24
bonjour Monsieur Chevènement,

On entend de plus en plus parler de "monnaie mondiale" assimilée au Bancor, avec le fmi faisant office de banque mondiale.

Croyez vous que cela soit faisable, et dans ce cas serait ce une bonne chose pour les nations ?

4.Posté par BA le 15/04/2010 21:59
Grèce : le FMI enverra lundi une mission pour discuter d'un prêt.

Le Fonds monétaire international a annoncé jeudi qu'il enverrait lundi 19 avril une mission de ses représentants à Athènes pour discuter des conditions permettant un éventuel prêt à la Grèce, qui traverse une grave crise financière.

http://www.romandie.com/ats/news/100415134601.2cqtu5wr.asp

C'est terminé.

L'Union Européenne est morte.

Maintenant, son cadavre va pourrir.

5.Posté par Garçon le 16/04/2010 03:10
Bonsoir,


Eclatement de la zone Euro ou gouvernance mondiale ?

Le choix est clair me semble-t-il...

Même si cela ne reduira pas nos soucis, au moins serons-nous à nouveau nous même pour affronter l'avenir douloureux qui s'annonce...ET que j'annonce.

Il y a cependant une solution : celle de décréter une autarcie européenne totale à la faveur des prochains "soubressauts" sur les marchés de capitaux. Il faudrait y réfléchir...mais je ne suis pas payer pour ça.

6.Posté par Elie Arié le 16/04/2010 10:03
@ 5 Garçon

Quand près de la moitié des entreprises du CAC40, dites "françaises" (et je suppose qu'il doit en être de même pour les autres pays de l' UE) appartiennent majoritairement à des fonds de pension américains, il est difficile de "décréter" une autarcie européenne.

(PS- Et il n'est pas indispensable d'être payé pour réfléchir...)

7.Posté par BA le 16/04/2010 22:13
Vendredi 16 avril 2010 :

A 18H00, le taux de l'obligation d'Etat grecque à 10 ans est remonté à 7,366 %, contre 7,123 % jeudi et le "spread" (différentiel avec l'emprunt allemand à 10 ans qui sert de référence au marché) s'élevait à 428 points de base.

http://www.romandie.com/infos/news/201004161911040AWP.asp

Lundi 12 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 6,637 %.
Mardi 13 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 6,815 %.
Mercredi 14 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 7,034 %.
Jeudi 15 avril : le taux de l’obligation grecque à 10 ans était de 7,123 %.
Vendredi 16 avril : le taux de l’obligation grecque à 10 ans était de 7,366 %.

8.Posté par Emmanuel le 18/04/2010 15:13
On aimerait entendre M. Chevènement sur les retraites et le COR et la honteuse campagne de désinformation orchestrée par le pouvoir en place et largement relayée par les médias.
C'est intéressant l'euro, le nucléaire etc... Mais les retraites ce sont des choses concrètes pour des millions de travailleurs. Attention à ne pas faire comme le PS !

9.Posté par BA le 19/04/2010 14:23
Plus les jours passent, plus la Grèce doit emprunter sur les marchés internationaux à des taux élevés.

Plus les jours passent, plus la Grèce se surendette.

Plus les jours passent, plus la Grèce s'approche du défaut de paiement.

Lisez cet article :

Les rendements des obligations d'Etat grecques ont atteint lundi vers 11H00 un nouveau plus haut historique depuis l'entrée du pays dans la zone euro, au-dessus de 7,6 %.

A 11H14, le taux de l'obligation d'Etat grecque à 10 ans était à 7,621 %, contre 7,366 % vendredi vers 16H00 GMT, après une pointe à 7,631 %.

Le différentiel ("spread") avec l'emprunt allemand à 10 ans qui sert de référence au marché s'élevait à 455 points de base contre 428 vendredi. Cela signifie que la Grèce doit offrir un surplus de 4,55 points de pourcentage par rapport à l'Allemagne pour emprunter sur les marchés.

http://www.romandie.com/infos/news/201004191145080AWP.asp

Depuis le 15 septembre 2008, nous sommes entrés dans une nouvelle période.

