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Alstom : "Le contrôle du capital doit rester français"


Jean-Pierre Chevènement était l'invité de RMC lundi 28 avril 2014. Il répondait aux questions de Jean-Jacques Bourdin.


Verbatim express :

  • Alstom n'a pas le couteau sous la gorge. Il faut savoir que le groupe a 50 milliards de commandes, 3 ans de plan de charge, une marge bénéficiaire, une rentabilité de 4%. On nous présente le problème comme : est-ce Siemens ? Est-ce General Electric ? Non, le problème ne se pose pas du tout comme ça !
  • Le contrôle du capital doit rester français. Pour moi, il est hors de question que le contrôle du capital passe sous pavillon étranger, qu'il soit américain ou allemand.
  • Je veux dire à Arnaud Montebourg que l'offre Siemens me paraît très déséquilibrée.
  • Le secteur de l'énergie c'est 70% du chiffre d'affaires d'Alstom, et c'est l'avenir, car on aura toujours besoin de l'énergie, et l'énergie est au cœur de l'industrie. Si la France abandonne l'énergie, c'est un pan entier de nos industries d'équipements, c'est tout l'électro-nucléaire qui disparaît.
  • C'est une bien curieuse façon d'engager la « transition énergétique » que de commencer par brader ce qui est notre principal actif !

  • Il y a d'autres solutions. L’État peut monter au capital. L'Etat peut obtenir d'autres entreprises françaises qu'elles montent au capital d'Alstom. Ca peut être Areva, ça peut être Safran, qui fait des turbines pour les avions - c'est une technologie très voisine, et Safran travaille déjà avec General Electrics pour produire le CFM 56, un très gros moteur d'avion qui a beaucoup de succès.
  • Safran a toutes les capacités techniques, financières, managériales pour monter au capital d'Alstom. Naturellement il faut lever des fonds. L'Etat peut y aider, mais il est parfaitement possible d'avoir une solution française, s'adossant ou non à un investisseur extérieur – ça peut être General Electrics beaucoup plus que Siemens dans le contexte actuel, dont l'offre est profondément déséquilibrée.
  • Montebourg est parfaitement légitime à demander du temps. Une entreprise comme Alstom est installée à Belfort depuis 1880 (locomotives), avant de faire des turbines, des alternateurs, des armements... La richesse d'Alstom est constituée de l'effort national depuis un siècle et demi.
  • Ce sont des opérations purement financières visant à faire monter le cours de l'action, et peut être, à délocaliser le siège social, ce qui autorise de plus grandes rémunérations pour les dirigeants – je ne parle pas précisément d'Alstom, mais de Lafarge.
  • L'Etat doit intervenir absolument : c'est le principe d'une politique industrielle. Nous avons perdu l'aluminum, Pechiney, dans des conditions invraisemblables. Le PVC, Arkema, filiale de Total passée sous contrôle étranger, le ciment, Lafarge, l'acier avec Arcelor Mittal, maintenant l'électro-mécanique : mais jusqu'où ne descendrons nous pas ?
  • La France devient insignifiante parce qu'elle l'a bien voulue. C'est la croyance en la France, c'est la volonté de prendre des décisions à l'aune des intérêts de la France qui fait défaut. Nous ne sommes pas le pistolet sur la tempe.
  • Alors qu'on se prépare à donner 35 milliards aux entreprises, sans aucune contrepartie, de manière indiscriminée, aussi bien aux grandes banques qu'aux grands groupes de distribution, alors que nous avons 60 milliards de déficit commercial, on laisserait partir à l'étranger un centre de décision majeur ?
  • Le défaut de compétitivité de l'économie française vient très largement de la surévaluation de l'euro. Elle tient aussi à beaucoup d'autres facteurs, mais dans l'immédiat la France supporte un euro surévalué. Et ce que va procurer aux entreprises le transfert de 35 à 40 milliards d'euros, représente 3 ou 4 centimes de variation de l'euro. Or, pensez que l'euro est passé de 82 centimes de dollar en 2002 à 1,60 en 2006 et aujourd'hui à 1,40 !
  • Le compte n'y est pas, notre politique n'est pas bien calibrée. PMF disait : « il n'y a pas de politiques sans risque, mais il y a des politiques sans chances ».


le Lundi 28 Avril 2014 à 11:18 | Lu 4149 fois



1.Posté par Patrick LENORMAND le 28/04/2014 20:52
Alstom....Encore une fois vous et Mr Dupont-Aignan êtes en total accord ! Ce soir sur BFM BUSINESS NDA l'a dit lui-même. Monsieur Chevènement, je vous en prie, les hommes politiques défendant réellement les intérêts de la France sont si rares ... UNISSEZ-VOUS, IL Y'A URGENCE !

