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"François Hollande se fie aux astres mais cela ne va pas changer substantiellement le niveau du chômage"


Jean-Pierre Chevènement était l'invité du Talk Le Figaro-Orange, mardi 22 juin 2015. Il répondait aux questions de Yves Thréard.


Verbatim express :

  • François Hollande se fie aux astres parce que les taux d'intérêts, le cours de l'euro et celui du pétrole, favorisent une légère reprise de la croissance. Mais cela ne va pas changer substantiellement le niveau du chômage. Je pense qu'il ne faut pas confondre la carte et le territoire, la réalité – 600 chômeurs de plus – et plus la réalité qu'on peut en donner à la faveur de l'inflexion d'une courbe.
  • L'enjeu, c'est la reconquête par la France de sa compétitivité. Le jour où on verra un excédent de notre balance commerciale, là, on pourra dire : nous sommes sur le bon chemin.

  • Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan ont en commun de poser le problème de la souveraineté, et donc de la réorientation de l'Europe. Je ne suis pas contre l'Europe, mais je pense qu'il faut la faire à partir des nations, et il faut la redresser. Prenons l'exemple des migrants : ce n'est pas un commissaire européen, qui a forcément une très mauvaise image, arrogant et tout, de fixer des quotas. Chaque pays doit prendre sa part en fonction de ses spécificités. Sur le plan démographique, il y a des pays qui vieillissent, comme l'Allemagne. Sur le plan économique, il y a des pays qui ont beaucoup de chômage, par exemple l'Espagne. Et puis enfin, il y a la spécificité politique : la France a un vrai problème avec la montée du FN. Il y a un seuil d'intolérance qui se manifeste. Donc il faut un accord intergouvernemental, et distinguer les demandeurs d'asiles et les réfugiés économiques.
  • Je fais appel à tous ceux qui ont un sens aigu de la République, qui ont une vision exigeante de la République, pour offrir une autre politique, qui désarme le Front National, et son électorat de gens en plein désarrois, qui se sont portés sur le FN, dont la venue au pouvoir ne serait pas une bonne chose pour le pays.

    A propos des négociations avec la Grèce sur sa dette
  • On va, selon mon pronostic, vers un mauvais accord : un certain étalement de la dette grecque, mais qui va reporter les échéances sans rien régler. Le vrai problème c'est de mettre la Grèce en situation d'avoir une croissance forte et durable. Pour cela, la bonne solution serait d'avoir un euro-drachme, qui vaudrait 30% de moins que l'euro, et une restructuration des dettes de façon à faire passer son montant de 180% de son PIB à 120%.
  • La politique appliquée à la Grèce jusqu'ici a donné de mauvais résultats. La chute de PNB de 25% est dû à la politique imbécile qui a été préconisée, c'est à dire à une politique simultanée d'austérité dans toute l'Europe. Il serait temps de penser l'avenir de l'Europe d'une manière plus sérieuse.
  • La monnaie unique n'est pas viable, mais une monnaie commune dont l'euro-drachme pourrait être en quelque sorte le signal avancé, serait quelque chose qui permettrait de tenir dans la durée. Ce ne serait pas un démantèlement de l'euro : l'euro resterait comme monnaie commune réservée aux échanges internationaux. Cette construction permettrait, au lieu d'appliquer des politiques de dévaluation interne, des corrections monétaires qui sont indispensables pour corriger les niveaux de compétitivité très différents d'une zone hétérogène.
  • La monnaie unique a été un choix erroné. Quand on se trompe, il faut savoir rectifier.
  • Tsipras vient d'arriver, il a été élu, c'est un problème de démocratie : est-ce que l'Europe veut tenir compte de la démocratie ? J'ai entendu M. Juncker dire qu'il n'y a pas de démocratie en dehors des traités. Dans ce système d'allégeance, la voix du citoyen disparaît.

    A propos de la crise ukrainienne et des relations avec la Russie
  • La crise ukrainienne pouvait être évitée. La responsabilité de l'UE est considérable, parce qu'elle n'a pas analysé le problème dans toutes ses dimensions, et elle s'est laissée manipuler par les Américains.
  • Les sanctions sont aussi contre nous. Nous allons perdre un demi point de PIB à cause de ces sanctions, et l'Allemagne un point ! Nous nous tirons une balle dans le pied.
  • Il serait temps que la France fasse entendre sa voix, et demande la levée des sanctions, parce qu'aujourd'hui c'est l'Ukraine de Kiev qui bloque l'application du volet politique de l'accord, parce que Kiev devait permettre des élections dans un cadre décentralisé, et la Rada de Kiev, c'est à dire le Parlement, s'y refuse absolument, veut d'abord obtenir le désarmement des groupes armés, mais c'est prendre le problème à l'envers.
  • Il faut dialoguer avec Poutine. C'est le bon sens. Ce qui est absurde, c'est de rejeter la Russie vers la Chine.
  • Tsipras ne se solidarise pas, et il a tout à fait raison, avec certains de ses collègues européens, sur cette question. Il est courageux tout simplement.


le Lundi 22 Juin 2015 à 15:42 | Lu 6688 fois



1.Posté par Romain NOUAR le 22/06/2015 17:53
Le préalable c'est le bon diagnostic, et dans le cas présent le bon diagnostic est posé sur la situation du pays et sur les questions internationales.
La suite, c'est la rencontre entre un homme d'état et la partie consciente et déterminée du pays.
JPC est à la fois homme d'état et de caractère.
A nous de bouger.

2.Posté par Claude REISS le 22/06/2015 18:38
A se fier ainsi au sort des astres, le désastre est là!

Il n'est pire aveugle que qui ne veut voir, écouter, sentir!

Le manque de courage est dans la panurgie qui justifie qu'à chanter un hymne au clinquant falsifié, on ne joue plus au Monopoly qu'avec des tricheurs et de la fausse monnaie!

3.Posté par Chantal MIDENET le 22/06/2015 23:37
Une commission chargée par le Parlement grec d’établir un audit des finances du pays estime que les plans d’aide des institutions internationales n’avaient pas vocation à sauver Athènes, mais seulement les banques étrangères.
http://www.liberation.fr/monde/2015/06/19/grece-anatomie-d-une-manipulation_1333377

4.Posté par Angelo Perkill le 24/06/2015 12:39
Au sujet des migrants pourquoi personne ne se pose la question de la responsabilité des USA dans la venue de migrants qui fuient leurs pays entrés en guerre par la faute des USA?
L'Irak, la Lybie, la Syrie... Etc...
Pourquoi les migrants ne sont-ils pas pris en charge par ceux qui sont responsables de leur malheur?
Les USA qui sont un merveilleux "pays, vaste et tout et tout, pourrait bien les accueillir...

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