Cette nouvelle période peut être résumée par un mot :

le chaos.

Le voilà, le mot de l'année 2010 :

le chaos.

Attachez vos ceintures.

10.Posté par BA le 21/04/2010 21:09
Mercredi 21 avril 2010 :

A 18H00, le rendement des obligations grecques était à 8,086 %, contre 7,851% mardi soir. Il a atteint en séance 8,3 % alors qu'il évoluait autour de 6,3 % il y a à peine un mois.

Le différentiel ("spread") avec l'emprunt allemand à 10 ans, qui sert de référence sur le marché obligataire, s'élevait à 501 points de base en fin de journée contre près de 520 en séance. Il était à 476 points mardi soir.

Sur le reste du marché obligataire en Europe, les pays périphériques, dont le Portugal, ont souffert dans le sillage de la Grèce.

Les taux longs portugais ont grimpé à 4,711 %, contre 4,616 % mardi soir, faisant craindre une contagion de la problématique de dettes souveraines à d'autres pays de la zone euro.

http://www.romandie.com/infos/news/201004211905080AWP.asp

Lundi 12 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 6,637 %.
Mardi 13 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 6,815 %.
Mercredi 14 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 7,034 %.
Jeudi 15 avril : le taux de l’obligation grecque à 10 ans était de 7,123 %.
Vendredi 16 avril : le taux de l’obligation grecque à 10 ans était de 7,366 %.
Lundi 19 avril : le taux de l'obligation grecque à 10 ans était de 7,618 %.
Mardi 20 avril : le taux de l’obligation grecque à 10 ans était de 7,851 %.
Mercredi 21 avril : le taux de l’obligation grecque à 10 ans était de 8,086 %.

La Grèce fonce vers le défaut de paiement.

D’autres Etats européens la suivront.

11.Posté par Hadrien le 29/04/2010 17:55
Qui ne se souvient de l'empressement avec lequel les chefs d'Etats européens, pendant la crise bancaire révélée par la faillite de Lehmann Brothers, ont fait assaut de garanties, qui de 360 milliards (Sarkozy) pour nos chers banquiers, qui de plus encore (Brown) pour sa chère "City", etc. Il est vrai qu'il ne s'agit aujourd'hui que d'un peuple et d'une nation qui inventèrent la démocratie il y a deux mille cinq cents ans, non de lobbies ayant écoulé par cupidité les iniques contrats "subprime". On peut donc tergiverser pour faire monter la facture des sacrifices auprés des citoyens en évitant de toucher à l'évasion fiscale des armateurs...
Mélenchon a bien raison de mettre les pieds dans le plat!

On dirait que les commentateurs ci-dessus ont déjà oublié notre propre dette de 1500 milliards, ainsi que les faits qui les provoquent, explicités par André-Jacques Holbecq dans son petit livre récent (Argent, dettes et banques):