2.Posté par Manuelle Peloille le 28/04/2014 21:13
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Bonjour,
Une page facebook a été ouverte
https://www.facebook.com/sauveralstom

3.Posté par Manuelle Peloille le 28/04/2014 21:14
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4.Posté par Carl GOMES le 28/04/2014 23:21
L'affaire Alstom, qui a failli se conclure ce lundi par une vente à l'américain GE, sans l'intervention de Mr Chevènement - et peut-être quelques autres est très grave.

N'importe qui ayant des notions rudimentaires de technique sait que la turbine est l'élément-clé des barrages hydroélectriques - ou de toute type de centrale électrique (nucléaire, à gaz, charbon, etc...) -. La turbine permet de récupérer toute l'énergie du fluide pour la convertir en mouvement rotatif capable d’entraîner un alternateur. Sans turbine, pas d'électricité.

Les centrales électriques fournissent actuellement 95 % de notre électricité (en France). L'importance du secteur de l'énergie et de l'indépendance énergétique de la France a été considérée comme cruciale à la suite du choc pétrolier de 1973, où les pays de l'OPEP ont fait passer le prix du baril de 2$ à 9$ en l'espace de 3 mois. L'énergie est un secteur vital pour un pays au même titre que la Défense nationale.

Dans ce domaine il est donc urgent de ne pas ce presser! D'autant plus que comme Mr Chevènement le rappelle dans cette video, il n'y a aucune urgence ni pour Alstom, ni pour EDF, ni pour Areva, ni pour personne.

L'ETAT DOIT SE DONNER UN MINIMUM DE 3 MOIS avant de prendre une décision d'une telle importance, engageant la France pour des décennies ou peut-être des siècles . Il est inenvisageable de prendre une telle décision en 2 jours.

5.Posté par Jules DUNORD le 29/04/2014 08:34
Un rapprochement avec Safran (ex : Snecma) est une excellente idée que vous avez lancée, M. Chevènement. D’autant plus que Safran termine en octobre 2014 le regroupement de sa R et D (Recherche et Développement) à Saint Quentin en Yvelines (15 kms au sud de Versailles) sur un campus de 44 000 m2. Un labo de l’école des Mines de Paris s’y implantera (100 personnes). Une entreprise innovante tournée vers la recherche et spécialisée dans les moteurs. Une chance pour Alstom.et la France.

Je doute, comme vous le dites si bien, que F. Hollande ait la capacité intellectuelle de la saisir car sa principale préoccupation est l’emploi dans les 3 ans, après il s’en fout car il sait qu’il ne sera plus aux commandes de la France.

6.Posté par Emmanuel Huyghues Despointes le 29/04/2014 13:22
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Je travaille depuis 20 ans pour la réalisation de projets industriels à l'international, dont pour ALSTOM.
Les fleurons de l'industrie française passent sous contrôle étranger à cause de l'incapacité des gouvernements successifs à générer des pôles financiers nationaux pour garder le contrôle de ces entreprises. Cette incapacité est due à une politique fiscale confiscatoire, unique au monde et que, naturellement, le monde entier nous envie !
Je prends le pari qu' ALSTOM n'est que le début d'une longue série, tant que les princes qui nous gouvernent s'enfermeront dans leur aveuglement.

7.Posté par Jules DUNORD le 29/04/2014 19:02
Vous avez raison, Emmanuel Huyghues Despointes, sur la cause de tous les problèmes de la France : la finance.
Vous avez tort sur la solution : générer des pôles financiers nationaux.

Ceci pour deux raisons :
- nous ne pourrons jamais rivaliser au niveau finance avec les fonds de pensions US qui jouent à la roulette russe avec les retraites des classes moyennes américaines
- et surtout parce que la richesse est créée dans les sociétés par tous les salariés, du balayeur au cadre et non par les requins financiers, vulgaires spéculateurs

Quelles seraient alors les solutions ? Tout simplement se protéger, interdire la spéculation financière et nationaliser les pôles industriels majeurs. De vraies nationalisations, comme l’a fat, en son temps, le Général de Gaule, pas de nationalisation temporaires car il y en a assez de nationaliser les pertes et de privatiser les profits.

Mais rassurez-vous, cela n’arrivera pas de sitôt, car les princes qui nous gouvernent, qu’ils soient du PS ou de l’UMP, sont de connivences avec la finance. « Mon ennemi, c’est la finance », disait F. Hollande et on a vu ce qu’il en est advenu.

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