” Le grand emprunt, ce n’est pas celui de Juppé-Rocard de 35 Milliards d’Euros, mais bien celui en cours, celui que nous avons accumulé depuis 1973.
[…]
Depuis 1973 [Président : Georges Pompidou, ancien banquier fondé de pouvoir de la banque Rotschild], l’article 25 de la loi du 3 Janvier précise :
- Le tresor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France.
Ce qui signifie que notre pays s’est interdit de permettre à la Banque de France de financer le trésor public, c’est à dire de créer la monnaie dont il a besoin pour son propre développement (écoles, routes, ponts, ports, aéroports, hopitaux, bibliothèques, etc.).
Et le traité de Maastricht a entériné pour l’Europe cet état de fait par l’article 123 du traité de Lisbonne, en application depuis peu, qui précise:
- Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux Banques centrales des Etats membres, ci-aprés dénommées banques centrales nationales, d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des Etats membres; l’acquisition directe, auprés d’eux, par la Banque centrale européenne ou les Banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.
En clair, les Etats sont obligés de se financer sur les marchés financiers, en augmentant perpétuellement leur dette à cause d’intérêts…qui ne sont que les conséquences de choix politiques.
[Ainsi], la France s”est obligée d’emprunter sur les marchés monétaires en émettant des obligations auprés des plus riches, des rentiers, et des investisseurs institutionnels (assurances, banques, etc.) [tous privatisés depuis Balladur en 93, jusqu’à Strauss-Kahn/Jospin]…
Au fil des années, cet argent distribué aux plus riches plombe les finances publiques et il faut couvrir par l’emprunt le déficit toujours justement proche du montant des intérêts.
Et, au total, c’est plus de 1300 milliards d’euros d’intérêts que nous avons payé entre 1980 et 2008 !…
Nous avons payé, en 2008, plus de 55 milliards aux préteurs, pour les seuls intérêts et pour une seule année, ce que l’on appelle la charge de la dette publique. Pour vous donner une idée, c’est l’équivalent de mille Airbus A320… ou un salaire net de 18000 euros annuel (salaire médian en France) pour plus de trois millions de personnes [de quoi éradiquer le chomâge]…!
Mais vous pouvez vous demander comment nous arrivons à ce[s] chiffre[s] faramineux? Vous trouverez sur l’adresse ci-aprés le pas à pas du calcul qui nous permet d’affirmer que, si nous n’avions pas eu d’intérêts à payer, nous n’aurions pas de dette:
http://monnaie.wikispaces.com/Arnaque

Certes, André-Jacques Holbecq est, tout comme moi, un citoyen non-financier (ancien pilote de ligne) simplement interessé à faire éclore la vérité sur un sujet qui nous touche tous au plus haut point. Mais pour ceux qui en sont à découvrir les « charmes » de la création monétaire par les banques, et qui en douteraient encore, rien n’est plus indiqué que ce passage de Frédéric London, déjà cité, spécialiste CNRS de la finance:

« On ne peut qu’être étonné – et réjoui – de l’ampleur prise par ce débat, qui a d’abord fait son chemin sur Internet à partir de la vidéo de Paul Grignon, MONEY AS DEBT, mais qui reçoit un fameux coup de main de la crise financière – a-t-on jamais parlé autant qu’aujourd’hui de banques et de liquidités?… Evidemment, le goût du sensationnel en prend un coup sitôt découvert que la conspiration de la création monétaire ex nihilo fait l’objet des enseignements de première année universitaire, à l’occasion desquels la révélation a jusqu’ici provoqué peu d’évanouissements…

Quitte à résumer grossièrement, il semble que l’objet du tumulte tourne autour des éléments suivants:

1. On croyait la création monétaire le fait de l’Etat – l’Etat n’était-il pas réputé battre monnaie? – on découvre que c’est plutôt l’affaire des banques privées.

2. Non contente d’être privée, l’émission monétaire banquaire s’effectue ex nihilo. Or ce qui ne coûte rien à produire (l’octroi des lignes de crédit) est facturé quelque chose (le taux d’intérêt). La chose n’est-elle pas profondément illégitime? Nul ne questionne le privilège de quelques institutions privées, seules détentrices du droit de création monétaire, et encore moins les conditions réelles de leurs profits;

3. Un qui sait combien l’intérêt lui coûte, c’est l’Etat. Le service de la dette publique n’engloutit-il pas bon an mal an l’équivalent des recettes de l’impôt sur le revenu?… Si l’Etat disposait du droit de création monétaire, il pourrait en profiter -lui, c’est à dire la collectivité des citoyens contribuables- et, pour peu qu’il soit raisonnable, réserver sa création monétaire au financement de l’avenir, c’est à dire des biens d’équipement de la nation, le tout bien sûr à intérêt nul, donc avec les économies que l’on imagine.

4. Or il se trouve que les facilités monétaires que lui accordait la Banque de France ont été interdites par la loi de 1973, et que le vérouillage est devenu quasi définitif avec l’article 123 du Traité européen (Lisbonne) qui prohibe fortement toute avance de la BCE aux Etats membres. »

(FREDERIC LONDON: La crise de trop, Fayard, 2009)

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